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Réponse à Michel Thys


Arrestation de Dieu pour anti- scientisme

Dans la discussion que j’ai eu avec M. Thys sur ce blog, de nombreuses questions concernant les rapports science/foi ou science/athéisme ont été abordées. M. Thys a en particulier précisé sa pensée, il pense que « l’athéisme est la seule option scientifique défendable » mais que ce n’est pas la seule option « philosophique défendable ». Je suis d’accord avec la deuxième partie de cette affirmation, pas avec la première. L’athéisme n’est pas une position scientifique, pas plus que le christianisme n’ en est une !

Reconnaissons-le, dans l’histoire des rapports entre la rationalité et le christianisme, de nombreux croyants ont cru qu’il était possible de « démontrer logiquement » l’existence de Dieu. Face à une telle preuve, chaque être humain aurait été obligé  de reconnaître l’existence du créateur comme 1+1=2. La théologie naturelle, une étude de l’existence de Dieu et de ses attributs uniquement à partir de l’observation du monde qui nous entoure, a parfois cru qu’elle pouvait atteindre un tel objectif. Une constatation s’impose : la démonstration n’a pas convaincu tout le monde, loin s’en faut. Le mouvement créationniste qui cherche à prouver qu’une interprétation littérale de la Genèse peut être prouvée « scientifiquement », et le mouvement de L’Intelligent Design qui veut démontrer « scientifiquement » l’intervention du créateur s’inscrivent à mes yeux dans une démarche analogue. Ceci me paraît voué à l’échec, car le message biblique tout entier s’appuie sur la nécessité de la foi, y compris pour rendre compte de l’activité créatrice de Dieu.

Hébreux 11 :3 : « Par la foi, nous comprenons que l’univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu’ainsi le monde visible tire son origine de l’invisible. »

Depuis longtemps, les théologiens ont mis en évidence deux aspects apparemment contradictoires des modes de révélation de Dieu aux hommes. Dieu se révèle suffisamment, en particulier dans la personne de Jésus et dans sa Parole, pour que celui qui a l’amour de la vérité « entende sa voix ». En même temps Dieu se cache, comme pour tester spirituellement ce qu’il y a de plus profond en chacun d’entre nous. Il me paraît donc bibliquement fondé que chacun d’entre nous ait jusqu’au bout le choix : voir dans les mécanismes évolutifs la main de Dieu ou bien ceux d’un agent métaphysique déifié prénommé « hasard et nécessité ». Ancien athée et théologien évangélique connu mondialement, Alister McGrath  a développé un concept de « théologie naturelle » que je trouve très attrayant. Moins ambitieux mais plus biblique, son objectif est de montrer que si l’on prend le parti pris de la foi, la vision du monde qui en découle nous fournit un cadre très cohérent de la réalité qui nous entoure, nous en reparlerons…Ainsi, je ne pense pas qu’il soit possible de démontrer « scientifiquement » que le christianisme est vrai, mais j’expérimente que la foi me permet d’interpréter le monde d’une façon qui me comble intellectuellement, mais aussi psychologiquement, émotionnellement et spirituellement.

Je me placerai maintenant sur un autre terrain pour répondre à M. Thys qui pense que « l’athéisme est la seule position scientifique défendable ». En réponse à sa dernière intervention sur ce blog, j’ai déjà eu l’occasion de citer Stephen Jay Gould, célèbre paléontologue et vulgarisateur de l’Université d’Harvard, pas spécialement favorable au christianisme mais qui prenait bien soin de préciser les limites de la démarche scientifique. Celle-ci, par définition, ne peut se prononcer sur le contrôle transcendant de Dieu dans les évènements naturels.

Les  membres de l’ « American Society of Naturalists » dans  Evolution, science and Society  publié par The American Naturalist  (1987) ont déclaré :

« Les sciences de l’évolution ne sont ni plus ni moins matérialistes que d’autres sciences, elles ne proposent aucun guide d’ordre moral, mais seulement une analyse dépassionnée du fonctionnement et de l’origine des systèmes biologiques. L’utilisation que nous faisons d’une telle information appartient aux individus et à la société. »

Dans le même ordre d’idée, un sondage CSA de 1994 a révélé que : 70% des chercheurs du Centre National pour la Recherche Scientifique s’accordent à penser que «  la science ne peut à ce jour exclure ou réhabiliter l’idée de Dieu. »
Hubert Reeves (Astrophysicien) a déclaré :

« On a longtemps pensé que la science allait chasser la fonction religieuse, c’était une erreur. »

 

Guillaume Lecoîntre, du Museum National d’histoire naturelle de Paris ne disait pas autre chose en introduction dans la série de conférence « Evolution ? Evolution !! »

« Les scientifiques ne sont pas habilités professionnellement à se prononcer sur l’existence ou non d’une entité extérieure au monde physique qui aurait créé l’univers. La science ne peut pas trancher entre le matérialisme philosophique et le créationnisme au sens philosophique.»

Armand de Riqlès  a également déclaré.

« Il n’existe aucune difficulté particulière, me semble-t-il, à ce qu’existe un dialogue de nature scientifique entre les « theistic evolutionists » et les « materialistic evolutionists »… dans la mesure où les « théistic evolutionists » acceptent le matérialisme méthodologique, cadre de la science.  »

Ainsi, une grande majorité de la communauté scientifique semble s’accorder à penser que la science ne répond pas au questions « transcendantes » qui habitent chacun d’entre nous : « La vie a-t-elle un but ? La vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Dieu existe-t-il ? » A toute ces questions ma foi, et non ma connaissance scientifique me fait répondre par l’affirmative. Pour qu’un dialogue harmonieux tel qu’Armand de Riqlès le décrit puisse avoir lieu, il me semble que chacun devrait le reconnaître, quelle que soient ses options philosophiques de foi ou de non foi.


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