Introduction

Nous publierons très prochainement une video sur la manière dont la Terre apparaît dans la Bible, l’occasion pour nous de revenir sur ce principe important de « message véhiculé » illustré dans cet article publié il y a quelques années par le théologien Denis Lamoureux bien connu des lecteurs réguliers de notre site.

Denis Lamoureux est titulaire d’une thèse en biologie de l’évolution, d’une autre en théologie, et d’un diplôme de dentiste. Il est actuellement professeur en science et religion à l’université d’Alberta. Il est un des théologiens évangéliques les plus influents au sein de l’ American Scientific Affiliation qui regroupe plusieurs centaines de chercheurs en science de confession évangélique. Je vous encourage à aller sur son site personnel.

Benoit Hébert.


 

Message: vérités spirituelles sans erreur;
« Véhicule incident »: science ancienne, perspective phénoménologique ancienne

 

Comme je l’ai montré dans un article précédent, la Bible nous décrit un univers en trois parties. L’un des passages les plus importants du Nouveau Testament est l’hymne « kénotique », et cet hymne utilise cette vision de la structure du cosmos. En soulignant le fait que Dieu s’est dépouillé lui-même (en grec kenoō: se vider, se déverser) et s’est abaissé au niveau des humains dans la personnes de Jésus, Paul écrit :

“Comportez–vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ : lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au–dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, [1] dans les cieux, [2]  sur la terre et [3] sous la terre, et que toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père.” (Philippiens 2:5-11)

Les peuples anciens voyaient le monde comme étant constitué de trois niveaux physiques. Malheureusement, les différentes versions de la Bible ne traduisent pas pleinement le mot grec original. « Sous la terre » devrait être traduit par « le monde souterrain ». En fait, le mot grec katachthoniōn dans ce verset fait référence aux êtres en dessous (kata) dans le chthonien  (chthovios) ou monde souterrain. Une traduction plus précise et plus littérale de ce verset est : « qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, celui des êtres dans les cieux, de ceux sur la terre et de ceux dans le monde souterrain. » (cf., Matt 12:40; Eph 4:9-10; 1 Pierre 3:19). Pour les auteurs bibliques, le monde souterrain était aussi réel que les cieux au dessus de leur tête et que la terre sur laquelle ils marchaient.

Alors, comment les chrétiens modernes devraient-ils interpréter Phil 2 ? Lorsque Paul a écrit ce passage, il comprenait la structure de l’univers à partie d’une perspective phénoménologique ancienne (par opposition avec notre perspective phénoménologique moderne). En observant le monde avec seulement les sens physiques, la plupart des gens de l’époque acceptaient l’idée que le cosmos était littéralement constitué de trois parties. En d’autres mots, cet apôtre, sous l’inspiration du Saint-Esprit a utilisé la science de sa génération pour déclarer un message de foi : Dieu s’est incarné dans un homme en la personne de Jésus et est devenu un serviteur, et le Père a fait de lui le Seigneur de la création toute entière. Il se trouve que lorsqu’il a écrit cette lettre aux philippiens, l’univers en trois parties correspondait à sa compréhension de la construction du monde, ainsi qu’à ses auditeurs. De cette façon, la science ancienne a servi de véhicule à de la théologie divine dans l’Ecriture.

Le diagramme ci dessus présente le principe du « message véhiculé » utile pour l’interprétation des passages bibliques faisant référence au monde physique. Cette approche soutient que dans le but de révéler des vérités spirituelles infaillibles le plus efficacement possible aux peuples anciens, le Saint Esprit a utilisé leur perspective phénoménologique de la nature. C’est à dire que plutôt que de distraire ou de produire de la confusion chez les auteurs bibliques et leurs lecteurs avec des concepts scientifiques modernes, Dieu s’est abaissé à leur niveau et a employé la science de l’époque. De la même façon que dans Phil 2, le Créateur s’est humilié au travers de l’utilisation d’idées humaines anciennes à propos de la nature dans le processus de révélation. C’est pourquoi, les passages bibliques faisant référence au monde physique présentent à la fois un message spirituel véhiculé par de la science ancienne. Selon ce principe d’interprétation, l’infaillibilité biblique est à chercher dans la théologie divine, et pas dans les affirmations faisant référence à la nature. Qualifier la science ancienne de « véhicule » n’implique pas qu’elle n’a pas d’importance. La science dans l’Ecriture est vitale pour transporter les vérités spirituelles infaillibles. Elle est utilisée comme un « récipient », une coupe qui fournit les « eaux vives » (Jean 4:10). Pourtant, ce véhicule « incident » n’est pas ce qui est important en soi, ce n’est pas le message. Ce qui est important, c’est que Jésus est Seigneur sur tout l’univers. Amen !

Pour en savoir plus sur ce principe d’interprétation, vous pouvez lire I Love Jesus & I Accept Evolution (2009),  de Denis Lamoureux,  pages 44-50 et aller sur son site.

L’article original en anglais a été écrit pour le site de la fondation BioLogos. Vous pouvez le lire en cliquant ici.

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