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Barth et l'évolution


Après avoir évoqué le genre littéraire de Genèse 1-11 (d’Adam à Noé) que Karl Barth qualifie de « saga », nous abordons l’une des questions les plus controversées parmi les évangéliques : Adam est-il un personnage historique ? On peut résumer l’avis de Karl Barth sur cette question par les points suivants :

Barth et l’Adam historique : nous sommes tous Adam.

  1. Deux passages bibliques font explicitement référence à Adam : Genèse 2-3, et Romains 5 :12-21 ( on peut aussi considérer 1 Corinthiens 15:22,24). Ces passages contiennent des éléments littéraires du genre Saga, ce qui rend  toute conclusion d’ordre scientifique ou paléontologique impossible, ou le fait l’exclure le polygénisme (l’humanité issue d’une population et non d’un couple), ou même toute conclusion et toute information à propos de l’Adam historique.
  2. Adam a deux interprétations : un individu particulier et un titre général pour tous les hommes, de façon à ce que la deuxième signification inclut la première.
  3. Adam est plus qu’une métonymie qui fait référence à l’humanité en général, il est le premier parmi des égaux, le premier à se rebeller dans une rébellion que tous ont rejoint.
  4. L’état déchu d’Adam (homme) n’est pas un poison qui a été transmis aux enfants d’Adam ou une maladie sexuellement transmissible, mais une rébellion qu’Adam a initié, et à laquelle  tous ceux qui étaient autour d’Adam se sont associés, indépendamment de leur lien de parenté.
  5. Cet état déchu n’est pas la conséquence d’un acte historique isolé, c’est la présupposition inévitable de toute l’histoire humaine. La rébellion d’Adam est un acte unique, mais tous ont participé à cet acte. La « chute » est la condamnation à la mort, prononcée par Dieu sur tous les hommes pour cet acte dans toute l’histoire humaine, de manière à ce que « par la désobéissance d’un homme, tous ont été fait pécheurs » (Romains 5: 18-19)
  6. Il n’y a jamais eu dans l’histoire d’état idyllique paradisiaque. Inutile de se retourner en arrière pour le chercher. Le premier homme est aussi le premier pécheur.
  7. Adam est l’arc en ciel et Jésus est le soleil. Adam n’est qu’une réflexion de Jésus. l’arc en ciel n’a pas d’existence indépendante de celle du soleil. L’arc en ciel ne peut pas se tenir debout contre le soleil. Il ne l’équilibre pas, et la même chose est vraie de tous les gens en Adam et de la  personne de Jésus.
  8. Il n’est pas nécessaire qu’Adam soit quelqu’un de particulier. Nous le sommes librement du fait de notre propre responsabilité. Même si la culpabilité d’Adam est comme la nôtre, elle n’excuse pas davantage notre culpabilité que notre culpabilité n’excuse la sienne.

 

Voici les propres mots de Karl Barth à propos de l’Adam historique:

Dans ce sens, la Bible donne à cette histoire et à tous les hommes le titre général d’Adam. L’AT et le NT mentionne très peu Adam. Il n’en est fait mention explicitement que dans deux passages : Gen 2-3 et Rom 5: 12-21 (on pourrait rajouter 1 Cor 15: 22,45). La signification d’Adam est simplement homme, et en tant que porteur de ce nom qui souligne l’être et l’essence de tous les autres hommes, Adam apparaît dans l’histoire de la Genèse comme l’homme qui doit son existence directement à la volonté créatrice et à la Parole de Dieu sans aucune intervention humaine, l’homme qui est à ce niveau le premier homme… Le nom d’Adam résume l’histoire de l’humanité, cette humanité que Dieu a abandonné à son orgueil comme résultat de son orgueil…Il en est continuellement ainsi. La même histoire se répète avec des variations innombrables. L’humanité rejoue sans cesse la même petite scène du jardin d’Eden. Il n’y a jamais eu d’âge d’or. Il ne sert à rien de regarder en arrière pour le chercher. Le premier homme a immédiatement été le premier pécheur. (Barth, Karl. Trans. G. W. Bromiley. Church Dogmatics: IV.1 The Doctrine of Reconciliation. Ed. G. W. Bromiley and T. F. Torrance. Vol. 22. London: T & T Clark, 2009. [507-08]. Print. Study Edition. )

 

Conclusion

Karl Barth croyait fermement dans le triple témoignage de la Parole de Dieu révélée dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, telle qu’en témoignent les Ecritures Saintes, et dans la prédication de l’église. Barth croyait aussi fermement que le consensus scientifique à propos de l’évolution rentrait bien dans les paramètres et les limites de la Parole de Dieu. Pour Barth, la Bible n’est pas un livre scientifique, mais il contient la révélation unique que Dieu n’a révélée dans aucun autre livre. Ainsi, les scientifiques sont libres d’utiliser la méthode scientifique et de suivre ses conclusions et en même temps de croire pleinement et sans compromis à Jésus-Christ. C’est le bon moment pour nous d’écouter les conseils d’oncle Barth sur la façon de répondre à ces questions difficiles concernant la science et la Bible.

Cet article est  la traduction partielle d’un article de Wyatt Houst paru sur le site de la fondation BioLogos.

 


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