L’un de nos objectifs est de convaincre les croyants qu’ils n’ont rien à craindre pour leur foi si Dieu a choisi un mécanisme naturel tel que l’évolution comme mode de création et de diversification de la vie sur la terre. Notre Dieu est souverain sur tout l’univers et Il agit comme Il l’entend.

L’Intelligent Design, son histoire, ses leaders

Le mouvement de l’Intelligent Design s’est développé aux USA au début des années 1990 sous l’impulsion de Phillip Johnson, un professeur de droit de l’Université de Berkeley, chrétien de confession. Son livre : Darwin on Trial (1991) a posé les premières fondations du mouvement. Ce mouvement est opposé à l’évolution telle que Darwin l’a décrite. En lisant L’horloger aveugle de Richard Dawkins, Johnson est choqué par la manière dont Dawkins utilise la théorie de l’évolution pour justifier son athéisme militant. L’initiative de Johnson est donc en grande partie une réaction face à cette utilisation malhonnête d’une théorie scientifique pour justifier le naturalisme philosophique. Le but est de l’I.D. est de mettre en évidence « scientifiquement » des exemples d’organismes vivants dont la complexité ne pourrait pas être expliquée par des mécanismes graduels évolutifs. De tels exemples prouveraient donc la nécessité d’une intervention extérieure à l’univers, celle du « designer », sans que l’I.D. se prononce sur l’identité de ce dernier !

En 1996, une caution scientifique vient renforcer le mouvement de l’I.D. avec le soutien du biochimiste catholique américain Michael Behe qui écrit Darwin’s Black Box : La Boîte Noire de Darwin. William Dembski, chrétien orthodoxe rejoint également le mouvement avec une approche plus mathématique The Design Inference (1998), The Design Revolution (2004). Les forces de l’I.D. se regroupent à Seattle, en association avec le « Centre pour le Renouveau de la Science et de la Culture ».

 

Dans la fin des années 90, ils énoncent leur stratégie :

« la théorie de la conception intelligente promet de renverser l’influence glaciale du matérialisme et de le remplacer par une science en harmonie avec des convictions chrétiennes et théistes. »

 

Le mouvement de L’Intelligent Design repose sur trois propositions principales

 

Proposition 1

La théorie de l’évolution fait la promotion d’une vision athée du monde, les croyants doivent donc s’y opposer et la combattre. Notre réponse : utiliser la théorie biologique de l’évolution pour justifier l’athéisme n’a rien de scientifique. De nombreux chrétiens voient dans l’évolution le mécanisme choisi par Dieu pour créer les différentes formes de vie.

Proposition 2

L’évolution ne peut pas rendre compte de la grande complexité de la vie sur terre. Notre réponse : il s’agit d’un argument « par ignorance ». Plus notre connaissance progresse, plus nous sommes capables de comprendre comment certaines structures soit disant irréductiblement complexes ont évoluée à partir de systèmes plus simples (l’oeil ou le système de cicatrisation sanguine par exemple).

Proposition 3

Puisque l’évolution est incapable d’expliquer la « complexité irréductible », un agent intelligent extérieur à l’univers est nécessairement intervenu directement, à un moment ou à un autre. Le mouvement de l’I.D. est attentif à ne pas préciser de qui il s’agit, mais pour les chrétiens, il s’agit bien évidemment de Dieu. Notre réponse : cet argument repose sur l’idée que Dieu est davantage glorifié par une action directe que par son action providentielle au travers des lois naturelles dont Il est le concepteur.

 

Malgré un certain succès aux U.S.A., les prises de positions de l’I.D. suscitent bien des  critiques dans la communauté scientifique mais aussi dans la communauté évangélique, pourquoi ?

1Le nom de ce mouvement prête à confusion. Tous les chrétiens croient que Dieu est le concepteur intelligent (« designer ») de l’univers, mais cela ne fait pas d’eux des partisans de l’ « Intelligent Design ». La spécificité de ce mouvement n’est pas de souligner l’existence ou l’intelligence du Créateur mais d’affirmer que la science peut mettre en évidence directement l’action surnaturelle de Dieu dans la nature. Malheureusement, le nom de ce mouvement donne l’impression que l’on rejette l’idée d’une conception intelligente de l’univers par Dieu si on n’est pas adepte du mouvement. Cette idée est bien sur complètement erronée !

2Ce mouvement a une fâcheuse tendance à éviter la théologie. La plupart du temps, les arguments de l’I.D. restent sur le terrain philosophique mais ne donnent pas d’arguments bibliques. Ce n’est pas un mouvement spécifiquement chrétien, l’un de leur biologiste, Jonathan Wells est membre du mouvement mooniste ! On peut être agnostique et partisan du mouvement de l’I.D.

Michael Behe explique dans une interview au Guardian (2005) les réticences du mouvement à identifier le « designer » (concepteur) de l’univers au Dieu de la Bible :

« Sutherland (journaliste) : Ce n’est pas un secret que vous êtes catholique. Mais si je comprends bien, votre théorie scientifique ne fait pas référence à Dieu d’une forme ou une autre. Vous avez suggéré que le concepteur pourrait même être un méchant extra-terrestre. Est-ce vrai ?

Behe : « C’est tout à fait exact. Toutes les preuves tirées de la biochimie prouvent qu’il existe un concepteur très intelligent. Bien que je trouve agréable de penser que c’est Dieu, d’autres préfèrent penser qu’il s’agit d’un extra-terrestre- ou qui sait ? Un ange, ou bien une force satanique, une force « New Age ». Quelque chose à quoi nous ne pensons pas encore. « 

Bien sûr, des chrétiens peuvent collaborer avec des non chrétiens pour une bonne cause, mais notre participation en tant que chrétiens devrait être basée sur une théologie saine et distinctement chrétienne.

3La communication a pris le pas sur le réel travail scientifique. Le mouvement de l’I.D. n’a pas fait réellement avancer les connaissances par un programme de recherche constructif. Au lieu de cela, l’I.D. fait parler de lui en utilisant des arguments rhétoriques et philosophiques et en attaquant la science reconnue.

4Les partisans de l’I.D. ont tendance à adopter la conception du « Dieu bouche-trous », en donnant l’impression qu’il est nécessaire théologiquement que l’action de Dieu soit détectable scientifiquement. Cette erreur est l’idée qu’une explication naturelle exclut Dieu, que si nous ne trouvons pas de « trous » dans la nature qui prouvent une action surnaturelle de Dieu, alors cela signifie que Dieu n’est pas impliqué. Avec cette théologie, la foi est conditionnée par le fait d’identifier de tels « trous », alors qu’une saine théologie de la nature nous dit que Dieu contrôle toute chose, pas juste les « trous » ! Certains évitent cette erreur dans le mouvement de l’I.D., mais malheureusement les chrétiens l’interprètent le plus souvent de cette façon. On entend alors des choses comme « le Christianisme n’est pas dans l’erreur après tout puisque le mouvement de l’I.D. montre que l’évolution est fausse. ».Ceci est très dangereux car la foi chrétienne est alors conditionnée à une théorie scientifique, et parce que la souveraineté de Dieu est ainsi rejetée !

En conclusion, des arguments basés sur l’ignorance scientifique n’ont jamais été de très grand poids pour défendre la foi chrétienne. La contemplation de la beauté et de la complexité de notre univers suffisent à démontrer l’intelligence de Dieu, et ceci indépendamment de la méthode qu’Il a choisi pour créer !

“Par la foi, nous comprenons que l’univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu’ainsi le monde visible tire son origine de l’invisible.” (Hébreux 11:3)

Sources

Creation or Evolution, do we have to choose? Denis Alexander

The Language of God Francis Collins

Thoughts on the “Intelligent Design” Movement Allan Harvey