Merci à la fondation BioLogos d’avoir publié aujourd’hui mon article à propos du débat sur les origines dans la communauté évangélique française sous le titre « France’s Own Evolution Debate ».

http://biologos.org/blog/frances-own-evolution-debate/

La fondation biologos a été fondée par Francis Collins, ancien athée et chrétien évangélique, ancien directeur du « Human Genome Project » et actuellement directeur des « National Institutes of Health » aux EU. La fondation est aujourd’hui dirigée par Karl Giberson et Darrel Falk, scientifiques et auteurs de confession évangélique. Ils sont épaulés du point de vue théologique par Pete Enns, théologien bien connu dont vous avez déjà pu apprécier les articles sur le blog création et évolution. Le blog de la fondation BioLogos est devenu en quelques mois le point de ralliement des théologiens évangéliques favorables à l’évolution et des scientifiques évangéliques qui réfléchissent à ces questions.

Pour les lecteurs francophones qui ne comprendraient pas la langue de Shakespeare, je traduis le contenu de mon article :

Quelques mots à propos de la question de l’évolution dans la communauté évangélique française, à propos des similarités mais aussi des différences avec la situation américaine. En France, les évangéliques représentent moins de 1% des 65 millions d’habitants. Dans les média, la perspective créationniste a été largement débattue. Bien des fois à la TV ou dans la presse, les évangéliques ont été caricaturé comme des fondamentalistes hostiles à l’évolution, tout particulièrement au cours de l’année 2009, « année Darwin ».

D’autres articles plus positifs ont aussi été publiés à propos de la communauté évangélique active et en croissance. En fait, le « débat » est principalement focalisé sur des questions d’éducation. Contrairement à la situation américaine, le programme scolaire en biologie est le même pour tous les enfants, et il est arrêté par des biologistes de métier. Il n’y a pratiquement pas d’école privée évangélique et l’enseignement à la maison est très limité (contrairement à la situation aux EU). Lorsque les élèves français quittent le lycée, beaucoup d’entre eux ont une bonne connaissance en géologie (théorie de la tectonique des plaques, datation par la radioactivité, le registre fossile) et en biologie (génétique)…et sont bien au courant des preuves convergentes de l’évolution des espèces. La plupart des enseignements sont neutres en ce qui concerne les conséquences « religieuses » de l’évolution, mais certains l’utilisent comme un outil contre le christianisme, la plupart du temps sous la forme de plaisanterie ou de petites remarques.

La méthode de création n’a jamais été une source importante de discussion pour les évangéliques français. Depuis Darwin, plusieurs d’entre eux ont considéré que l’évolution était la méthode choisie par Dieu, comme James Orr ou B.B. Warfield (deux théologiens théologiquement conservateurs américains du 19ème siècle). Le créationnisme de la « terre ancienne » est probablement la forme la plus répandue. Pourtant, l’influence créationniste a grandi lorsque des missionnaires américains sont venus en Europe durant la période de la guerre froide. Aujourd’hui, une communauté créationniste est active en France, en Belgique, en Suisse et au Québec. Internet a été pour eux un outil puissant.

En 2009, six biologistes évolutionnistes influents ont organisé une tournée nationale de conférences intitulée « Evolution ??Evolution !! » Les professeurs de biologie étaient tenus d’y assister. Le but de ces conférences était de donner à chacun des arguments contre le créationnisme et le mouvement de l’Intelligent Design. Les organisateurs étaient tout aussi préoccupés par le mouvement créationniste musulman qui grandit (la communauté musulmane rassemble environ 3 500 000 personnes en France). L’Atlas de la Création de Arun Yaya avait été envoyé gratuitement dans les écoles secondaires, un vrai scandale dans la communauté scientifique.

Dans ces conférences, les arguments créationnistes chrétien et musulmans ont été mis au même niveau. Les conférences étaient neutres d’un point de vue religieux. Armand de Riqlès du Collège de France déclara : « Il n’existe aucune difficulté particulière, me semble-t-il, à ce qu’existe un dialogue de nature scientifique entre les « theistic evolutionnists » et les « materialistic evolutionnists »… dans la mesure où les « théistic evolutionnists » acceptent le matérialisme méthodologique, cadre de la science.  » Amen !!

Mais lorsque j’ai demandé devant les quelques centaines d’enseignants rassemblés pourquoi le livre de Dawkins Pour en finir avec Dieu figuraient parmi les ouvrages recommandés par les organisateurs, et pas celui d’un évolutionnistes évangélique théiste Francis Collins : The Language of God, j’ai ressenti un certain embarras dans la réponse.

Le samedi 23 janvier 2010, le réseau des scientifiques évangéliques, créé deux années auparavant s’est rassemblé pour parler pour la première fois de l’évolution. Tous les intervenants étaient favorables à l’évolution. Le plus important est que Henri Blocher, le plus connu des théologiens français (auteur de La révélation des origines) a pris la parole très positivement à propos de la compatibilité entre l’évolution et la foi évangélique.

Je pense que c’était un jour historique pour la communauté évangélique française. Nous sommes maintenant à un carrefour. Jusqu’à présent, les créationnistes ont été plus actifs que les chrétiens favorables à l’évolution. Notre site www.scienceetfoi.com et notre blog existent pour aider les gens à discuter dans un esprit paisible, « autour d’une tasse de café » comme le dirait Darrel Falk. J’ai récemment eu l’occasion de parler à certains pasteurs de ma propre dénomination en leur expliquant les preuves solides en faveur de l’évolution. Les réactions ont été très positives. En fait, les pasteurs sont à la recherche de réponses théologiques. La fondation BioLogos jouent un rôle très important en montrant que dans un pays leader au niveau de la recherche scientifique, beaucoup d’évangéliques sont en train de « remplir le fossé entre la foi et la biologie » (allusion au titre du livre de Darrel Falk « bridging the gap between science and faith)