Le samedi 18 janvier 2014, a eu lieu la réunion annuelle du Réseau des Scientifiques Evangéliques à Paris. Le thème de la journée : le hasard.  Journée très dense à dire vrai pour un thème difficile, journée très riche grâce à la qualité et la diversité des intervenants:

  • Emile Nicole, théologien, a traité de la question  du  hasard dans les livres bibliques de la Sagesse (Proverbes, Job et l’Ecclésiaste) ;
  • Lydia Jaeger, philosophe, a posé  les définitions et interrogations suscités par  la notion de hasard en relation avec le libre arbitre de l’homme et la souveraineté de Dieu ;
  •  Marc-André Dupertuis , physicien, a abordé la question du hasard en physique ;
  • Peter Clarke, dont les propos furent rapportés par Lydia Jaeger, a traité de la question du hasard,  du déterminisme  cérébral et du libre arbitre ;
  • Ard Louis, physicien, a quant à lui traité du hasard (ou plus justement de la stochasticité) et de l’auto-organisation de la matière ;
  • enfin David Brown, pasteur et président des GBU, a clôturé la journée par une réflexion pastorale sur le hasard dans la vie du croyant.

Avant de donner un bref compte-rendu (parcellaire) de cette journée, je vous inviter à visiter le site du RSE (rescev.free.fr), où seront sûrement mis en ligne les différents exposés.

 

Tout d’abord quand on parle du hasard, de quoi parle-t-on ? D’une cause inexistante (on parle d’indéterminisme) ou d’une cause inconnue?  Ainsi le hasard « vrai », cause inexistante, existe-t-il vraiment ? N’est-il pas plutôt  la limite de ce que nous pouvons connaître aujourd’hui ? (Lydia Jaeger)

Il apparaît que le consensus qui émerge de cette journée de réflexion, qu’il soit théologique, philosophique ou scientifique est que nous sommes bien dans un monde « déterminé », qui est régi par des lois. Ce déterminisme, l’hypothèse de l’existence de  causes aux phénomènes que l’on observe,  est d’ailleurs à l’origine de la science et le fondement même de toute démarche scientifique. Même si un hasard « vrai » et non local semble cependant exister au niveau quantique (et Marc-André Dupertuis  nous renvoie au livre  de Nicolas Gisin « L’impensable hasard »), il n’apparait pas facteur clé des phénomènes macroscopiques (Lydia Jaeger).

 

Une autre idée qui m’a paru stimulante est quand on considère les phénomènes d’auto-organisation qui sont observés lors de changement de phases (phénomènes purement physiques)  et qui aurait conduit à l’émergence de la vie ou dans l’évolution moléculaire de la structure de  protéines qui peut être modélisée et expliquée par des phénomènes stochastiques, nul n’est besoin d’invoquer une action intelligente comme cause proximale pour voir apparaître de l’ordre ou de l’organisation.  Ainsi, Dieu aurait-il choisi la stochasticité comme mode opératoire pour créer le monde ? Il est intéressant de noter que ces approches stochastiques sont d’ailleurs utilisées en science  comme méthode efficace d’optimisation (méthode de Monte Carlo) (Ard Louis)! Le hasard ne serait-il pas finalement la garantie d’un monde créé ouvert à un ensemble de possibles et donc libre ?

Peter Clarke a pour sa part plaidé pour une approche compatibiliste à savoir la compatibilité d’une activité cérébrale déterminée avec la possibilité d’un libre arbitre.  Enfin, le hasard est aussi  dans notre expérience humaine ce que nous qualifions d’imprévisible ou de coïncidence. Il nous renvoie à notre finitude et nous appelle à faire confiance « malgré tout », écho à l’invitation de l’Ecclésiaste à croire même si tout est vanité, tout est « hasardeux » (Emile Nicole).