Article 11 sur un total de 14 pour la série :

Lettre à un ami athée


Cher Ami,

 

Dans cette onzième lettre, j’aimerais revenir à quelques considérations sur la multiplicité des dénominations chrétiennes et sur la manière de s’y frayer un chemin. Encore faudrait-il que chacun ait l’honnêteté – à défaut de la capacité – de reconnaître ses propres lacunes… « Connais-toi toi-même ! » disait déjà Socrate… Mais ce n’est pas évident ! Car l’homme est ainsi fait qu’il préfère rencontrer les gens qui le confortent dans ses idées et ses défauts que ceux qui le remettent en question. Cela est vrai des philosophies en général, cela est aussi vrai des religions et plus particulièrement des dénominations au sein du Christianisme.

 

C’est ainsi qu’instinctivement, la plupart des gens recherchent une forme de piété qui réponde à leur tempérament. Sont-ils mystiques, ils s’intégreront à une communauté contemplative… Sont-ils avides de manifestations surnaturelles, ils préféreront un groupe charismatique… Sont-ils du genre intellectuel ou adepte du « libre examen », une église libérale les satisfera sans doute… Sont-ils formalistes, ils aimeront les cultes liturgiques des grandes églises historiques… Sont-ils légalistes, ils s’orienteront vers une communauté fondamentaliste, plus soucieuse de certitudes que de vérité… Ont-ils besoin d’être sécurisés, ils se soumettront sans problème à la conduite d’un leader à la forte personnalité… Etc.

On pourrait multiplier les exemples, mais ceux-ci suffisent à montrer que bien peu de croyants – mais pas moins que d’incroyants – sont vraiment prêts à se remettre en question. Cela suffit aussi à expliquer le succès des sectes, même à notre époque de matérialisme et de rationalisme athée ! Sans essayer « d’évangéliser » qui que ce soit, j’aimerais donc partager quelques remarques d’ordre général avec les non croyants qui s’interrogent sur la vraie nature de la foi chrétienne.

 

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire d’être croyant pour admettre que si Dieu existe vraiment, il ne sera jamais démontrable ; car si tel était le cas, il ne serait plus Dieu : il ne serait pas le Créateur distinct de la création, il ne serait qu’un élément de la création ou, si l’on préfère, de l’univers…

 

D’autre part, si Dieu présente des caractères infinis, il est par nature inaccessible à notre finitude… Par contre – d’un point de vue quasi mathématique – rien n’empêche ce Dieu infini de se révéler aux êtres finis que nous sommes… Toutefois, si cet être infini qu’est Dieu souhaite se révéler à l’être fini que je suis, il est évident que lui appartient, plutôt qu’à moi, l’initiative de fixer le « comment » et le « quand » de cette rencontre… D’où la particularité essentielle de la foi chrétienne, qui est de croire qu’il y a deux mille ans, Dieu s’est ainsi révélé à l’humanité en la personne de Jésus-Christ…

 

Cela dit, je ne cherche jamais à convaincre un non croyant de l’existence de Dieu. Il n’y a pas plus de preuves de son existence que de sa non-existence… Aussi, j’ai passé l’âge de jouer aux cow-boys et aux indiens… Non ! Je me contente d’inviter les personnes « en recherche » à lancer un défi à ce Dieu – dont l’existence demeure hypothétique pour eux – et de le faire en lui disant : « Dieu ! Si tu existes vraiment : révèle-toi à moi ! »… Jusqu’à présent, je ne connais aucune personne intellectuellement honnête – c’est la seule condition requise – à qui Dieu n’ait pas répondu d’une façon ou d’une autre… Dans mon prochain courrier, je t’en dirai tout de même un peu plus long sur la façon d’y parvenir.

 

Bon courage et à bientôt !

 

R.L.


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