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Science & Foi à Grand Rapids 2015 ♥♥♥


 

Lors de la conférence BioLogos qui s’est tenue à Grand Rapids du 30 juin au 2 juillet 2015, nous avons eu le privilège d’assister à la conférence de Mary Schweizer, spécialiste des dinosaures, professeur de paléontologie à la North Carolina State University, et chercheuse passionnée ! Nous avons déjà dans ce blog parlé brièvement de ses travaux, à savoir la caractérisation de tissus mous sur des spécimens de T. Rex vieux de plus de 65 millions d’années. Plutôt que de rentrer dans le détail de ses recherches, sa conférence illustre bien la manière dont la science fonctionne et des possibles captations qui peuvent être effectuées pour habiller de faits scientifiques une interprétation littéraliste de la Bible.

Biologos_Mary_Schweizer

Tout d’abord, Mary Schweizer nous a partagé combien ses découvertes, à savoir la conservation de tissus mous d’un fossile de dinosaure vieux de plus de 65 millions d’années, a rencontré un fort scepticisme de la part de la communauté scientifique. Ceci l’a amené à accumuler pas à pas, analyse après analyse, et de manière rigoureuse, les arguments en faveur de son hypothèse. Elle a ainsi pu réfuter une hypothèse alternative : la présence de bactéries formant les fibres observées qui auraient contaminé le fossile, en montrant que les structures observées étaient composées de collagène, protéine qui compose les os, dont la séquence partielle en acides aminés se plaçait « au bon endroit » de la phylogénie des vertébrés (proche du crocodile et des oiseaux).

Ce scepticisme de la communauté scientifique reposait sur l’idée légitime selon laquelle les tissus mous ne pouvaient être conservés sur une telle durée. L’ironie de l’histoire est que c’est sur ce même présupposé que la découverte de Mary Schweizer a été captée par des créationnistes jeune-terre pour «démontrer » que les dinosaures n’étaient donc pas âgés de millions d’années mais bien plutôt contemporains de l’Homme!

Leçons de cette histoire :

  • Première leçon : la communauté scientifique est généralement conservatrice : un fait nouveau, inattendu, pour être accepté doit passer par les fourches caudines de preuves convergentes et irréfutables. A aucun moment, l’âge des fossiles analysés a été remis en cause, car le consensus actuel est que les dinosaures ont vécu il y a plus de 60 millions d’années, mais bien l’âge du tissu mou observé. Et bien sûr c’est la contamination du fossile (ici par des bactéries) qui a été invoquée, et ce jusqu’à preuve du contraire !

 

  • Deuxième leçon : sorti de son contexte, un résultat scientifique quel qu’il soit peut servir les a priori de n’importe quelle position philosophique ou théologique. Mais est-il nécessaire de rappeler qu’une théorie scientifique ne se construit pas sur des faits pris çà et là mais doit constituer une histoire cohérente, reposant sur des faits convergents et indépendants, n’en déplaise aux dogmatiques anti-scientifiques ?

 

  • Troisième leçon : la violence des propos du mouvement créationniste jeune-terre à l’encontre de Mary Schweizer, chrétienne par ailleurs, est attristante et révèle en fait une guerre culturelle et idéologique qui est en jeu aux Etats-Unis, brillamment décrite par l’historien Ted Davis lors de ce congrès, et dont les racines remontent au début du 20ème siècle…


Crédit photo :
http://serc.carleton.edu/download/images/6167/mary_schweitzer.jpg
http://www.earthmagazine.org/article/soft-tissue-preserved-80-million-year-old-dino-fossil

 

 


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