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L'approche de Loren Haarsma concernant la question du "péché originel"


Introduction

Loren Haarsma, mari de Deborah Haarsma, présidente de la fondation BioLogos et co-auteur de Origins, est l’un des lauréat du programme « Evolution et Foi chrétienne ». Son domaine de recherche concerne la doctrine du péché originel, comme plusieurs autres lauréats dont nous reparlerons bientôt. Lors d’une table ronde du colloque « évolution et foi chrétienne » organisé par la fondation Biologos, plusieurs ont pris la parole pour expliquer leur approche du problème. Certains ont un point de vue purement théologique, la démarche de Loren Haarsma n’est pas de présenter une solution toute faite, mais de faire réfléchir à différentes possibilités.

En chemise rose, Loren Haarsma, docteur en physique (Harvard) et professeur au Calvin College

 

Théologie du péché originel selon plusieurs scénarios des origines de l’homme

Loren Haarsma commence par poser certains fondements de sa réflexion :

Un point de départ commun et une palette de scénarios.

Plutôt que de défendre un seul scénario concernant l’origine de l’homme et le péché originel, notre but est de survoler plusieurs scénarios envisagés, affirmant tous une théologie chrétienne historique ainsi que les conclusions de la science moderne. Nous voulons organiser une discussion à propos des faiblesses et des forces des différents scénarios envisagés.

Tous ces scénarios sont en accord avec les points suivant :

  • Une haute opinion de l’inspiration et de l’autorité de la Bible
  • Une haute opinion de ce que Dieu nous enseigne quand nous étudions sa création par la science
  • Une vision biblique de la bonté de Dieu et de sa justice
  • Le péché en tant que rébellion contre la volonté révélée de Dieu
  • Les premiers actes de désobéissance de nos ancêtres ont eu des conséquences pour eux et leurs descendants
  • Tous les hommes aujourd’hui sont enclins au péché et incapable de lui résister
  • L’œuvre centrale de rédemption au travers de l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Loren Haarsma présente 5 scénarios envisagés dans la communauté chrétienne :

5 scénarios

  • Ancêtres récents : Dieu a créé spécialement une paire d’individus (Adam et Eve) il y a environ 8000 ans en Mésopotamie, et ils sont les ancêtres de toute l’humanité.
  • Ancêtres reculés : Dieu a miraculeusement modifié une paire d’hominidés pré-humains il y a environ 200 000 ans en Afrique. Ils sont les ancêtres de tous les hommes.
  • Représentant récents : Dieu a créé les hommes par des mécanismes évolutifs, il a ensuite sélectionné une paire d’entre eux il y a environ 8000 ans en Mésopotamie et les a considéré comme représentants (mais pas les ancêtres) de toute l’humanité.
  • Représentant reculés : Dieu a créé les hommes par des mécanismes évolutifs, il a ensuite sélectionné une paire d’entre eux ou un petit groupe, ceci incluant éventuellement des transformations, pour recevoir une révélation particulière, il y a environ 200 000 ans en Afrique. Ils sont les ancêtres (mais pas les seuls ancêtres) de toute l’humanité.
  • Symboliques : Dieu a créé les hommes par des mécanismes évolutifs. Adam et Eve sont des personnages symboliques racontant les multiples révélations de Dieu aux hommes et les multiples actes de rébellion de nos ancêtres.

Loren Haarsma analyse ensuite ces différents scénarios à la lumière des connaissances scientifiques solidement établies aujourd’hui :

Les preuves scientifiques concernant l’origine de l’homme

  • Les fossiles d’Homo Sapiens : En Afrique il y a environ 200 000 ans, les Homo Sapiens se sont dispersés et ont atteint l’Amérique il y a environ 15 000 ans.
  • Les fossiles d’Hominidés : Des créatures intermédiaires entre l’homme et d’autres primates, depuis plusieurs millions d’années.
  • Les similarités génétiques entre l’homme et les animaux : ceci est cohérent avec le fait que nous partageons un ancêtre commun.
  • La diversité génétique dans la population : implique un « goulot » d’étranglement dans la population ancestrale humaine de non pas deux individus, mais quelques milliers d’entre eux, il y a environ 150 000 ans. Des découvertes plus récentes montrent que les Homo Sapiens se sont croisés avec l’homme de Néandertal et de Denisova.
  • Les gènes et les structures cérébrale impliquées dans des prédispositions à des comportements « méchants » et « gentils » chez les hommes sont similaires à ceux que l’on trouve chez les animaux. Ceci permet de faire un certain nombre de conclusions et d’interprétations théologiques concernant nos premiers ancêtres. C’est un domaine de recherche actif, et il nous faudra nous y atteler.

Problèmes bibliques

  • La création est déclarée « très bonne », mais aussi dans la nécessité d’être soumise (et Gen 2-3 a lieu dans un « jardin »)
  • Genèse 2-3 comporte des éléments symboliques (serpent qui parle, deux arbres miraculeux)
  • Genèse 2-3 tels que les premiers auditeurs l’ont compris : il existe d’importantes similitudes et des différences avec les histoires des peuples alentour.
  • Genèse 4-5 suggère que la famille d’Adam a interagi avec d’autres personnes (la femme de Caïn, l’existence de villes)
  • Genèse 4-11 nous raconte une histoire « compressée » (musique, agriculture, travail du fer en quelque générations seulement, déluge universel, toutes les langues de la terre développée dans un seul événement).
  • Romains 5 parle du péché entrant dans le monde « par un seul homme », Adam.

Quels sont les suppositions de Paul et ses objectifs quand il parle d’Adam : Adam historique et archétype d’Israël et Adam comme moyen de raconter l’histoire du Messie aux païens ?

Le fait qu’il y a ait Adam et Eve (deux individus donc au moins deux actes de désobéissance)

Dans un prochain article, Loren Haarsma soulève des questions théologiques à propos de chaque scénario.


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