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Lettre à un ami athée


Cher Ami,

 

Si je m’adresse à toi comme à un athée, c’est parce que la majorité de nos contemporains se définissent comme tels. En fait, beaucoup seraient plutôt des agnostiques, puisqu’ils admettent « qu’il doit bien y avoir quelque chose ou quelqu’un, mais qu’on ne peut pas le savoir avec certitude… De toute façon, ajoutent-ils, comment s’y retrouver parmi toutes ces religions qui prétendent chacune être la bonne ? »  Il faut reconnaître que l’écheveau n’est pas facile à démêler ! Pourtant, si tu as le courage et la patience de t’engager dans ce labyrinthe, je te propose de suivre le fil d’Ariane qui peut t’aider à trouver la sortie, tout en évitant le piège des diverses églises, sectes et dénominations religieuses.

 

« Qui veut faire l’ange fait la bête ! »… Cet aphorisme bien connu définit assez bien l’attitude de la plupart des chrétiens pratiquants, toutes dénominations confondues. Les plus conservateurs s’attachent à des traditions bien souvent obsolètes, tant du point de vue des idées que de celui des pratiques liturgiques. Pour leur part, les plus mystiques s’embarquent dans des aventures complètement délirantes ou la valeur de la foi semble dépendre de l’absence d’esprit critique. Les uns comme les autres paraissent tellement éloignés des contingences quotidiennes auxquelles se trouve confronté Monsieur Tout-le-monde, que celui-ci se demande avec raison si le Christianisme peut encore apporter quelque chose à l’homme d’aujourd’hui.

 

A côté de cela, il y a les groupements de chrétiens simplistes et bien intentionnés qui, ayant goûté aux effets bienfaisants de la foi, estiment en avoir fait le tour, et éprouvent le besoin de partager leur découverte avec le monde entier. Ce faisant, ils font preuve d’un zèle authentiquement évangélique… Hélas, leur simplisme déroutant dessert souvent la cause qu’ils prétendent défendre, tant ils donnent l’impression de « vendre » leur foi comme une poudre de savon. Ce marketing évangélique ne laisse pas tout le monde indifférent, car Monsieur Tout-le-monde est conditionné par la publicité et les médias ; mais malgré tout, cette évangélisation à la Woody Allen  – « Qui a une question, j’ai une réponse… » – ne lui paraît pas toujours empreinte d’un grand sérieux.

 

Certes, il y a les chrétiens « raisonnables », ceux qui ne prennent pas leur foi trop à cœur : ceux-là bénéficient généralement de l’estime générale… Il faut dire que leur capacité d’adaptation est grande et qu’ils ont eu le bon goût de réduire leur théologie à quelques positions philosophiques et morales conformes à l’air du temps. Leurs pratiques religieuses, quant à elles, se trouvent ramenées à la plus simple expression : celle des rites de passage – baptêmes, confirmations, mariages, enterrements – admis comme autant de coutumes socioculturelles. D’ailleurs, l’idéologie et la conduite de ces chrétiens sociologiques sont tellement proches de celles de Monsieur Tout-le-monde, que celui-ci se demande pourquoi il deviendrait chrétien, puisqu’en pratique, il n’en diffère en rien.

 

Au milieu de cet ensemble de croque-morts, de clowns, de bateleurs et de caméléons, il y a bien quelques chrétiens qui s’efforcent de vivre une foi réfléchie, actualisée et authentiquement spirituelle ; mais la discrétion et le respect d’autrui étant le gage de cette authenticité, ce ne sont pas eux qui font la « une » des médias. D’une certaine manière, et sans avoir été mandaté par eux, c’est en leur nom que j’aimerais ouvrir un dialogue avec les athées et les agnostiques qui croient aux vertus d’une morale exigeante, tant pour la conduite de leur vie que pour celle du monde. Aussi, pas plus qu’au cours des périodes d’hégémonie chrétienne, je ne songe à les confondre avec le monsieur Tout-le-monde de notre société post-chrétienne…

 

A bientôt !

R.L.

Auteur de cet article, Roger Lefebvre,ingénieur agronome tropical de formation, est pasteur dans une église évangélique à Ath en Belgique.


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