John Walton est l’un des théologiens évangéliques spécialiste de l’Ancien Testament qui réfléchit intensément à notre façon d’interpréter la Bible, au regard des découvertes de la science.

Il a participé à l’élaboration d’un ouvrage paru tout récemment intitulé « terre ancienne ou création évolutive? » : discussion à propos des origines avec « Raisons de Croire » et BioLogos chez InterVarsity Academic Press

 

Jim Stump, l’un des concepteur de ce livre collectif, membre de la fondation BioLogos comme Walton, nous explique dans cet article l’état d’esprit de cet ouvrage. BioLogos est une organisation évangélique avec laquelle nous collaborons depuis sa création et qui partage son acceptation de l’évolution comme mode de création choisi par Dieu pour créer les espèces vivantes et l’homme.

« Reasons to believe » dirigée par Hugh Ross de son côté défend le modèle « terre ancienne », c’est à dire accepte le modèle du Big Bang, mais refuse l’évolution au nom d’une interprétation « concordiste » des Ecritures. C’est à dire la conviction que le Saint Esprit a révélé « comment » Dieu s’y est pris pour créer l’homme et les espèces par des actes miraculeux séparés.

Ce faisant, cette organisation est en désaccord avec le « créationnisme terre jeune » encore très actif aux EU et partout dans le monde évangélique, mais aussi avec le consensus scientifique en ce qui concerne l’origine biologique commune des espèces et de l’homme.

On comprend donc que ce parti pris « concordiste » est la pierre angulaire de toute cette discussion, et finalement le seul point qui résume à lui seul les enjeux de cette discussion passionnée.

Nous avons déjà eu l’occasion de souligner que c’est aussi « le sujet qui fâche » chez nombre d’évangéliques francophones.

Je partage entièrement le point de vue de John Walton sur cette question.

Voici un très court extrait d’une contribution de Walton à cette discussion (notre mise en gras) :

« Nous devons à présent examiner ce principe d’interprétation « d’autorité étendue » en ce qui concerne la lecture d’affirmations scientifiques dans la Bible. L’une des approches fréquentes des Ecritures est la tentative d’étendre sa signification au delà des intentions originales de l’auteur biblique, cela s’appelle le concordisme. Les interprètes concordistes affirment qu’il y a une convergence entre la Parole de Dieu et sa Création et suggèrent qu’une compréhension scientifique du monde plus sophistiquée peut être intégrée à l’Ecriture- en attribuant ainsi une signification aux mots de la Bible dont l’auteur n’aurait absolument pas été conscient pour sa part. De telles significations « étendues » ne peuvent prétendre à l’autorité, puisqu’elles ne proviennent pas de sources inspirées. Elles ne peuvent visiblement pas prétendre nous communiquer l’intention de Dieu, puisqu’elles sont dépendantes de notre imagination.

[…] Pour notre part, nous reconnaissons les faiblesses de cette interprétation concordiste, précisément dans la flexibilité dont elle dépend. En effet, quelque soit le consensus scientifique, les concordistes trouvent dans la Bible un appui pour le soutenir.

Quand tous croyaient que la terre était au centre du monde, on citait la Bible à l’appui de cette affirmation. Quand on pensait que notre univers était éternel et stable, on trouvait des versets soutenant ce point de vue. Puis quand le Big Bang et l’univers en expansion ont remplacé le modèle cosmologique précédent, les Ecritures l’avaient déjà annoncé… Cette flexibilité est un contre argument évident qui rend caduque cette approche méthodologique.

Nous devrions plutôt nous focaliser plus précisément sur le message qui fait autorité et qui fait clairement partie des intentions de l’auteur. Le fait que les mots de la Bible s’accordent ou pas avec une perspective scientifique moderne devrait être considéré comme sans importance par les interprètes. A BioLogos, nous ne croyons pas qu’il faille lire l’évolution ou l’ascendance commune des espèces entre les lignes de la Bible. Nous avons besoin de connaître aussi précisément que possible ce que le texte affirme par l’autorité contenue dans les intentions de l’auteur humain. Notre intérêt concernant l’interaction avec la science est de savoir si l’auteur nie intentionnellement des conclusions de la science moderne. Ce serait problématique. Mais mes investigations de Genèse 1-3 me portent à croire que le message de la Bible qui fait autorité ne contredit pas les découvertes de la science moderne. »

Je n’avais pas encore entendu cet argument justement ironique de John Walton contre le concordisme. Une interprétation qui cherche à tout prix que le texte biblique soit en accord avec la science du temps du lecteur, s’accorde une autorité semblable à celle du texte biblique, alors qu’une approche non concordiste ne part pas du principe que la vérité et l’autorité du message inspiré devrait être en accord avec la science de toutes les époques… c’est frappé du bon sens ! et ça ressemble beaucoup au principe herméneutique du « message spirituel véhiculé » cher à Denis Lamoureux.

Ou ce qui était illustré dans notre article de présentation pour notre video Dieu a-t-il révélé la science dans la Bible ?