Selon certains médias chrétiens attachés à une lecture concordiste du déluge de Noé, la découverte de possibles réserves d’eau souterraines stockées dans la roche à une profondeur comprise entre 410 et 660 km de profondeur pourrait fournir une explication à l’existence des  » sources du grand abîme » dont il est fait mention dans la Genèse et rendre scientifiquement crédible l’hypothèse d’un déluge universel. Cette nouvelle n’a pas manqué de susciter des questions chez plusieurs. Que penser d’une telle affirmation ? L’authenticité d’un déluge universelle est-elle relancée par le journal Nature et par Science, deux des journaux les plus sérieux de la planète ?

Outre le fait que l’existence de cette eau soit pour l’instant hautement hypothétique ( l’article de Nature constate qu’elle est « highly controversial » car des expériences de conductivité électrique donnent des résultats contradictoires), le lien fait entre cette eau et celle du déluge parait pour le moins discutable, pour des raisons à la fois scientifiques et bibliques.

Comme l’expliquent les nombreux articles que nous avons déjà publiés sur ce sujet, le déluge biblique date forcément d’il y a quelques milliers d’années. Les géologues sont unanimes sur le fait qu’aucun déluge universel n’a eu lieu récemment à l’échelle géologique. Même en admettant l’existence de ces eaux mélangées au manteau terrestre à des centaines de kilomètres de profondeur, rien ne prouve qu’elles soient associées à un quelconque déluge. Comment ces eaux seraient-elles sorties des roches dans lesquelles elles sont emprisonnées à une telle profondeur? Comment y seraient-elles retournées ?

On peut bien sûr faire appel au miracle, mais toutes les observations s’opposent à une telle interprétation. Toutes les objections à un déluge universel demeurent exactement les mêmes qu’auparavant, rappelons en quelques unes frappées du bon sens

  • Comment les animaux sont-ils passés du continent Eurasien en Amérique, ou bien en Australie ? Comment sont-ils allés du mont Ararat à des endroits comme l’Australie sans traverser les océans et sans laisser de descendants derrière eux ?
  • Comment huit personnes seulement (Noé, sa femme, ses trois fils et belles-filles) ont-elles pu s’occuper de toutes les espèces présentes sur terre ?
  • Comment les espèces marines ont-elles survécu au déluge ? n’auraient-elles pas été écrasées par une pression énorme et par la dilution des eaux des océans avec l’eau douce ?
  • Comment toutes les espèces seraient-elles descendues des pentes escarpées du Mont Ararat, ce qui reste difficile aujourd’hui pour l’homme ?

Un article excellent du site talkorigins recense quantité de raisons nous montrant le caractère fantaisiste de l’hypothèse d’un déluge universel, voici les plus convaincants :
5. The Flood Itself : le déluge lui-même
6. Implications of a Flood : les implications d’un déluge universel
7. Producing the Geological Record : produire le registre fossile
8. Species Survival and Post-Flood Ecology : l’écologie post-déluge et la survivance des espèces
9. Species Distribution and Diversity : la distribution et la diversité des espèces vivantes
10. Historical Aspects : aspects historiques
11. Logical, Philosophical, and Theological Points : aspects logiques, philosophiques et théologiques

D’un point de vue biblique, le théologien Paul Seely explique très bien que le récit biblique est associé à une vision ancienne du cosmos, celle d’un univers en trois partie, et d’un « firmament », dôme solide séparant les « eaux d’en bas » des eaux d' »en-haut ». Le récit du déluge est le récit d’une décréation universelle faisant écho à Genèse 1…

Conclusion :

Malheureusement et selon la technique classique des créationnistes, les articles de Science et Nature cités pour relancer le débat sur « l’authenticité d’un déluge universel « sont complètement détournés de leur objet initial et leur utilisation  dans ce contexte ferait assurément bondir leurs auteurs… La désinformation et l’utilisation sélective des sources à but « apologétique » a encore de beaux jours devant elle!