Article 2 sur un total de 4 pour la série :

Et le péché originel dans tout ça?


Bruno Synnott, pasteur évangélique québécois, développe en ce moment sur son blog ( le « Big Bad Bruno ») une série d’articles tous plus passionnants les uns que les autres à propos du péché originel, de la remise en question de la conception augustinienne traditionnelle.

 

Je suis toujours en pleine réflexion sur cette question et j’aimerais simplement vous faire partager les différentes sources dont certaines sont disponibles sur internet qui me donnent matière à réfléchir.

 

Dans un dernier article, Marc et Bruno Synnott discutent de la signification de l’arbre de vie de la Genèse. Lorenet Déborah Haarsma ont écrit un petit article résumant trois interprétations « traditionnelles » de l’arbre de vie. Pour être très franc, aucune de ces interprétations ne me convient tout à fait.

 

En lien sur ce blog, vous trouverez  le blog de Steve Martin « un dialogue évangélique à propos de l’évolution. » Ce blog a été pour moi une mine de ressources. Steve Martin a publié une série de « e-books » accessibles à tous dans lesquels il a demandé à plusieurs théologiens et/ou scientifiques de débattre à propos de sujets délicats. L’un de ces e-book concerne le péché originel. Denis Lamoureux (biologiste et théologien évangélique), George Murphy (physicien et théologien luthérien), Terry Gray (scientifique investi dans l’American scientific affiliation) et David Congdon (théologien formé au Princeton theological Seminary) échangent leurs points de vue.

 

Voici ce que Denis Lamoureux écrit dans Evolutionary Creation concernant le péché originel

 

« Une approche du péché originel dans le contexte de la « création évolutive » soulève un certains nombre de questions. En particulier, le polygénisme graduel (l’humanité est issue d’une population et pas d’un couple unique) nous pousse à considérer à nouveau la doctrine traditionnelle du péché originel. Il faut ici souligner que la formulation des doctrines comporte un élément humain, et que celle-ci doit toujours être ouverte à une reformulation en fonction des progrès de la connaissance de l’Ecriture et de la science. De façon très significative, la catégorie « péché originel » ne se trouve pas dans la Bible.Cette doctrine a été formulée par Augustin (354-430) à une période où la création de novo (création miraculeuse  directe d’Adam et Eve dans un état adulte) était la science de l’époque. Pendant la plus grande partie de son histoire, l’église a soutenu fermement sa compréhension du péché originel, mais aussi cette compréhension scientifique ancienne des origines. Il nous faut donc reconsidérer la doctrine d’Augustin maintenant que nous avons accès à une meilleure compréhension scientifique des débuts de l’humanité. Cette situation est comparable à la réinterprétation des passages faisant référence à une terre immobile. Cette réinterprétation a été consécutive au rejet du géocentrisme par les astronomes du dix septième siècle.

 

A la lumière de la découverte des origines évolutives de l’homme, nous proposons une nouvelle formulation de la notion de péché originel. Le premier point consiste à séparer le message spirituel de Genèse 3 –tous les hommes sont pécheurs- des motifs anciens sous jacents que sont la création de novo et la perte d’un âge passé idyllique. Il est évident que la conception d’Augustin du péché originel était intimement liée, sinon confondue, avec ces paradigmes historiques et scientifiques anciens. Deuxièmement, la création évolutive place la vérité du péché universel de l’homme dans un contexte scientifique moderne- l’évolution graduelle de l’humanité. Vue de cette façon, l’entrée du péché dans le monde n’a pas été un événement ponctuel commis par deux individus. Le péché originel s’est au contraire manifesté graduellement et mystérieusement au long des nombreuses générations qui ont conduit aux êtres humains par un processus évolutif graduel.

 

Il est certain que le polygénisme graduel est une notion dérangeante pour la plupart des chrétiens. Ceci suscite très souvent trois objections en ce qui concerne la compréhension de l’origine de l’homme. Toutes ces questions sont légitimes, mais ont toutes trois une réponse :

 

  • Si Adam n’a jamais existé, alors il n’a pas péché et il n’était pas nécessaire que Jésus meure sur la croix.

 

  • Si nous ignorons exactement quand l’image de Dieu et le péché sont « entrés dans le monde », alors ces caractéristiques spirituelles n’existent pas.

 

  • Si les caractéristiques spirituelles humaines se sont développées pendant de nombreuses générations, alors la destinée éternelle des créatures « de transition » est problématique. »

 

Dans un prochain article, nous verrons les réponses données par Denis Lamoureux. Stay tuned !

 


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