Introduit par notre collaborateur Antoine Bret auprès des responsables de la Faculté de Théologie SEUT à Madrid, j’ai eu le privilège d’y apporter la conférence thématique de la « Classe Ouverte » qui y est organisée chaque année. Cette manifestation est plus particulièrement destinée à une rencontre entre professeurs, étudiants et personnes intéressées par l’étude de la théologie.

Bien que la Faculté soit actuellement installée dans un bâtiment annexe, la conférence se déroulait dans la chapelle du bâtiment historique actuellement occupé par un collège protestant.

Comme les responsables de la Faculté avaient appris que je travaillais sur la pertinence de la doctrine du péché originel tel qu’initié par Augustin, le thème de la conférence était « ¿Es la cruz de Cristo realmente la respuesta al pecado de Adán? » (« La croix du Christ est-elle réellement la réponse au péché d’Adam »)

Parfait bilingue, le professeur Pedro Zamora Garcia (l’ancien doyen) assurait une traduction simultanée que les participants pouvaient suivre avec des écouteurs. Mais comme il m’avait envoyé la traduction de mon texte en espagnol, j’avais pu réaliser une présentation Ppt pour faciliter le suivi de la conférence.

Le doyen Pablo de Felipe Fernandez assura l’introduction de cette manifestation en rappelant le rôle de la faculté, ses rapport avec la « Fondacion Federico Fliedner » et son rôle personnel de coordinateur avec le « Centro Ciencia & Fe » : l’occasion de préciser que c’était plus particulièrement au titre de membre de « Science & foi » que je prenais la parole… Ce que je n’ai pas manqué de confirmer dans mon introduction en faisant brièvement part de nos activités et de nos projets en Francophonie. (Pablo m’avait déjà fait part du bon souvenir qu’il gardait des entretiens qu’il avait eus avec Benoit Hébert, Marc Fiquet, Pascal Touzet et Bruno Synnott  lors de rencontres internationales à Oxford ou à Boston.)

En ce qui concerna ma conférence proprement dite, elle développait succinctement les onze points suivant :

  1. Quand on oublie les leçons de l’Histoire
  2. Quand l’autruche sort la tête du sable
  3. Quand on assimile la Tradition à la Bible
  4. Quand les enfants sont punis pour leurs parents
  5. Quand chacun est responsable pour lui-même
  6. Quand on découvre l’origine d’un dogme
  7. Quand Paul nous donne la clef de lecture
  8. Quand Romains 5.12 devient un prétexte
  9. Quand Rom 5.18-19 soutient la théologie libérale
  10. Quand on se heurte à un mystère
  11. Quand on a plus de questions que de réponses

Elle fut notamment l’occasion de rappeler qu’il n’est pas question de remettre en cause l’inspiration et l’autorité des  Écritures, mais seulement d’apprendre à mieux les lire…

L’occasion de faire remarquer que, bien plus qu’une origine du monde remontant à 13,8 milliards d’années, c’est l’évolution des espèces par spéciation qui pose un problème à beaucoup de chrétiens…

L’occasion de s’étonner de l’origine d’un dogme fondé sur la nécessité de baptiser les enfants pour leur épargner les affres de la perdition éternelle.

De suggérer que le péché d’Adam, tel que décrit dans la Genèse ne fait que nous renvoyer à nos propres péchés, ceux qui justifient vraiment la Rédemption en Jésus-Christ…

Et finalement, de montrer que le péché originel, tel que formulé par Augustin, reposait sans doute sur la version tronquée de Romain 5.12-25, tel que dans la « Vetus Latina », car ce brillant latiniste ne maîtrisait pas du tout le grec de l’original.

La conférence s’est conclue par une réflexion du professeur Avelino Martinez qui apporta une brillante contextualisation de mon propos en définissant l’atmosphère théologique et apocalyptique de l’époque paulienne (se référant notamment à 4 Esdras). Réflexion qu’il conclut par une série de questions ouvertes qui prouvaient que nous étions parfaitement en phase, tant sur le fond que sur la forme du thème de ce jour qu’il qualifia de « suggestif et provocateur ».

La manifestation s’est terminée par un temps de question et de réponses où plusieurs participants me demandèrent notamment de revenir, pour mieux la définir, à ma lecture inhabituelle de Romains 5.12 et 18-19 : versets qui, sans surprise, demeurent et demeureront le point d’achoppement du rapport supposé exister entre la Rédemption du Christ et le « péché originel », prétendument transmis par Adam à l’ensemble de l’humanité.

Ce que je retiens ? Malgré mon anglais très approximatif – où est le bon temps ou le français était la langue diplomatique ? – tous les échanges que j’ai pu avoir avec les membres de cette faculté évangélique nous ont trouvés en parfait accord. À travers les échanges que Françoise et moi avions eu avec Isabelle et Antoine Bret – remarquable spécialiste de la paella ! – il ressortait pourtant que la mouvance évangélique espagnole et les caractéristiques de ses diverses branches soient très proches des nôtres en France et Belgique. Ce fut donc une très agréable surprise de rencontrer des responsables de haut niveau théologique nullement effarouchés par leurs rapports avec la science actuelle. Un pan entier de la bibliothèque de Pablo y est d’ailleurs consacré ! – Je me suis fait un devoir d’y ajouter nos publications en français ! – Tous les professeurs que j’ai rencontrés ont souhaité que notre collaboration ne s’arrête pas là… C’est donc avec plaisir, qu’en leur nom, je passe le relai à l’équipe de Science & Foi !