Article 7 sur un total de 14 pour la série :

Lettre à un ami athée


Cher Ami,

 

Sans plus tarder, je voudrais entrer dans le vif du sujet et, comme promis, te présenter des excuses pour la suspicion manifestée par certains croyants à l’égard de la morale athée… Un peu comme si l’homme sans Dieu était réduit à se comporter en brute, exclusivement portée vers la poursuite d’une jouissance égoïste et bestiale. C’est faux, bien sûr ! Car bien des athées font preuve d’une élévation de pensée qui n’a rien à envier à celle de certains croyants. Pour les uns comme pour les autres, la jouissance des biens et des plaisirs de ce monde est un élément du bonheur, certes, mais sans se réduire à cela. Le bonheur trouve sa plénitude dans des valeurs plus élevées qui place l’homme au service de l’homme dans une perspective quasi « spirituelle »… Pour sa part, c’est aussi dans la vocation de l’homme à vivre en relation avec Dieu, que la foi va trouver sa spécificité.

 

Dit autrement : violer, tuer, voler, tromper, mentir… ne sont pas des comportements mauvais parce que Dieu en aurait décidé ainsi de façon arbitraire et unilatérale. Ils le sont parce qu’ils portent atteinte à l’intégrité physique ou morale de notre prochain… De manière assez paradoxale, on pourrait donc dire que les règles morales contenues dans la Bible procèdent d’une sorte « d’humanisme divin » qui présente une dimension proprement universelle… Il faut n’avoir jamais bien lu la Bible, ou n’accepter aucune limite à notre liberté individuelle – au mépris de celle des autres – pour nier cette évidence. Mais hélas ! à notre époque de matérialisme, d’égocentrisme et d’individualisme forcené, la chose n’est pas rare. Cela n’encourage pas seulement des positions irréligieuses, mais aussi des comportements inciviques et asociaux.

 

Si bien qu’une fois encore : la morale chrétienne ne se distingue pas de la morale athée en ce qu’elle placerait le croyant devant des principes conformes à une éthique supérieure, mais bien en ce qu’elle encourage les chrétiens à puiser en Dieu la force et la sagesse requises pour mener ces exigences à bien. Aussi, même si la religion possède d’incontestables implications morales, ce n’est pas la morale qui distingue le croyant de l’athée, mais la dimension spirituelle que la foi chrétienne apporte à sa vie. Malheureusement, les médias assimilent souvent la morale chrétienne aux prises de positions éthiques annoncées par la dénomination chrétienne majoritaire au sein de notre pays. C’est ainsi que chez nous, les positions de l’Eglise Romaine en matière de limitation des naissances, d’avortement, de concubinage, d’homosexualité, d’euthanasie, etc. sont présentées à nos concitoyens comme la seule expression possible des principes moraux exprimés dans la Bible. En fait, ces positions ne sont qu’une interprétation parmi d’autres, allant des plus libérales aux plus fondamentalistes… Autant le savoir !

 

Evidemment, vu de l’extérieur, tout cela « fait désordre ». Aussi, l’on peut comprendre que les non-croyants ne s’y retrouvent pas… et les croyants guère d’avantage ! Que faut-il penser d’un Christianisme aussi polymorphe dans ses exigences que dans ses « croyances » ? Cela demande un mot d’explication… Mais ce sera pour la prochaine fois !

 

A bientôt !

R.L.


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