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Le faux problème de l'évolution


Introduction:

Le faux problème de l’évolution est le premier ouvrage auto-édité par l’association Science et foi chrétienne. Il est pour l’instant disponible sur le site de la CLC (la plus grande librairie évangélique francophone). Nous vous offrons ici un petit extrait montrant que Roger Lefebvre a avant tout souhaité que ce livre soit accessible au plus grand nombre, et que tous les mots sortant du vocabulaire courant soient clairement expliqués par des notes. Enjoy 😉 (Benoit)

N’existe-t-il pas une confusion fréquente entre les questions qui relèvent de l’expérience scientifique et celles qui procèdent de la réflexion philosophique et religieuse ?

 

 

Créationnisme ? Évolution ? Mais au fait, de quoi parle-t-on quand on emploie ces deux vocables ? Est-ce de religion ou de science ? Est-ce de la cause première ou de la cause seconde ? Car, même si l’on traite du même sujet, on n’en parle pas sous le même angle : chaque approche possède son propre champ de réflexion et d’exploration, sa propre sphère d’activités et d’applications…

 

Quand j’affirme la nécessité de dissocier les lois spirituelles des lois scientifiques, en les étudiant distinctement, je ne dis pas que Dieu n’est pas le concepteur, l’initiateur, le « créateur » des lois qui régissent l’univers physique. Je dis seulement que les prérogatives de la Religion ne s’étendent pas à l’étude de ces lois, du moins en tant que modus operanti des diverses thèses évolutionnistes ou créationnistes en présence. Si bien que parler d’une science qui devrait être chrétienne n’a aucun sens. Et comme elle se limite à l’étude du monde matériel, il n’y a même pas à s’offusquer d’une science qui se veuille athée. Les valeurs éthiques[1] du Christianisme peuvent tout au plus jouer un rôle – non négligeable – au niveau des techniques de recherche ou d’application de la science : instrumentalisation[2] de l’embryon humain, par exemple. Le domaine de la religion, quant à lui, se limite aux questions spirituelles, éthiques et philosophiques. Ce qui, il est vrai, peut faire la différence entre des chercheurs chrétiens, agnostiques ou athées.

Je sais que beaucoup de chrétiens évangéliques n’ont pas l’habitude de faire cette distinction, et que, mal comprise, elle peut paraître sacrilège[3] aux yeux de certains. Aussi, pour éviter le risque d’un malentendu pénible, j’assumerai celui d’alourdir mon propos par un exemple très prosaïque, tiré du quotidien.

 

L’ulcère d’estomac de Monsieur Dupont

 

Pour mieux situer ces lignes de démarcations, imaginons donc l’histoire de Monsieur Dupont un chrétien souffrant de l’estomac. Consulté en premier, son médecin traitant a diagnostiqué de l’hyperacidité gastrique et lui prescrit une médication appropriée. Toutefois, soupçonnant une profonde amertume et une agressivité rentrée chez son patient, il lui conseille de consulter également un psychothérapeute. Au bout de quelques entretiens, ce dernier découvre qu’il y a dans la vie de Monsieur Dupont un gros problème de pardon vis-à-vis d’un membre de sa famille qui l’a gravement offensé. Comme ce psychothérapeute est croyant, il lui conseille de rencontrer un pasteur ou un prêtre qui pourrait l’aider à reconsidérer sa position d’un point de vue spirituel. Monsieur Dupont suit cet avis et se remet foncièrement en question à la lumière de la Bible. Il va se réconcilier avec son parent et un peu plus tard, avec l’accord de son médecin, suspend son traitement après une totale guérison.

Le problème de Monsieur Dupont relevait-il du domaine physique, et donc de la médecine : une science censée être exacte ? Ou bien du domaine psychique, et donc de la psychologie : une science dite humaine ? Ou encore du domaine spirituel, et donc de la foi chrétienne : une religion dite irrationnelle ?… La réponse est évidente. Le problème de Monsieur Dupont relevait à la fois de ces trois domaines : le spirituel étant la cause première, le psychologique la cause seconde et le somatique la cause dernière.

Aussi, n’importe quel chrétien évangélique trouvera normal que chacun des intervenants ait agi selon ses compétences personnelles, et seulement dans le cadre de celles-ci. Que penseraient ces mêmes chrétiens, si leur pasteur prétendait leur prescrire une ordonnance médicale ? Ou si leur médecin se mettait à invoquer l’intervention d’une puissance spirituelle plus ou moins suspecte ? Lorsque des croyants vont chez un médecin, un dentiste ou un chirurgien, c’est pour y chercher une aide médicale et rien d’autre. Quand ils vont chez un pasteur, un rabbin ou un prêtre, c’est pour y trouver une aide spirituelle et rien d’autre. Que les uns et les autres aient également recours à un psychologue : c’est sans doute évident ! Par contre, n’est-il pas possible d’être un bon médecin tout en étant athée ? Ou un bon pasteur sans rien connaître aux pathologies organiques ? Si, bien sûr… et heureusement, d’une certaine façon !

Or, concernant la création, la distinction pour laquelle je plaide dans ces lignes – sans en revendiquer la paternité – est uniquement de cet ordre-là : que Dieu soit la cause première de toutes choses, aucun évolutionniste vraiment chrétien ne le contestera jamais. Il laisse seulement aux scientifiques le soin d’expliquer le processus – le modus operanti – conçu par Dieu à cette fin.

En quoi cette conception serait-elle plus incohérente que d’affirmer que la cause première de la maladie de Monsieur Dupont était spirituelle, tout en abandonnant aux psychologues et aux médecins le soin de comprendre et d’expliquer la mystérieuse alchimie des maladies psychosomatiques. En dernier ressort, la gloire de la guérison, comme celle de la création, revient tout de même à Dieu et à sa Parole !

En conséquence, il faut bien admettre que l’on ne parle pas le même langage – même si l’on parle de la même chose – quand on traite de la création et de l’évolution dans une optique religieuse, ou quand on en discute dans une perspective scientifique. Quand un chrétien lit dans la Bible que Dieu est le Créateur de l’univers, il peut très bien admettre que cette création s’est faite de façon évolutive. Par contre, quand un scientifique étudie les lois qui régissent l’évolution, pourquoi ne pourrait-il pas admettre que ces lois ont été pensées et conçues par cette intelligence supérieure que les croyants appellent Dieu, Yahvé ou Allah, plutôt que de l’attribuer à un hasard métaphysique ou philosophique ?

On ne devrait donc jamais confondre la démarche qui vise à mieux cerner nos relations avec le Créateur – la théologie – avec la démarche qui s’emploie à étudier nos relations avec la création – les sciences exactes – ou encore, nos relations avec les autres créatures – les sciences humaines. Accepter une quelconque confusion entre ces trois domaines, c’est prendre le risque d’un retour au panthéisme de l’antiquité, comme le fait le Nouvel Âge (ou « New Age »). L’un comme l’autre, en effet, considèrent que Dieu est en tout, et que tout est en Dieu ; nous-mêmes étant une partie du tout, et donc une parcelle de Dieu. La Bible, au contraire, loin de diviniser la nature, s’applique dès les premiers chapitres, à établir une distinction radicale entre le Créateur, les créatures et la création.

 


[1] Concernant le bien et le mal, l’éthique et la morale sont deux mots pratiquement synonymes. Disons que l’éthique définit plutôt les principes de vie, alors que la morale s’attache surtout à la façon de les mettre en œuvre. Dès lors, un comportement peut être qualifié de moral – conforme à la morale reconnue – immoral – contraire à la morale – ou amoral – étranger à toute morale –. À noter que la législation d’un  pays s’adapte aux principes moraux adoptés par la majorité de sa population ; si bien que ce qui est moral pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres, et que ce qui était immoral hier ne le sera peut-être plus demain.

[2] Instrumentaliser, c’est considérer quelque chose ou quelqu’un comme un instrument ou un objet purement utilitaire, en faisant abstraction de toute considération morale. Dès lors, l’instrumentalisation peut être considérée comme s’inspirant d’un pragmatisme totalement amoral.

[3] De façon générale, on qualifie de sacrilège toute profanation, ou tout manque de respect envers ce qui est sacré – ce qui relève de la religion – c’est-à-dire : la divinité, le culte de la divinité et les instruments de ce culte.


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