L’enjeu concernant la position à propos des origines est énorme en ce qui concerne l’éducation de nos enfants. Comment pouvons nous les aider à comprendre le véritable message (d’ordre spirituel) du récit de la création, sans leur enseigner des choses en opposition avec la description scientifique du monde qu’ils seraient amenés à rejeter ultérieurement. Et cela ne serait pas sans risque pour leur foi.

L’école du dimanche commence avec l’enseignement de la création

La plupart des cycles d’enseignement des enfants commencent avec la création : Adam et Eve (la chute), Cain et Abel, et Noé (le déluge). Ces questions sont parfois revues à un autre âge, mais beaucoup d’églises ne les abordent plus pour les adolescents ou les adultes.

Mon propos se focalisera sur les années de l’école élémentaire. Je crains que la controverse création/évolution ne nous distrait des leçons les plus importantes de l’histoire de la Genèse. Les préoccupations concernant l’âge de la terre ou la réalité de l’évolution ne devraient pas nous faire oublier les pensées les plus profondes pour notre existence : la souveraineté de Dieu et sa proximité avec l’homme, sa transcendance et son immanence, et son appel pour que nous soyons ses représentants sur terre.

Faire porter l’accent sur les questions scientifiques serait détourner l’attention des enfants des choses essentielles. Ce dont ils ont besoin, c’est d’une présentation de la Genèse qui illumine leur imagination. La Genèse est le premier chapitre de la grande histoire de Dieu, pas la préface d’une notice ou d’un livre de science. Heureusement, les enfants seront certainement mieux préparés que les adultes pour comprendre le récit de la création parce que la distinction entre les « faits » et la « signification » ne les préoccupe pas.

Raconter l’histoire, explorer l’histoire.

La création, le récit du déluge sont certainement plus que de simples histoires, mais ne sont pas moins que ça. De la même façon que l’on ne peut comprendre les 4 évangiles correctement (et réconcilier leurs différences) sans comprendre quelle a été l’intention théologique de chaque auteur, le récit de la création ne peut pas être compris sans avoir en tête cette dimension d’histoire à raconter. Et même si tous les chrétiens ne s’accordent pas sur la manière dont Dieu s’y est pris pour créer, nous sommes tous d’accord sur le fait que Genèse 1 affirme que Dieu est le créateur de tout ce qui existe. Peu importe que cela lui ait pris 6 jours, le temps d’un clin d’œil ou des millions d’années. Ainsi, en mettant en avant la dimension narrative du texte, l’attention est portée sur le message divin plutôt que sur des détails théologiques insignifiants.

Ainsi, dites que c’est une histoire et racontez là en tant que telle. Décrivez la Genèse comme l’histoire de la création inspirée pour les enfants d’Israël, racontée par Moïse. Approfondissez ensuite l’histoire et la morale qu’elle contient. Utilisez le cadre des six jours, le parallèle entre les 3 premiers jours de séparation et les 3 derniers de remplissage des espaces ainsi créés. Le mieux est de rassembler sur un même tableau les 6 jours, plutôt que le faire séparément comme c’est souvent le cas. Demandez leur s’il manque une partie du monde sur le tableau ? Dites leur qu’Adam signifie « l’homme » en général, pas une personne en particulier. Que représente le serpent ? Que représente l’arbre ? Que représente la désobéissance d’Adam et Eve ? Demandez leur de quelle manière ils sont comme Adam et Eve. Aiment-t-ils apprendre des choses à propos des différents animaux, connaître leur nom ? Font-ils parfois des choses mauvaises ? Se sentent-ils coupables de les faire ?

Expliquez simplement le contexte de cette histoire. Ne répondez pas aux questions des enfants au-delà de ce qu’ils demandent.

Lorsque les questions arrivent, expliquez sommairement le contexte de la Genèse. Expliquez comment les peuples païens du temps d’Abraham et de Moïse adoraient la lune, les soleils et les étoiles et pensaient que beaucoup de dieux s’étaient battus les uns contre les autres et avaient créé les hommes pour être leurs esclaves. Ces peuples païens avaient aussi leur histoire du jardin d’Eden qui expliquait pourquoi les hommes essayaient toujours de faire ce qui est bon mais n’y parvenaient pas. La Genèse est la manière dont Dieu a transformé ces histoires pour corriger tout ce qu’elles avaient de faux et de mauvais. Il serait certainement bon que les moniteurs aient une idée de ces histoires elles mêmes (Enuma Elish…).

Surtout, ne donnez pas aux enfants plus d’information qu’ils n’en ont besoin à leur niveau, ne les surarmez pas avec des affirmations définitives. Nous, chrétiens qui pensons que Dieu s’est servi d’un processus évolutif pour créer ne devrions pas essayer d’expliquer que le récit de la création n’est pas littéral. Les enfants (et les moniteurs) ont besoin de savoir qu’il y a des choses pour lesquelles on peut suspendre son jugement jusqu’à ce que l’on soit plus grand ou que l’on ait plus de connaissance.

Si des enfants posent des questions telle que comment réconcilier l’évolution avec le récit de la création, rappelez-leur l’histoire et son contexte, et expliquez leur qu’il peut y avoir des différences sur la façon dont les adultes réconcilient les différentes façons dont Dieu se révèle à l’homme : la Bible et la nature. L’important est que tous les chrétiens ont confiance dans un Dieu fidèle, un Dieu qui a des projets d’amour pour nous tous : Adams et Eves.

 Racontez simplement l’histoire et laissez Dieu parler aux enfants !

Traduit, adapté par Benoît Hébert de « Teaching Creation in Sunday School » par Douglas Hayworth, article extrait de “Evangelicals, Evolution, and Academics”, sur le blog http://evanevodialogue.blogspot.com/2007/05/welcome-to-dialogue.html