L’inerrance est la conviction partagée par l’immense majorité des évangéliques que la Bible est sans erreur.  On dit aussi parfois qu’elle est infaillible, parce qu’elle a été inspirée par le Saint Esprit.

 « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice,  afin que l’homme de Dieu soit à la hauteur, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne. » 2 Timothée 3:16-17

Dans son ouvrage qui fait référence en matière de théologie systématique parmi les évangéliques anglophones : Christian Theology, voici comment  Millard J. Erickson introduit la notion d’inerrance :

 « L’inerrance est la doctrine selon laquelle la Bible est entièrement digne de confiance dans tous ses enseignements. Les théologiens ont débattu à propos des niveaux selon lesquels la Bible est inerrante. Si la Bible n’était pas inerrante, alors notre connaissance de Dieu pourrait ne pas être fiable et juste. L’inerrance est un corollaire de la pleine inspiration de la Bible….Alors que des affirmations scientifiques détaillées et des affirmations mathématiquement exactes ne sont pas possibles, l’inerrance signifie que, si on la juge avec les usages de son époque, la Bible enseigne la vérité sans affirmer aucune erreur. » (Ma mise en gras) »

  • Les évangéliques sont en accord sur l’essentiel. Dieu ne ment pas dans la Bible, ce serait incompatible avec son caractère.

« …la foi et à la pleine connaissance de la vérité qui est conforme à l’enseignement de notre foi, pour qu’ils aient l’espérance de la vie éternelle. Cette vie nous a été promise de toute éternité, par le Dieu qui ne ment pas. » Tite 1 :1-2

  • La notion d’inerrance est profondément enracinée dans la Bible :

 « Chaque parole de Dieu est entièrement vraie. » Proverbes 30:5

« Le principe de ta parole est vérité, et toute règle de ta justice est pour toujours. »Psaumes 119:160

 

  • Même si on s’accorde sur cette expression : l’inerrance de la Bible, on peut être en profond désaccord à propos de ce que l’on veut réellement dire. Derrière les mots se cachent des sens très différents. Ne pas expliciter sa pensée peut conduire à de grands malentendus. Il existe au sein du monde évangélique tout un éventail de convictions concernant l’infaillibilité de la Bible, Parole de Dieu.

Ainsi les évangéliques s’accordent pour affirmer que la Bible enseigne la vérité en ce qui concerne le domaine spirituel, ce que Denis Lamoureux qualifie de concordisme (correspondance) théologique totale.

La vraie question est : le concordisme théologique total entraîne-t-il un concordisme historique et scientifique total ? Autrement dit, devons nous considérer que les textes bibliques sont exacts du point de vue des critères de la science moderne (qui est elle-même en évolution permanente !) C’est à ce niveau que les opinions divergent, car la Bible ne répond pas elle-même à ce genre d’interrogation. Quelle importance donner concrètement à la remarque d’Erickson : « si on juge la Bible par l’usage de son temps » ?

Voici comment Erickson définit les différentes conceptions de l’inerrance biblique :

  • L’inerrance absolue : la Bible est entièrement vraie, y compris dans son traitement parfois détaillé de l’histoire et de la science. (note personnelle : c’est l’avis des fondamentalistes et des créationnistes, c’est d’ailleurs leur principale motivation et point de départ.)

 

  • L’inerrance « plénière » : la Bible est totalement vraie. Il n’y a pas de différence avec la définition précédente en ce qui concerne les vérités théologiques/spirituelles/religieuses. La compréhension des références historiques et scientifiques est toutefois différente. Ces références sont phénoménologiques, c’est-à-dire telles qu’elles apparaissaient visuellement à ceux qui les décrivaient. Elles contiennent donc des approximations populaires et des généralisations. Pourtant elles sont correctes. Ce qu’elles enseignent est essentiellement correct de la façon dont elles l’enseignent.

 

  • L’inerrance limitée : la Bible est sans erreur et infaillible en ce qui concerne les doctrines nécessaires au salut. On fait pourtant une distinction entre les données non empiriques révélées d’un côté, et les références naturelles empiriques d’un autre côté. Les références scientifiques et historiques reflètent la compréhension courante de l’époque à laquelle elle a été écrite…Dieu n’a pas révélé l’histoire et la science aux auteurs inspirés. Ainsi, la Bible pourrait bien contenir ce que nous pourrions qualifier d’erreurs dans ces domaines. Toutefois, ceci est sans grande conséquence, parce que le but de la Bible n’est pas de nous enseigner la science ou l’histoire. Si on la lit selon sa réelle vocation, la Bible est pleinement fiable et inerrante.

 

  • L’inerrance dans son objectif : la Bible accomplit sa vocation sans aucune erreur…C’est une vision pragmatique de la vérité.

 

  • Dieu s’est non seulement abaissé aux connaissances scientifiques et historiques des auteurs inspirés, mais aussi en matière de théologie. Il y a donc dans la Bible un mélange de vérités spirituelles inspirées et des opinions humaines, comme par exemple dans la théologie de Paul.