Cet article sans prétention voudrait premièrement limiter l’avalanche de messages sur la page des commentaires généraux et répondre à Rodolphe mais aussi aux lecteurs qui s’intéressent à la même question posée en titre et qui veut paraphraser la question originale :
« Dieu ne mentirait-il pas par rétention d’informations ? » (du commentaire ici)

Question de démarche

Une approche « simple » vis-à-vis de l’existence de Dieu pourrait en effet peut-être attendre une manifestation plus prégnante de la divinité.
Mais en y réfléchissant plus, le monde spirituel et matériel est ce qu’il est et il nous appartient de cheminer humblement pour découvrir la vérité, nos certitudes voire l’élaboration d’un mode d’emploi sur Dieu ne constituent-ils pas des remparts infranchissables vis-à-vis de la Vérité ?

Sachons prendre le recul nécessaire, nos idées sur Dieu et l’application de nos critères rationnels pour lui dire ce qu’il aurait dû faire ne paraissent-elles pas un tantinet présomptueuses ?

Si on admet l’idée d’un créateur du monde qui nous entoure – puisqu’il s’agit d’en discuter, nous allons au minimum en faire l’hypothèse – nous pouvons mesurer assez facilement l’écart colossal qui nous sépare de ses capacités car nous pouvons nous voir à notre juste taille dans l’immensité de cette Création.
Déjà les anciens étaient subjugués par la force du tonnerre et le nombre d’étoiles, c’est ce qui poussera l’auteur d’un poème biblique à s’écrier :

Quand je contemple le ciel, œuvre de tes mains, la lune et les étoiles que tu y as placées, je dis: « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui? » – Psaumes 8:4

Les découvertes de la science n’ont fait et ne font que renforcer ce sentiment d’admiration et de petitesse de l’homme dans cet univers qui parait infini à nos Yeux !
Paradoxalement certains font de la science un prétexte pour évacuer l’idée d’un Dieu créateur sous couvert de l’avancée prodigieuse des connaissances. Comme si la compréhension des mécanismes institués suffisait à faire glisser l’homme à une position de Dieu sachant tout !
Mais qui, s’intéressant même peu à la cosmologie n’a jamais été saisi de vertige en parcourant les pages d’un ouvrage sur le sujet ou en suivant un reportage sur l’immensité des galaxies en voyant se réduire à ses yeux la Terre maternelle jusqu’à devenir plus petite qu’un grain de poussière ?
N’y a-t-il pas dans ce sentiment une perception qui nous amène tous aux mêmes questions sur notre existence et celle d’un Dieu ?

Alors

pourquoi Dieu se cacherait-il ?

Il serait si simple pour lui d’imposer son existence par des actes miraculeux permanent pour chaque génération !
Sans reprendre l’argument cité plus haut du « qui sommes-nous pour dire à Dieu comment s’y prendre ?», nous pouvons constater avec Francis collins qu’un monde pétri de miracles qui violeraient en permanence les lois de la physique ne serait pas stable ni cohérent1.
Le croyant est pour sa part, lui, déjà comblé par le fonctionnement des lois naturelles car il y voit la manifestation de l’oeuvre divine !

Je laisse de côté la notion délicate du libre arbitre et du fait que Dieu (en tout cas dans ce que nous pouvons en savoir dans la Bible) ne cherche pas à s’imposer à l’homme mais se laisse chercher et trouver volontairement. Il serait cependant bien hasardeux de notre part de caricaturer cette situation en l’assimilant à un jeu de pistes cruel de la part du créateur.  Courte parenthèse, je reprends le sujet principal de la discussion d’origine :

Dans notre monde matériel, nous ne pouvons que percevoir des indices de l’existence de Dieu, seule la foi peut nous ouvrir les yeux sur sa réalité spirituelle.
Quand ces indices sont détournés au profit de nos propres conceptions ou se heurtent aux limites de notre niveau d’acceptation, ils deviennent des prétextes pour renforcer notre préjugé philosophique de départ, rien de plus. Nous passons alors à côté de la porte de la révélation et soulageons notre conscience avec nos raisonnements logiques qui se renforcent à chaque fois que nous trouvons d’éminents « confrères » qui adorent le même Dieu Raison…
Pour le croyant, ces indices constituent le verre à moitié plein (pour reprendre l’image de Rodolphe dans un commentaire récent) d’une vérité transcendante et plus complète que celle restreinte du monde matériel.

De quels indices parlons-nous ?

Par manque de place, je n’en citerai que 2.

Indice 1 : L’ordre et l’extraordinaire conception de notre univers :

Pour enfoncer le clou de mon introduction, suivons l’apôtre Paul qui résume cette pensée que nous trouvons dans la Bible (Romains 1:20)

les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient depuis la création du monde, elles se comprennent par ce qu’il a fait.

Si maintenant nous considérons que tout s’explique par des phénomènes visibles et physiques auto-existant sans même pouvoir résoudre les difficultés d’une origine absolue, nous constatons qu’il s’agit d’un choix philosophique, et non scientifique.
Je ne rentre pas ici dans le débat que propose Paul et qui exprime que cette non reconnaissance de Dieu dans son œuvre de création entraine le propre jugement de l’homme sur lui-même, ce qui explique la dégradation morale de sa situation.

Indice 2 : le témoignage des croyants

Forcément ça se complique, vu la grande diversité du spectre de témoins et le nombre de supercheries, mais c’est un point qui a son importance !

Nombre de lecteurs silencieux de ce blog doivent certainement sourire amicalement en suivant nos échanges au travers de certains commentaires.
Imaginons-nous juste un instant avoir expérimenté personnellement une guérison miraculeuse physique ou psychologique… Ces personnes touchées par la prière (certains instantanément) et mis au contact de la puissance de Dieu on définitivement passé le cap des élucubrations intellectuelles sur Dieu..

L’histoire est parsemée de ces expériences et pourtant ils ne pourront paradoxalement jamais constituer une preuve de l’existence de Dieu, même le miracle de la résurrection du Christ est considérée comme vraie pour les uns et comme une mascarade pour d’autres.. Même si de nombreux faits historiques semblent attester cet évènement. Ah si j’avais pu être là soupirera le sceptique ! Vous savez celui qu’on appelle « Saint Thomas » qui croit à ce qu’il voit ! C’est à celui-là justement que Jésus s’empresse de répondre :

Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru!

– Jean 20:29

Le plus grand miracle pour le chrétien n’est pas forcément un enfreint des lois physiques et ne constitue pas un passage obligé, c’est surtout l’attestation du Saint-Esprit dans son être intérieur, une profonde paix indicible qui le rend inébranlable quelles que soient les circonstances, l’assurance d’une vie après la mort, sa capacité à aimer ou à pardonner alors qu’il devrait haïr ou se venger, etc..

Encore ici, nous ne sommes pas devant des preuves irréfutables pour les autres observateurs car sinon la raison même d’être de la foi disparaitrait.

Jésus fera cette remarque dans ce célèbre récit de Luc 16 qui image le séjour des morts face à la vie éternelle :

S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes [on pourrait traduire, s’ils ne croient pas à la révélation des Ecritures ou de la Bible], ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite

Nous revenons donc au début de notre discussion : Dieu ne s’intéresse pas à se démontrer, il se laisse trouver humblement et individuellement.
Pas de principes indiscutables, juste une histoire de relation profonde et capitale pour finir de remplir le verre à moitié vide pour rebondir à nouveau sur l’image de Rodolphe.

Conclusion

Une autre voie consiste donc à retourner au point de départ, mettre Dieu au défi d’une révélation PERSONNELLE de sa part. Si Dieu a choisi la Bible et l’action du Saint-Esprit comme des moyens sûrs pour s’adresser à l’humanité et que je m’obstine à lui imposer une démonstration visible et rationnelle de son existence, c’est malheureusement perdu d’avance !..

Nous n’avons pas la prétention sur ce site de vouloir démontrer l’indémontrable, mais poursuivons 2 objectifs majeurs :
Pointer vers ces pistes qui nous semblent tellement criantes et cohérentes en marquant bien la différence entre la démarche rationnelle de la science valide dans le domaine du monde matériel et la démarche spirituelle de foi nécessaire pour approcher le divin
Affirmer que le « vivre ensemble » dans nos sociétés passe par l’acceptation des convictions de l’autre, plutôt que d’imposer son propre point de vue, nous sommes favorables au dialogue et au respect des opinions différentes.

De toute manière, ce n’est pas nous qui aurons le dernier mot, nous en sommes bien conscients !

Marc.

PS :
Alors Dieu ne se montre-il vraiment pas, où sommes-nous comme le petit garçon sur notre illustration ?

PS2 :
Il ne faudrait pas que ces discussions masquent d’autres sujets dignes d’intérêt, chers lecteurs, ne manquez pas l’excellent billet de Bruno précédent celui-ci à propos du péché originel : Le péché originel revisité

 

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1 Francis Collins « De la génétique à Dieu » p. 56