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Cet article fait suite à un courrier d’un lecteur qui date du début d’année déjà, nous interrogeant sur l’exo-théologie, c’est à dire la théologie qui réfléchit à partir de l’existence éventuelle des extraterrestres. Il s’agit dans un premier temps de poser les bases scientifiques de la discussion.

 

Le paradoxe de Fermi et l’existence des extraterrestres

La terre a dans les 4 milliards d’années. Notre galaxie dans les 10 (j’arrondis). Si des civilisations sont apparues ailleurs dans la galaxie, il n’y a aucune raison pour qu’elles soient synchrones avec nous. Certaines ont dû se développer des milliards d’années avant nous, d’autres le feront des milliards d’années après. Comme la voie lactée ne fait « que » 100 000 années lumières, les ondes radio émises par les civilisations qui nous ont précédés devraient largement avoir eu le temps de nous parvenir. Même des sondes spatiales voyageant à 1% de la vitesse de la lumière ne mettraient « que » 10 millions d’années pour traverser la galaxie. Lancées par une civilisation apparues il y a par exemple un milliard d’années, ces sondes auraient largement eu le temps de nous parvenir.

Autrement dit, si la galaxie n’avait que 1 milliard d’années, on pourrait se dire « OK, on est les premiers. Les autres ne sont pas encore arrivés, ou bien n’ont pas eu le temps de se manifester ». Mais comme ce n’est pas le cas, on peut se demander où sont ceux qui auraient dû se développer avant. Car en effet, on ne voit rien. On ne détecte rien.

C’est ce qu’on appelle le « Paradoxe de Fermi ». Ben où ils sont ?

Selon la légende, Enrico Fermi aurait mené ce raisonnement en 1950 lors d’un déjeuner informel avec 3 autres collègues. Bien que l’authenticité de la chose ne soit pas claire, l’anecdote est probablement restée dans l’histoire à cause de la réputation de Fermi : un véritable génie ayant le chic pour poser des questions simples et profondes.

 

Des pistes pour la résolution

On le voit, l’énoncé du paradoxe est assez simple. Sa résolution est une autre paire de manches. Notons pour commencer que le paradoxe n’en est un que si l’on a décidé qu’il existe d’autres civilisations. Cette solution est donc évidemment la première d’une liste longue comme le bras qui a fait couler beaucoup d’encre depuis 1950. Je renvoi le lecteur à l’article Wikipedia sur la question pour une discussion complète. Citons juste les plus courantes,

  1. On est tout seuls. Bien que des exoplanètes comme la terre ne manquent probablement pas dans la galaxie, la probabilité d’apparition de la vie serait si faible que l’évènement ne s’est produit qu’une seule fois.
  2. On n’est pas seuls, mais les autres se cachent pour on ne sait quelle raison.
  3. On n’était pas seuls, mais on l’est maintenant car toutes les civilisations s’auto-détruisent assez rapidement, si bien qu’elles n’ont pas le temps de laisser assez de traces pour qu’on les détecte.
  4. etc.

Y aurait-il un moyen de déterminer à priori le nombre de civilisations extraterrestres détectables ? Oui et non. Oui, car c’est précisément ce qu’ambitionne l’équation de Drake. Non, car si cette équation dépend de facteurs connus, elle en compte également d’autres qui ne le sont pas, comme par exemple la probabilité que la vie apparaisse sur une planète idoine, puis que cette vie donne lieu à quelque chose capable de se manifester à des milliers d’années lumière à la ronde.

 

Un enjeu spirituel ?

A l’instar de la question du début de l’univers ou de l’unicité de la terre, l’existence de civilisations extraterrestres a des enjeux spirituels. Pour certains, des versets comme Actes 17.26 interdisent l’existence d’extraterrestres puisque l’on pourrait interpréter ce texte comme voulant dire que toute vie intelligente doit être issue d’Adam et Eve. Et tiens, tant qu’on parle d’Adam, son péché a-t-il entaché les hypothétiques extraterrestres ? Christ serait-il également mort pour eux ? C’est le genre de questions que se posent les pionniers de la très sérieuse « astro-théologie » ou « exo-théologie » que nous aurons l’occasion d’explorer dans un futur article.

La question semble assez ouverte côté scientifique, la principale inconnue étant à mon sens celle de l’inévitabilité, ou pas, de la vie. Toutes les conditions propices étant réunies, la vie finit-elle nécessairement par apparaitre ou pas ? Une illustre inconnue que nous avions déjà rencontrée en parlant des exoplanètes.

Quoi qu’il en soit, la question est passionnante car comme l’aurait dit[1] Arthur C. Clarke, l’auteur de 2001 l’odyssée de l’espace,

De deux choses l’une : Soit nous sommes seuls dans l’univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux options sont aussi terrifiantes l’une que l’autre.

 

 


Note

[1] La paternité de la citation n’est pas claire. Elle est généralement attribuée à Clarke, mais d’autres options sont possibles.