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Lettre à un ami athée


Cher Ami,

Dans cette lettre, j’aimerais poursuivre mes réflexions concernant la nécessaire différence à maintenir entre les exigences de la morale et celles de la religion… chrétienne en l’occurrence, puisqu’elle n’est pas la seule, loin s’en faut ! Et même au sein du Christianisme, les positions varient à l’infini quand on aborde les problèmes éthiques. Revenons, en effet, aux questions délicates concernant les diverses atteintes à la vie : si le meurtre est unanimement condamné par tous, il n’en va pas de même de la légitime défense, de l’avortement, du suicide ou de l’euthanasie…

Il ne m’appartient pas de prendre ici position sur ces questions : ce serait tomber dans le piège que j’ai condamné plus haut ! Par contre, le chrétien que j’essaye d’être est bien placé pour constater que très souvent « il y a loin de la coupe aux lèvres »… Admettre les principes de vie proposés par le Christ est une chose, les mettre en pratique dans sa propre vie est une autre ! Mais n’est-ce pas dans ce défi que réside l’idéal spirituel des chrétiens ?

 

Or le propre d’un idéal, c’est d’être quelque chose vers quoi on est en route, sans l’avoir encore atteint… C’est donc du niveau de spiritualité atteint par chaque croyant, individuellement, que dépendra la réponse apportée aux questions ci-dessus, en fonction des diverses expériences de la vie. Dès lors, ce que je viens de dire à propos de ces quelques exemples est aussi valable pour tous les autres problèmes relevant de l’éthique et de la religion.

 

En clair, je considère qu’une autorité religieuse a sans doute le devoir de proposer un idéal spirituel à ses fidèles, mais qu’elle n’a certainement pas le droit de leur imposer les choix de vie inhérents à cet idéal… et encore moins de les imposer à ceux qui ne relèvent pas de son obédience ! En fait, cette volonté procède d’un malentendu redoutable : beaucoup de responsables religieux oublient que les exigences de Dieu ne concernent – comme dit l’apôtre Paul – que « ceux qui ont reçu la grâce pour y être fidèle »…

 

Il serait donc encore plus injuste et irresponsable de vouloir étendre – via la législation – les idéaux bibliques aux non-croyants. Cela nous amène à considérer la volonté politique – exprimée par des minorités de chrétiens pratiquants – d’imposer leurs opinions particulières à la population d’une nation tout entière. A n’en pas douter, cette prétention contribue, pour une grande part, à détériorer l’image que la chrétienté donne d’elle-même au sein de notre civilisation postchrétienne…

 

Il est probable que les espérances eschatologiques de certains croyants les encouragent à manifester une certaine impatience quant à l’établissement du  « Royaume de Dieu » ici-bas… Encore faudrait-il prouver que ce langage spirituel recouvre une réalité aussi terre à terre que celle qu’ils prêtent aux Ecritures. Pour l’heure, cependant, aucun texte biblique ne les autorise à prétendre établir une théocratie quelconque en ce bas monde : toute ingérence de la religion dans la politique est aussi inacceptable qu’une ingérence de la politique dans la religion ! Mais nous reviendrons sur ce point dans mon prochain courrier.

 

A bientôt !

 

R.L.


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