Connaître l’histoire de la formation de la terre et de l’univers, savoir comment Dieu s’y est pris pour créer les espèces vivantes peut légitimement paraître à beaucoup comme une préoccupation secondaire pour la foi et sa mise en pratique quotidienne. Pourtant, connaître l’histoire des origines a toujours été une préoccupation profonde chez l’homme. « Dieu nous a aussi donné le désir de connaître à la fois le passé et l’avenir. Pourtant nous ne parvenons pas à connaître l’oeuvre de Dieu dans sa totalité. » (Ecclésiaste 3:11) Les enjeux du débat à propos des méthodes de création divine sont importants à plusieurs titres.

• L’évangélisation de nos contemporains :

Tous les sondages montrent qu’environ la moitié des américains croient que Dieu a créé directement Adam et Eve tel que le décrit une lecture littérale du deuxième chapitre de la Genèse. L’évolution est enseignée dans notre pays depuis tant de décennies. Un élève de terminale scientifique connaît les principes de datation des roches par la radioactivité et a de bonnes connaissances en géologie. Essayer de lui faire croire que la terre a été formée par Dieu en six jours littéraux de vingt quatre heures il y a quelques milliers d’années est un véritable défi pour la raison! Cet étudiant est au courant des preuves génétiques de l’évolution…Dans un sondage CSA paru en 1994, 49% des Français pensaient que « plus les connaissances scientifiques progressent, plus il est difficile de croire en Dieu. » Quelle sera notre réponse ? Créerons nous des obstacles inutiles à l’évangélisation de nos contemporains ?
Augustin (354-430) était conscient du danger de l’utilisation des Écritures pour un autre usage que leur vocation. Serons-nous pris au sérieux quand nous utiliserons la Bible pour parler du péché et du salut en Jésus-Christ si nous faisons un mauvais usage de celle-ci en matière de science?
« Ils mépriseront plus facilement nos livres sacrés plutôt que de désavouer la connaissance qu’ils ont acquis par des arguments irréfutables ou prouvé par les preuves de l’expérience. »
Augustin

• L’image que nous donnons de la foi évangélique dans le monde qui nous entoure.

Notre problème n’est pas de rendre l’évangile acceptable au goût du jour. « Le disciple n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont rejeté, ils vous rejetteront aussi. » disait Jésus. La question n’est pas non plus de réduire la foi à un concept intellectuel purement rationnel. Darrel Falk le dit très bien dans « Coming to piece with science ». La foi chrétienne repose sur des croyances inaccessibles à la raison pure comme l’efficacité de la prière, l’action du Saint Esprit et bien sur la résurrection de Jésus. Cela ne signifie pas que ces croyances soient illogiques car le croyant « expérimente » véritablement dans son quotidien l’action de Dieu, et son entourage devrait être capable de voir un changement très réel dans son caractère ! Accepter l’évolution ne dispensera personne de la nécessité de la foi. Est-il pour autant nécessaire de mettre nos contemporains devant un choix impossible ?  Croire en Jésus ou bien croire en ce que la science nous révèle du monde qui nous entoure et de son histoire. Ces deux modes de révélation de la personne de Dieu ne peuvent être en contradiction. Dans certains milieux universitaires ou intellectuels, cette question de l’hostilité d’un certain nombre de croyants envers les acquis de la science moderne ne rend pas service à la cause de l’évangile.

 Ne courons pas le risque de voir nos enfants se détourner de la foi ou d’être déstabilisés à cause de ces questions.

Aux Etats-Unis, il y a des exemples fréquents de jeunes ayant été élevés dans des milieux évangéliques créationnistes qui ont ensuite rejeté la foi après avoir été confronté à la réalité des preuves de l’évolution à l’Université, le plus souvent en étudiant la biologie ou la géologie J’ai trois enfants. Dés l’école primaire, on leur enseigne l’existence d’hommes préhistoriques…Je ne leur ai jamais caché que je pensais que l’évolution et la Bible était tout à fait conciliables, pourvu que l’on ne fasse pas dire à cette dernière ce que le Saint Esprit n’a pas jugé nécessaire d’y révéler, et pourvu que la science ne sorte pas du cadre qu’elle s’est fixée au départ.

• N’ayons pas et ne donnons pas une image négative de l’activité scientifique et de la communauté scientifique en général.

Il est triste de voir les préjugés qui existent parfois dans les milieux évangéliques concernant l’honnêteté intellectuelle de la communauté scientifique. Beaucoup trop de croyants ont le sentiment que les scientifiques leur cachent la vérité, où plus souvent qu’ils sont victimes d’un aveuglement collectif, conséquence de leur cécité spirituelle…Je ne nie pas que certains scientifiques utilisent malhonnêtement la science pour défendre leurs a priori philosophiques, mais généraliser un tel comportement ou croire qu’il serait intrinsèquement lié à la méthode scientifique serait une grossière erreur de jugement.
En 1997 est paru un sondage dans le magazine « Nature». Le titre de l’article qui l’accompagnait était : « Les scientifiques gardent toujours la foi. »
« Alors qu’il y a 80 ans, l’idée que 4 scientifiques sur 10 ne croyaient pas en Dieu ou à la vie après la mort laissait leurs contemporains abasourdis, le fait que tant de scientifiques croient en Dieu aujourd’hui est également surprenant. »
On a demandé à plusieurs centaines de chercheurs américains reconnus d’exprimer un avis à propos de l’affirmation suivante :
« Je crois en un Dieu qui est en contact intellectuel et affectif (émotionnel) avec les hommes, c’est-à-dire un Dieu que l’on peut prier dans l’attente d’une réponse. Par « réponse », je veux parler d’une réponse plus que subjective ou d’un effet psychologique de la prière. »
40% des participants ont répondu positivement.
45% ne croient pas en un Dieu défini par la précédente proposition.
15% n’avaient pas d’avis définitif sur cette question.
40% de ces chercheurs avaient donc suffisamment de foi pour croire en un Dieu personnel capable d’agir dans la vie quotidienne.
Dans un autre sondage  du CSA effectué en 1994, 50% des chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, France) déclaraient avoir la foi ou quelque chose qui s’en rapproche. 70% s’accordaient à penser que la science ne peut à ce jour exclure ou réhabiliter l’idée de Dieu.

« On a longtemps pensé que la science allait chasser la fonction religieuse, c’était une erreur. » Hubert Reeves (astrophysicien).

• Vivons sans contradiction interne inutile entre notre foi et la révélation
 de l’œuvre de Dieu dans la nature par la science
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En tant que croyant, je ne peux pas me résoudre à séparer mon cerveau en deux. Un hémisphère qui croirait en Dieu le créateur d’un côté, et un autre hémisphère qui étudierait ses œuvres par la science, en totale contradiction avec le premier. J’ai besoin d’une cohérence interne, même si bien sur je sais bien que ma connaissance restera partielle. J’aime beaucoup la définition de la théologie donnée par Alister Mc Grath :
 « Une définition parfaite de la théologie chrétienne est : « prendre rationnellement de la peine à propos d’un mystère. »-en reconnaissant qu’il peut exister des barrière à ce que nous pouvons atteindre, mais en croyant que ce travail intellectuel est nécessaire et qu’il en vaut la peine. Cela signifie simplement être confronté avec quelque chose de tellement grand que nous ne pouvons pas pleinement le saisir, nous devons donc faire le mieux que nous pouvons avec les outils analytiques et descriptifs à notre disposition. En y réfléchissant bien, c’est également le but des sciences naturelles. Il n’est peut être pas étonnant qu’il y ait un intérêt grandissant pour le dialogue entre la science et la foi. »