Crédit image : https://www.alfredkuen.com/biographie

 

Alfred Kuen est décédé ce 6 avril 2018 à l’âge de 96 ans. Auteur évangélique bien connu, il a écrit plus de 50 livres et participé à plusieurs traductions de la Bible en français. A titre personnel, j’ai surtout apprécié sa « transcription dynamique » du Nouveau Testament « Parole Vivante », et ses « encyclopédies des difficultés bibliques » consacrées au Nouveau Testament (je reviendrai plus loin sur l’Ancien Testament et la Genèse en particulier).

Alfred Kuen a également contribué de façon directe et indirecte à la question des rapports entre Bible et découvertes scientifiques. En 2005, il écrit ‘Le labyrinthe des origines » traitant des origines de l’univers, des espèces vivantes et de l’homme, en rapport avec les textes bibliques de la création. Il aborde plus globalement les 11 premiers chapitres de la Genèse, leur rapport à la science et à l’histoire dans son « encyclopédie des difficultés bibliques » consacrée au Pentateuque.

Comme souvent dans les livres d’Alfred Kuen, la force du ‘ labyrinthe des origines » réside dans la diversité des thèses présentées, même si elles sont parfois contradictoires. Cela permet au lecteur de confronter un certain nombre d’opinions et d’interprétations différentes.

A.K. rejette clairement les thèses du « créationnisme de la jeune terre », conscient que l’on ne peut pas séparer le processus d’interprétation biblique des données de la physique et de la géologie et que cette dernière nous aide à choisir entre plusieurs interprétations théologiquement valides.

Malgré tout, les analyses d’Alfred Kuen dans ses ouvrages restent marquées par le concordisme (le désir de faire correspondre les textes bibliques avec les découvertes de la science ), voire une certaine forme de littéralisme. A ce titre, il rejette l’évolution et surtout les origines évolutives de l’homme. Attaché à une interprétation historique d’Adam et Eve, il prend à son compte les arguments anti évolutionnistes des mêmes créationnistes qu’il avait pourtant réfuté concernant l’origine de l’univers. Il semble aller moins loin qu’Henri Blocher dans son acceptation des preuves de l’évolution.

A aucun moment, dans ‘Le labyrinthe des origines » ou dans les  « encyclopédie des difficultés bibliques », A.K. ne compare vraiment les textes bibliques avec les récits antiques égyptiens ou babyloniens pour les remettre dans leur culturel scientifique et historique…d’où une certaine impasse quand il parle des difficultés engendrées par le récit biblique du déluge, les grands âges des patriarches, toutes les grandes questions qui nous font penser que Genèse 1-11 ne peuvent être lus comme des récits « historiques » au sens moderne du terme (ce qui n’enlève rien à leur inspiration ou leur valeur théologique.)

En conclusion, nous saluons la mémoire d’Alfred Kuen parce qu’il a apporté beaucoup par sa curiosité intellectuelle et son amour de la Bible. Il a posé les bonnes questions, mais  la communauté évangélique devra aller au delà de ses conclusions concernant les rapport entre Bible et science pour tenir compte des découvertes robustes les plus récentes en matière de génétique notamment.

En 2011, j’ai consacré une série de 14 articles à partir des thèmes abordés par A.K. dans le « labyrinthe des origines », à partir du résumé de Philippe Gold Aubert…