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Les récits traditionnels de déluge chez de nombreux peuples


« Il faut souligner que les récits de déluge mésopotamiens ont été écrits bien avant que les Hébreux n’apparaissent au proche orient ancien. En d’autres mots, les Israélites ont hérité de ce motif majeur, associé avec des motifs mineurs (comme la reconnaissance par des oiseaux), soit par tradition orale, soit par tradition écrite. Ainsi, le déluge biblique contient pour le mieux un écho lointain d’événements passés en Mésopotamie, mais il ne faut pas confondre ceci avec le concordisme historique détaillé de Genèse 6-9 que défendent de nombreux chrétiens.  » (Denis Lamoureux)

 

 » A partir de Sumer et d’Akkad, la légende en question a migré vers l’ouest (le déluge grec est raconté en détail dans les Métamorphoses d’Ovide) et vers l’est (le déluge indien, dans les Brahmana, a pour héros Manou, le premier homme). Après l’Inde, le thème a pu passer aisément en Indonésie, et jusque dans les îles du Pacifique. Dans le cadre de ces civilisations polythéistes, la légende (récit s’appuyant sur des souvenirs passés enjolivés et transformés) s’est fortement colorée de mythologie (traduisant une expérience universelle), en rapportant la catastrophe à des rivalités entre les dieux ou à une jalousie des dieux envers les hommes…

En reconnaissant cette dimension mythique du récit, on ne retire rien à la valeur de son utilisation dans la Bible. Bien au contraire, car c’est un trait universel de l’expérience humaine qui trouve alors une traduction concrète dans le cadre de Genèse 1-11 : l’affrontement entre l’homme et les puissances cosmiques déchaînées. La Bible réinterprète à sa manière ce thème mythique, détaché de la mythologie polythéiste. Dans l’histoire de l’humanité pécheresse, c’est le type du jugement de Dieu. Mais le salut accordé à Noé montre qu’en dépit du péché, Dieu veut que l’histoire continue : ce salut préfigure celui dont le Christ sera l’artisan.

“Par cet Esprit, il avait déjà prêché aux hommes maintenant prisonniers du séjour des morts qui autrefois s’étaient montrés rebelles, alors que Dieu faisait preuve de patience pendant que Noé construisait le bateau. Un petit nombre de personnes, huit en tout, y furent sauvées à travers l’eau. C’est ainsi que vous êtes sauvés maintenant, vous aussi : ces événements préfiguraient le baptême. Celui–ci ne consiste pas à laver les impuretés du corps, mais à s’engager envers Dieu avec une conscience pure. Tout cela est possible grâce à la résurrection de Jésus–Christ qui, depuis son ascension, siège à la droite de Dieu, et à qui les anges, les autorités et les puissances célestes sont soumis.” (1 Pierre 3:19-22)

 

Comme l’ont plus d’une fois souligné les Pères de l’Eglise, l’Eglise est l’arche de salut dans laquelle les hommes trouvent place pour échapper au sort de la race pécheresse. Plus la dimension mythique est soulignée dans le récit primitif, en se détachant des contingences légendaires propres à la Mésopotamie, et plus son caractère exemplaire le rend apte à traduire le contenu « figuratif » dont la théologie chrétienne l’a chargé depuis le Nouveau testament.  »

(Pierre Grelot, Homme qui es tu ?, éditions du Cerf)


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