Le samedi 16 janvier s’est tenue la 8e journée annuelle du Réseau des Scientifiques Evangéliques. Le thème de cette année était : «  De nouveaux arguments scientifiques pour la foi ? »

Par rapport aux années précédentes, on peut dire que ce thème a eu un certain succès.

 

La journée a été introduite par une réflexion biblique de Micaël Razzano autour du psaume 19, puis nous sommes rentrés dans le vif du sujet avec un premier exposé de Sylvain Bréchet intitulé

 Le fine-tuning cosmologique : argument pour un créateur ?

L’argument peut-être présenté de cette manière :

  1. Si la valeur de certaines constantes physiques, de certains paramètres cosmologiques ou de conditions initiales de l’univers n’était modifiée ; ne serait-ce que de manière infime, le cosmos serait chaotique et la planète Terre deviendrait inhabitable pour l’homme.
  2. Il est plus probable qu’un tel ajustement résulte de la volonté d’un Être transcendant que du hasard

A titre d’exemple, Sylvain Bréchet a pris plusieurs illustrations :

  1. Si le rapport entre la force de la gravité et la force électromagnétique variait d’un facteur 10-40 les atomes, tels que le carbone, qui sont indispensables à la chimie de la vie, ne pourraient pas se former.
  2. Si la constante cosmologique différait d’un facteur 10-55 aucune grande structure du cosmos ne pourrait se former ce qui rendrait l’existence de la vie impossible.
  3. La probabilité pour que les conditions initiales de l’univers correspondent aux observations est de 10 puissance -10123

 

Les Arguments Cosmologiques

Nous sommes ensuite passés à de la philosophie avec Alexis Masson qui nous a présentés les  «arguments cosmologiques ». On qualifie de  « cosmologique », un argument en faveur de l’existence de Dieu qui s’appuie sur l’univers lui-même, l’idée étant que l’univers ne suffit pas à expliquer sa propre existence et qu’il faut donc faire intervenir une cause extérieure.

Alexis a présenté trois arguments cosmologiques :

 

1) L’argument du commencement, que l’on appelle aussi « argument du kalam ». A l’époque contemporaine, il a été défendu par William Lane Craig :

  1. Tout  ce qui a un commencement a une cause
  2. Or l’Univers a un commencement
  3. Donc l’univers a une cause (Dieu)

 

2) L’argument de la contingence, qui est surtout associé au nom de Leibniz. Il est repris aujourd’hui par des philosophes comme R. Gale et A. Pruss.

  1. Tout ce qui existe a une raison qui explique son existence et sa manière d’être
  2. Ou bien une chose est nécessaire et sa raison réside en elle-même ; ou bien elle est contingente et sa raison réside hors d’elle-même
  3. Or l’univers n’est qu’un ensemble de choses contingentes
  4. Donc il doit avoir sa raison en un être nécessaire (Dieu)

 

3) L ’argument de la complexité, qui est actuellement défendu (sans être nommé ainsi) par Richard Swinburne

  1. Ce qui est simple a plus de probabilité de se produire que ce qui est complexe
  2. Or Dieu est plus simple tandis que l’univers est complexe
  3. Donc Dieu a a priori plus de chance d’exister que l’univers
  4. Il est plus probable qu’un effet ait une cause plutôt que non
  5. Si Dieu existe, il est très probable qu’Il crée l’univers
  6. Sans cause, il est peu probable que l’univers existe
  7. Or l’univers existe
  8. Il est donc très probable que Dieu existe en tant que cause de l’univers

 

La fiabilité des évangiles

La troisième intervention était celle de Jacques Buchhold et portait sur la fiabilité des évangiles. Alors que les exégètes contemporains proposent des datations tardives pour la mise par écrit des évangiles, Jacques Buchhold montre que les découvertes de Qumran permettent d’envisager une mise par écrit beaucoup plus précoce.

La communauté de Qumran a été fondée au IIe siècle av. J-C. par un mystérieux « Maître de Justice ». Or nous disposons d’écrits contemporains de ses disciples, et peut-être même d’écrits du Maître de Justice lui-même.

Cela prouve que contrairement à une idée très répandue, l’importance de l’oralité n’empêchait pas nécessairement une mise par écrit précoce des enseignements d’un maître.

A partir de ce constant, on peut facilement supposer que des disciples de Jésus aient directement pris note de ses enseignements pour les consigner ensuite dans ce que nous appelons actuellement les évangiles.

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La quatrième intervention était celle d’Emily Burdett, mais je la laisse de côté car Joël Montbrun qui m’accompagnait en parlera dans un article à part entière.

 

l’argument évolutionniste

Enfin, dans la cinquième et dernière intervention, Roger Pouivet nous a présenté l’argument évolutionniste d’Alvin Plantinga.

Pour ce philosophe protestant contemporain, si le naturalisme est vrai, alors la probabilité que l’évolutionnisme soit vrai est très faible. Rien dans l’évolution décrite n’encourage à penser que nos facultés cognitives sont, doivent et même peuvent être fiables.

Or si elles ne le sont pas, rien ne permet de penser que nous ayons découvert des vérités scientifiques, à commencer par celle que nous évoluons. En effet, parvenir à la vérité ne garantit en rien la survie dans une situation de sélection naturelle. Du coup, nous n’avons plus aucune raison de penser que nos meilleures théories scientifiques soient vraies.

L’argument est assez complexe, mais très intéressant, car il renverse une idée couramment admise selon laquelle la théorie de l’évolution conduirait nécessairement à l’athéisme. Ici, au contraire, il montre que cette même théorie peut aller dans le sens du théisme.

 

Conclusion

La journée s’est ensuite conclue par une table ronde. Le thème de l’année prochaine a déjà été annoncé : il sera question du déluge. Un sujet qui s’annonce tout aussi passionnant.