thelangageofscienceandfaithVoici le 4eme volet tiré de l’excellent ouvrage de  Karl Giberson et Francis  Collins « The langage of Science and Faith » qui aborde des questions profondes sur le dialogue Science et Foi.

S’appuyant sur la discussion précédente à propos de l’action de Dieu dans le monde, les auteurs résument leur pensée :

Le débat peut paraître si élevé qu’il en serait indicible, nous pouvons pourtant tenter humblement de nous appuyer sur quelque chose que nous comprenons pour réfléchir aux choses qui dépassent notre entendement. « Dieu parle » a toujours été profondément métaphorique, et tout spécialement dans la Bible où Dieu est décrit comme Père, Créateur, Berger… Pour faire quelque déclaration sur Dieu, nous devrons utiliser notre langage avec des mots qui nous sont familiers.

En se reposant sur l’ouverture des lois de la nature, l’hypothèse est que l’action de Dieu dans le monde peut être comparée à la nôtre qui influençons le déroulé de la course des évènements.

la réflexion se poursuit alors autour du temps pour tenter d’équilibrer la vision présentée et d’en poser les limites :

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Mais il faut noter également que l’action de Dieu est profondément et nécessairement différente de celle des hommes.
C’est le cas en particulier pour son rapport au temps. L’action divine est fortement affectée par la relation de Dieu au temps.

Si Dieu est le créateur de l’univers dans son entier (et le temps est une composante de cet univers) alors la relation de Dieu au temps ne peut se restreindre au moment présent comme nos actions le sont.

Nous pouvons spéculer par exemple que Dieu crée un monde dans lequel un certain nombre de choses libres apparaissent mais comme canalisées pour conserver un haut degré de prédictibilité.

On pourrait assimiler cette idée à l’image de l’eau dans la rivière Niagara qui va forcément descendre les chutes mais nous ne saurions cependant  en représenter tout le cheminement précisément.

Peut-être Dieu a-t-il créé un monde où sa prescience  lui permet de dérouler le cours de l’histoire sans avoir besoin de la contrôler directement ou même sans en connaitre tous les détails ? Ou peut-être Dieu connait-il tous les détails sans réellement les déterminer lui-même ?

Car notre connaissance de l’avenir peut s’illustrer par le fait que nous savons ce qui se passera si une tuile tombe d’un toit mais cette connaissance pourrait difficilement provoquer la chute elle-même d’une tuile ou la souffrance qu’elle engendrerait. [Autrement dit, ce n’est pas le fait de connaître une chose qui la provoque nécessairement].

 

Parce que la perception du temps par Dieu  diffère de la nôtre, l’action de Dieu dans le temps diffère grandement de la nôtre de plusieurs façons.

Nous ne pouvons pas comprendre l’existence de Dieu en dehors du temps, et étant donné que nous n’avons aucun concept pour nous aider en cela, nous sommes manifestement limités dans notre compréhension de l’action de Dieu.

 

Conclusion

Notre compréhension moderne des lois de la physique combinée à une appréciation des moyens complexes dont Dieu use probablement dans sa relation au temps, peuvent nous fournir les éléments de synthèse pour une vision du monde théiste qui s’avère très robuste.

Darrel Falk fournit à ce sujet une excellente perspective dans son livre « Coming to Peace with Science: Bridging the Worlds Between Faith and Biology » en rappelant que la liberté peut bien être un composant central du monde biologique créé par Dieu tout comme elle l’a été pour la nation d’Israël (en référence au récit biblique) ou dans nos vies encore aujourd’hui.

Nous devons cependant rester prudents quant à une simplification  à l’excès de ce sujet et nous garder d’être tentés de construire un modèle complexe sur la manière dont Dieu interagit avec le monde physique. Il s’agit d’une question des plus profondes pour laquelle nous ne saurions nous attendre à des réponses simples.

La tradition chrétienne a toujours affirmée que Dieu aime, Dieu connait et Dieu agit, mais nous ne possédons aucune « théorie » sur le comment Dieu fait ces choses. Notre but devrait être d’éviter de restreindre l’échelle des possibilités en contraignant Dieu à se tenir dans les compartiments de notre propre imagination. Nous devrions également éviter de présumer par inadvertance que la foi ne joue aucun rôle. De nombreux chrétiens engagés sont tout à fait coutumiers d’une révélation émanant de  la nature au travers des yeux de la foi et qui affirme que les intentions de Dieu se réalisent, même si nous n’avons pas de modèle pour définir comment cela se passe. Ce ne sont pas des questions scientifiques, mais malgré tout, la science peut conduire la discussion en privilégiant certaines options.

Au final, cela restera donc toujours une affaire de foi !