Article 1 sur un total de 2 pour la série :

L'Eglise et la science


 

Si vous vous rendez sur la dernière page des commentaires généraux, vous aurez une bonne représentation de la diversité de la pensée chrétienne sur la question des Origines encore aujourd’hui.

Merci donc à nos 3 participants pour leurs commentaires qui auront inspiré cette série d’articles.

Il est bien regrettable cependant que l’Eglise ne soit pas capable de plus d’unité sur ces questions, mais nous devons avoir le courage d’aller au bout des discussions dans le respect et l’amour, d’accepter nos différents points de vue et surtout de ne pas être une pierre d’achoppement pour le monde qui nous entoure et qui s’interroge, parfois s’amuse ou malheureusement s’offusque.

 

Premièrement Nublarpark01 nous offre l’approche fondamentaliste (voire un peu plus..) celle d’une lecture littéraliste des textes de la Genèse légitimée par le fait qu’apriori cette lecture était celle adoptée par Jésus et les apôtres, qu’il n’y aurait pas de symboles dans les premiers chapitres de la Genèse. Toute l’humanité descend d’un couple unique, la Bible se lit littéralement, Il affirme : Jésus le croyait,  TOUS LES chrétiens aussi.

La science de toute manière n’accède pas aux miracles de l’Ancien Testament ni à ceux du Nouveau comme la résurrection du Christ, c’est donc une vraie menace pour la foi ! Quand elle nous dit quelque chose de contraire à ce que la Bible nous dit, c’est elle qui est dans l’erreur, comme par exemple la Théorie de l’évolution, et de toute manière avec la science ça change tout le temps donc dans 50 ans on s’apercevra que cette théorie ne tient pas la route, c’est la Bible qui a raison, les espèces n’évoluent pas et tous les humains descendent d’un couple unique placé par Dieu dans un jardin il y a 6 000 ans.

Nous avons donc ici la Bible comme seule source de vérité, inutile de chercher de s’instruire ailleurs, l’inspiration de Dieu n’y étant pas, vous perdez votre temps, passez votre chemin !..

 

D’autres selon la proposition de Papias, tentent de réconcilier les textes bibliques et les données de la science par le biais de l’interprétation. C’est en grande majorité la position de l’église évangélique, même si pour la plupart des chrétiens, la théorie de l’évolution ne reste qu’une hypothèse malheureuse ou à confirmer, on tente de faire concorder les récits bibliques de la création avec ce que nous rapporte la science moderne du développement de l’univers et de la vie, c’est le concordisme scientifique.

 

Bien peu encore, à l’image de ce que propose Théo (et également ce que nous partageons sur ce site) auront franchi le pas d’abandonner tout concordisme entre Bible et science et de considérer le texte biblique juste pour ce qu’il est ou plutôt pour ce qu’il n’est pas : un traité de géologie, de biologie, ou d’astronomie, un livre de science ! S’engage alors un dialogue enrichissant entre les textes bibliques chargés de sens à propos de l’existence, de la place de l’homme dans le plan divin et entre un deuxième livre : celui de la nature qui se découvre par la science, une nature crée par Dieu.

 

Bien sûr il y a plus de variantes que ces seules trois positions au sein de la chrétienté, mais cela va nous permettre de saisir les enjeux autour des rapports Science & Foi et d’essayer de mettre le doigt sur les mécanismes conscients ou inconscients à l’œuvre qui entrent en jeu dans ces discussions qui les rendent parfois si difficiles comme nous avons encore pu en avoir la démonstration dans les derniers commentaires.

Cela a débuté dès l’avènement de la science moderne avec l’affaire Galilée et a trouvé son apogée avec le procès du singe en 1925 aux états unis où l’état du Tennessee interdit l’enseignement des découvertes de Darwin dans les écoles sous couvert d’une lecture littérale de la Bible.

A en juger la véhémence de certains propos sur ce site et ailleurs, les soupçons qui pèsent toujours sur les programmes scolaires touchant à l’évolution (un nombre infime de pasteurs évangéliques donne crédit à ce modèle scientifique), les aberrations scientifiques que l’on peut lire sur de nombreux sites chrétiens, on peut se poser des questions sur le chemin qui a été parcouru en 100 ans par l’église alors que nos contemporains sortent toujours plus nombreux instruits des écoles supérieures…

Pour certains profils scientifiques, il devient parfois quasi impossible de tenir dans une église tellement la pression obscurantiste est forte, voir par exemple ces témoignages sur notre blog qui relatent ces difficultés. (Lydie, professeur de biologieUne conversion  grâce à Science & FoiUn Professeur de Mathématique)

L’église est face à un défi majeur qui consiste à porter une bonne nouvelle auprès d’un public de plus en plus rationnel, instruit et rigoureux.

Foi et raison sont complémentaires, non pas antagoniste, et qui ne nous aurait jamais demander de laisser nos cerveaux à l’entrée de nos églises ou de nos chambres pour prier, méditer ou adorer ?

Nous sommes des êtres entiers et c’est tout notre être qui entre en action dans l’amour du divin. Jésus nous le rappelle par cette invitation profonde (Matth 22 :37 ) :

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ton intelligence.

Aimer Dieu avec Intelligence (grec : dianoia), notre entendement. Nous l’aimons d’une manière intelligible et cohérente avec le monde qui nous entoure. Nous ne vivons pas déconnectés dans un monde factice, la foi et la raison marchent ensemble.

 

Aller vers ce nouveau public, c’est parler son langage, s’instruire comme lui, Paul se faisait juif avec les juifs, grec avec les grecs ; si nous allons à la rencontre de nos contemporains qui sont plein des connaissances de la science moderne notre seule Bible en main, ne nous plaignons pas de ne même pas pouvoir établir un dialogue avec eux. Il me semble que Jésus savait se mettre à la portée de ses interlocuteurs. La difficulté pour l’Eglise contemporaine c’est qu’elle a un effort intellectuel et d’instruction à faire, elle doit payer un prix afin de pouvoir établir un certain contact et parvenir sur un terrain où il est possible d’amorcer une discussion.

Comment voulez-vous être audible quand vous vous présentez devant quelqu’un qui voit des choses visibles, démontrables, que vous ne voyez pas et que vous contestez d’emblée ? Et vous voulez lui parler de choses invisibles ? Vous passez tout simplement pour un illuminé…

 

Dans les prochains billets j’aborderai les différentes approches évoquées ci-dessus, fondamentaliste, concordiste et non concordiste pour essayer d’en dégager les avantages et inconvénients afin d’aider chacun à prendre du recul sur ses propres positions, et essayer de réfléchir à un progrès possible pour l’église d’aujourd’hui dans son cheminement et ses rapports avec la science.

Nous inciterons ainsi à une ouverture au dialogue au sein de l’Eglise mais aussi pour plus d’impact et d’écoute de la part de nos contemporains.


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