Les chrétiens ( et en particulier les évangéliques) qui s’intéressent un tant soit peu aux questions concernant les rapports entre la science et la foi ont certainement entendu parler ou même lu les écrits de Philippe Gold Aubert.

« Philippe Gold-Aubert a fait une carrière de chercheur scientifique en chimie pharmaceutique et a enseigné pendant 21 ans à l’Université de Genève. D’autre part, une activité socio-religieuse importante l’a amené à s’occuper de milliers de personnes. Enfin de nombreuses conférences sur des thèmes de science et de foi lui ont permis de rassembler une vaste documentation dont l’essentiel est résumé dans ce livre. Son dernier ouvrage: Les 3 Adams – Son site internet : http://www.natmark.qc.ca/gold/ – Agé, l’auteur est décédé en automne 2009. » (source : http://lechodeschretiens.over-blog.com/article-creation-et-evolution-la-science-confirme-le-livre-de-la-genese-39131621.html)

A bien des égards, PGA (si je peux me permettre) a été un précurseur dans les milieux évangéliques souvent marqués par l’anti évolutionnisme, et ces quelques mots me permettront de lui rendre hommage.

Tout d’abord PGA faisait preuve d’humilité lorsqu’il abordait ces sujets.

« Pour bien préciser, en tant qu’auteur de cet essai, je me considère simplement comme un brin de paille sur l’océan. Je n’ai aucune valeur supérieure quelconque, soit comme scientifique, soit comme théologien. Je ne suis qu’un « HOMO QUALUNQUE », comme on disait en Italie, il y a quelques années. » (http://www.science-foi.org/genese-et-science.shtml)

Il affirmait sans concession sa foi en l’inspiration des Ecritures et en leur pouvoir de nous révéler la pensée de Dieu.

« D’autre part, je précise que je crois à l’inspiration totale des auteurs des Saintes Écritures. Leur expression cependant est celle des connaissances de leur époque. Je crois aussi à l’Église universelle… »

Mais il n’hésitait pas à bousculer les idées reçues et à rappeler que la théologie est aussi une tentative de l’homme pour comprendre le mieux possible la révélation divine, et donc une activité d’interprétation faillible qui progresse sans cesse qu’il ne faut pas confondre avec la révélation elle-même.

« …mais ses théologiens, bien justement attachés à garder la lettre, sont aussi restés dans un statisme qui frise la mort. Ils n’ont pas suivi (ou de très loin) l’évolution des connaissances et des révolutions sociales de ces deux derniers siècles, empêchant ainsi beaucoup d’hommes intelligents de se joindre à l’Église. D’autre part, nombreux sont les théologiens qui ont perdu la foi dans l’inspiration de l’auteur par le Saint-Esprit. »

« …combien je suis heureux de ne pas avoir vécu à cette époque où une opinion divergente de « l’officielle » vous jetait en prison, ou vous menait à l’échafaud! Tout comme quand Galilée avait découvert que la Terre tournait, défiant l’avis autoritaire du clergé de l’époque, mais qu’il dut se rétracter. »

Il reconnaissait que les connaissances extra bibliques sont dans certains cas indispensables pour bien saisir le sens de certains textes, et c’est là que la science rend bien des services aux théologiens !

« L’une des difficultés essentielles est le manque d’objectivité et de connaissance scientifique de certains croyants, incapables de consentir à réviser des bases anciennes souvent fausses que la religion a maintenues constamment contre vents et marées dans les églises chrétiennes (voir l’exemple de Galilée). »

Dans son esprit, les chrétiens ne tenaient pas assez compte de l’histoire pour en tirer les leçons :

« Depuis quand l’Eglise est-elle dans l’ignorance des découvertes scientifiques et s’y complaît-elle (d’une manière générale) ?

Le problème de la condamnation de Copernic et de Galilée allait donc bien au delà du fait scientifique qui devait pourtant bientôt obliger le monde chrétien à réviser l’idée que la terre était statique au centre du monde. Galilée était aussi un chrétien sincère ; il expliquait sainement les rapports science et foi. Sa condamnation fut une erreur tragique qui a maintenu jusqu’à nos jours nombre de soupçons qui conduisirent finalement à la rupture entre science et foi. C’est cette rupture qui a maintenu le peuple chrétien dans l’erreur et dans l’ignorance, et qui a contribué au retard constant des croyants par rapport aux découvertes scientifiques, réalisées souvent, hélas, par des athées. »

Son désir était donc de réconcilier ces deux domaines de la connaissances : la science et la théologie, tout en préservant la spécificité de chacun. Dans cet esprit, il a animé des conférences grand public et un site internet. Il a aussi publié plusieurs livres :

LE COMBAT CRÉATIONNISME / ÉVOLUTIONNISME NE DEVRAIT PLUS AVOIR LIEU,CAR IL Y A EU :
CRÉATION ET
ÉVOLUTION
ET NON : CRÉATION OU EVOLUTION.

« CREATION ET EVOLUTION »

par le Professeur Ph. GOLD-AUBERT

 

Pour toutes ses motivations et ses initiatives, je veux donc rendre ici hommage à Philippe Gold Aubert, un pionnier dans la réconciliation de la science et de la pensée évangélique contemporaine.

Pour être complet, je me dois aussi d’exprimer ma principale réserve à propos de sa pensée. Il s’agit d’un certain concordisme scientifique en matière d’interprétation. Certes, PGA reconnaissait que la Bible ne s’opposait pas à l’évolution des espèces, mais il ne pouvait pas s’empêcher de lire dans la Genèse des connaissances scientifiques que l’homme ne découvrirait que quelques millénaires plus tard. Ceci l’a conduit à certaines impasses dans son interprétation de Genèse 1-11, en ce qui concerne l’âge des patriarches ou les généalogies par exemple qu’il lisait de façon très littérale.

« Ce texte capital démontre à lui seul qu’Adam fut le premier-né d’une auguste lignée. Né il y a environ 5 760 ans, Adam est bien UNE personne, et non pas un être plus ou moins symbolique, humanoïde ou extraterrestre, ou de pure imagination, comme le pensent la plupart des théologiens.

« Il en résulte que toute la race élue descendante d’Adam a été détruite par le Déluge, et que seul Noé a continué la lignée des Fils de Dieu dans le Proche Orient. Il vécut 950 ans (Genèse 9:29). »

Son interprétation des eaux du déluge mériterait aussi quelques commentaires… http://www.science-foi.org/questions/q34.shtml

Il lisait aussi dans le texte biblique de la création des données cosmologiques anachroniques pour beaucoup de spécialistes de ce texte.

« Et voici l’eau !

Le résultat final du refroidissement progressif de notre écorce terrestre et de notre atmosphère fut l’apparition de «l’eau, puis du sec» dont parle le verset 9 de la Genèse…

Genèse 1 :14 : « Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel pour séparer le jour d’avec la nuit… v 16 : Dieu fit les deux grands luminaires… »

L’atmosphère va s’enrichir pendant des millions d’années en oxygène. Toute la verdure se comporte comme un immense poumon, absorbant le CO2 et rejetant l’O2, exactement à l’inverse de ce dont ont besoin les animaux, qui absorberont l’oxygène pour rejeter le gaz carbonique.

Nous avons vu que la concentration de l’oxygène allait constamment augmenter, jusqu’à atteindre la valeur de 20 % de notre atmosphère actuelle. Il manquait encore un élément pour que survienne une modification capitale dans la végétation : l’apparition de la lumière solaire. A un moment donné, l’énorme couche de nuages (dus à l’évaporation constante qui se produisait dans cette espèce de grande serre) s’est déchirée. […] »

Ce genre d’interprétation concordiste « à la Hugh Ross » (leader des créationnistes de la terre ancienne) est aujourd’hui rejetée par les meilleurs spécialistes du texte biblique (Henri Blocher…)

 

Voici la réponse très complète que fait Paul Seely (théologien) à ce type d’interprétation de Genèse 1 :

http://www.asa3.org/ASA/PSCF/1997/PSCF6-97Seely.html

 

Conclusion :

 

PGA a donc marqué une étape dans la réflexion parmi les évangéliques à propos de la science. Si je lui reconnais de très grandes qualités de courage et d’honnêteté intellectuelle, ma conviction est que c’est pour notre communauté le moment d’aller encore plus loin et de tirer tout le bénéfice des progrès théologiques et scientifiques à notre disposition aujourd’hui, et de reconnaître aussi comme PGA que notre connaissance demeure partielle et imparfaite !