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DIeu pilote-il le hasard ?


Les dernières discussions sur l’harmonie d’une vision Science & Foi proposée par Michel Salamolard et chahutée par Yogi dans ce commentaire  m’ont inspiré ce petit article pour revenir sur ce thème très discret dans la littérature populaire à propos de l’évolution : la convergence.

 

D’un point de vue strictement scientifique, nous serons certainement assez surpris de constater que contrairement à une idée reçue (que l’on retrouve assez bien caricaturée dans le fil du commentaire en lien dans mon introduction) l’évolution est malheureusement trop souvent perçue comme uniquement une suite d’événements fortuits voire capricieuse,  mais à y regarder de plus près,  l’évolution répète en fait des schémas qui semblent inéluctables pour un bon nombre d’entre eux !

C’est pourquoi on trouve dans l’arbre des espèces, plusieurs  caractéristiques qui vont apparaître d’une manière totalement indépendante au cours de l’histoire de l’évolution :

Denis Vennema nous brosse le récapitulatif suivant dans son cours sur l’évolution expliquée  :

  • Forme aérodynamique du corps : les formes aérodynamiques du corps de ceux qui ont une vie aquatique comme les poissons, les ichtyosaures, les baleines, les phoques et les oiseaux plongeurs (les pingouins) sont toutes des adaptations indépendantes et convergentes à la vie aquatique.
  • Vol actif : en plus des oiseaux et des chauves-souris, le vol actif a aussi évolué indépendamment chez les insectes et les ptérodactyles.
  • Echolocalisation : certains mammifères comme les chauves-souris et les baleines ont indépendamment développé des systèmes qui leur permettent de localiser de la nourriture à travers la détection des échos du son qu’ils génèrent sur les structures et les proies de leur environnement.
  • Yeux camérulaires : l’évolution répétée des yeux camérulaires (des yeux qui utilisent une lentille) est l’un des exemples les plus frappants de l’évolution convergente. Les yeux camérulaires ont évolué indépendamment chez les cnidaires (certaines méduses), les céphalopodes (comme les calmars et les pieuvres) et les vertébrés (oiseaux, mammifères).

 

Simon Conway Morris est un des plus grands paléontologues actuel, mondialement reconnu dans cette spécialité (la convergence) il recense sur son site tous les phénomènes convergents par domaine dans le cadre de ses travaux menés à l’université de Cambridge : http://www.mapoflife.org/browse/

Il explique  dans ses différents ouvrages publiés sur le sujet que la biologie ne pourrait fournir à cause de ce phénomène de convergence qu’un nombre de formes de vie limité, en postulant l’existence de quelque chose d’analogue à des « attracteurs » qui canaliseraient les trajectoires de l’évolution vers des formes fonctionnelles stables. [1]

D’après le chercheur,

« un tel programme de recherche pourrait révéler un niveau plus profond de la biologie dans lequel l’évolution darwinienne resterait un concept central, mais où les formes fonctionnelles possibles sont prédéterminées depuis le big bang »[2]

Sa conviction atteint un tel point que dans son dernier livre – que je n’ai pas encore lu  mais dont on peut lire la teneur un dans un article croustillant de the Independant–  le célèbre biologiste extrapole jusqu’à affirmer que si une vie extraterrestre existe dans l’univers, elle ressemblera à s’en méprendre à ce que nous connaissons de la vie sur Terre ou en tout cas très proche si les conditions environnementales  sont similaires aux nôtres !..

Si vous ne lisez pas l’anglais, don’t cry 😥  ! L’express n’a pas pu résister, ils ont carrément repompé l’article : http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/s-ils-existent-les-aliens-nous-ressemblent_1696037.html

 

Alors quid du hasard dans l’évolution ?
une fois encore, Nous touchons facilement aux frontières de la science et de la philosophie ou de la foi.

Ce hasard ne parait-il pas plutôt borné ? Exprimant une diversité, un  facteur de liberté de lois complexes inhérentes à une nature créée déroulant de multiples facettes d’une sagesse suprême compatible avec l’image que nous donne le récit biblique d’un Créateur aimant à l’origine d’un monde autonome, varié et gouverné par l’homme conscient de lui-même, responsable de son environnement et aspirant à communier avec son Créateur ?

L’avènement de l’homme ? Même si son chemin parait à nos yeux bien labyrinthique au sein de l’arbre de la vie, il semble que les lois de la nature plaident de plus en plus en ce qu’elles eussent été écrites depuis bien longtemps… Ce qui sonne fort juste aux oreilles et au cœur de n’importe quel théologien, et par extension de n’importe quel croyant ! Nous retrouvons  le bonheur de notre esperluette !

Science & Foi

 

Il est clair que les faits que nous présentent l’évolution (ou le big bang) auront un retentissement philosophique différent en fonction de nos convictions religieuses, c’est un sujet que nous abordons souvent sur ces pages et qui est magnifiquement traité par ian barbour, mais celui qui cherche une vision du monde cohérente saura certainement tirer profit d’une écoute attentive des arguments des uns ou des autres.
Non l’évolution n’est pas en concurrence avec l’idée d’un Dieu Créateur pas plus que le hasard (en tant que facteur de diversité) n’élimine une gouvernance supérieure .

Au plan scientifique, Il y a eu de grandes discussions entre Gould et Morris et beaucoup de pages écrites, nous ne manquerons pas de revenir sur ce sujet passionnant.

 


 

NOTES

1. Notre existence a-t-elle un sens ? Jean Staune – Presse de la renaissance p. 241

2. Simon Conway Morris Life’s solution Cambridge university Press 2003 p 328

 

Articles complémentaires sur le hasard et l’action de Dieu :

Le hasard comme moyen d’action de Dieu

Le hasard et l’action créatrice de Dieu dans le monde

 

 

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