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La Bible contient-elle de la "science ancienne" ?


 

C John Collins

 

Dans une série de deux articles, je voudrais partager quelques réflexions à propos d’un texte du théologien américain C. John Collins (à ne pas confondre avec Francis Collins, célèbre généticien, fondateur de BIoLogos…) à propos de la « science ancienne » dans la Bible. ( « Inerrancy Studies and the Old Testament : « Ancient Science » in the Hebrew Bible », Presbyterion 44/1, printemps 2018, p. 42-66.)

 

La Bible écrite avec une vue ancienne du cosmos

Nous nous sommes faits le relai sur ce blog d’un certain nombre de théologiens évangéliques qui admettent que la Bible a été écrite avec une « science ancienne », c’est à dire une description physique du monde partagée par les auteurs inspirés et leurs contemporains. Cette catégorie de théologiens est qualifiée de « non concordiste » en matière de science. Ils pensent que nous ne devrions pas chercher dans la Bible des révélations d’ordre « scientifique » puisque le Saint Esprit n’a visiblement pas cherché à modifier les conceptions anciennes du monde physique dans le processus d’inspiration.

 

L’un des théologiens les plus emblématiques ayant reconnu ce fait est John Walton du Wheaton College, dans son livre « The Lost World of Genesis One » (Le monde perdu de Genèse 1). Evidemment, ceci n’est pas sans poser quelques difficultés avec la notion d’ « inerrance » biblique, c’est à dire la notion partagée par beaucoup d’évangéliques et affirmée par les déclarations de Chicago que la Bible est « sans erreur », y compris en matière de science et d’histoire.

 

 

Inerrance biblique et les déclarations de Chicago

Il existe une autre catégorie de théologiens, comme Henri Blocher, Mathieu Richelle et dont J C Collins fait partie. Ces théologiens refusent de franchir  la «  ligne jaune » , c’est à dire reconnaître la description ancienne du monde physique dans la Bible. Contrairement aux « créationnistes » traditionnels, ils sont conscients d’un certain nombre de découvertes scientifiques. Ils essayent donc de trouver une voie moyenne : préserver l’inerrance biblique en matière de science et d’histoire et les découvertes de la science. Ceci donne lieu à un savant jeu d’équilibriste qui conduit parfois à des raisonnements assez sophistiqués, comme celui auquel se livre John Collins dans l’article dont nous allons parler. Tout en traduisant quelques passages de cet article pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, j’expliquerai pourquoi, aussi séduisants soient-ils, les arguments avancés ne me paraissent pas convaincants et pourquoi les détours intellectuels effectués semblent n’avoir qu’un seul objectif, sauver dans une (ultime ?) tentative les déclarations de Chicago.

 

Voici donc la traduction de quelques extraits, l’introduction de cet article de Collins (notre mise en gras).

 

« Je veux ici traiter la l’affirmation selon laquelle Genèse 1-11 présente  une « science ancienne », une affirmation qui a une longue histoire, et qui a repris de l’importance dans des travaux récents…

Ceux qui font cette affirmation peuvent être à peu près classés en trois catégories :

  1. Certains pensent que la science ainsi décrite fait « autorité », et donc qu’elle met des limites à ce que nous devrions découvrir ou pas au travers d’études empiriques et théoriques.
  2. D’autres supposent qu’il existe une relation plus souple entre la Bible et la science et préfère penser que la Bible anticipe d’une manière ou d’une autre les théories modernes, ou qui, peut-être sont confirmées par des théories modernes. Et finalement
  3. ceux qui pensent que la « science » est ancienne, mais maintenant discréditée, et à partir de là, ils concluent qu’ou bien nous devrions la considérer comme la coquille et considérer que les vérités spirituelle constituent le noyau, ou bien que nous devrions tout simplement remplacer cette vision ancienne du monde par notre connaissance moderne. Dans certains cas, plusieurs de cette dernière catégorie pensent qu’il faudrait réviser certaines doctrines à la lumière de la science actuelle.

J’espère, dans le long terme, faire changer d’avis les personnes de ces trois catégories, et je le ferai en considérant certains passages bibliques dont on a affirmé qu’il décrivaient une vision « primitive » ou démodée du monde- l’idée étant que pour les auteurs bibliques, cette vision du monde physique était « vraie ». « 

 

 

Conclusion

Nous aborderons cette analyse de John Collins dans un prochain article. En conclusion provisoire, il apparaît ironiquement que John Collins fait lui même partie des deux premières catégories qu’il veut faire « changer d’avis ». Il affirme lui-même qu’il souscrit pleinement aux déclarations de Chicago qui stipulent

Nous affirmons que Genèse 1-11 est factuel, comme l’est le reste du livre. Nous rejetons le fait que les enseignements de Genèse 1-11 soient mythiques et que des hypothèses scientifiques à propos de l’histoire de la terre ou des origines de l’humanité puissent être invoquées et être placées au dessus de ce que l’Ecriture enseigne à propos de la création.

Son analyse de l’historicité de la création surnaturelle  d’Adam et Eve, comme vu dans cet article le montre. Il est donc clair que pour Collins, la révélation biblique impose des « limites » dans ce que la science peut découvrir, et qu’elle anticipe à sa façon ce que les scientifiques ne manqueront pas de découvrir et de confirmer… Le problème, c’est qu’au contraire les données de la génétique nous montrent par plusieurs lignes indépendantes de preuves que l’humanité ne descend pas d’un couple unique qu’on pourrait assimiler à « Adam et Eve ».

 

 

 

Crédit image : rafaelbenari / 123RF Banque d’images


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