couverture_dieu_et_la_science

En kiosque : Dieu et la science

Nous signalons à nos lecteurs la sortie en kiosque de cette revue au titre parfaitement en rapport avec la thématique de notre site.

Ce n’est pas la première fois que Science et Vie traite du sujet, et nous trouvons ici une synthèse très accessible et surtout menée avec la neutralité et l’intelligence qui s’imposent et un excellent niveau de recul (à mon goût). C’est en tout cas ce qui ressort de ma première lecture (non complète) du magazine et c’est loin d’être toujours le cas dans la presse scientifique française qui a parfois et encore trop souvent tendance à opposer science et foi ou à fustiger les religions en se focalisant sur les dangers (bien réels cependant) de l’obscurantisme. (Nous avions eu l’occasion de souligner cette approche biaisée dans cet article par exemple.)

L’intérêt de la rédaction pour des thématiques qui sont aussi les nôtres est assez frappant, à en juger des questions posées par la couverture :

  • Quelle place pour le divin aujourd’hui ? (la science a-t-elle éliminé Dieu ?)
  • Peut-on être scientifique et croyant ?

Et si les croyants que nous sommes prétendent avoir des réponses théologiques à certaines questions existentielles, il n’est pas inutile d’étudier avec rigueur des interrogations  telles que :

  • Sommes-nous programmés pour croire ?

Au sommaire

Sans être exhaustif, signalons  les sujets suivants reformulé librement :

  • Un état des lieux des principes qu’on retrouve dans les différentes religions
  • Quand la science recherche dans le cerveau ou les gènes des fondements biologique à la foi
  • L’évolution joue-t-elle un rôle dans la croyance chez l’homme, différence avec les animaux ?
  • Des scientifiques qui affichaient leur foi
  • Quelle place pour Dieu dans un monde de science qui s’explique de mieux en mieux ?
  • Le créationnisme

Quelques remarques

Je pourrai en dire un peu plus une fois ma lecture terminée, mais je tenais à faire ce premier rapport pour les impatients qui voudront se procurer la revue.

Un dossier équilibré

Comme dit plus haut, le souci de ne pas se précipiter dans des conclusions scientifiques hâtives sur des sujets encore largement en friche (comme celui des neurosciences par exemple) préside à chaque article. Les journalistes s’efforçant de  trouver des références contradictoires sur les sujets abordés et d’en faire une synthèse sans toujours chercher à trancher ce qui reste e,core dans l’expectative.
C’est en tout cas pour le lecteur, une occasion de faire un rapide tour d’horizon des expériences de la science qui tente parfois de s’aventurer dans le domaine de la foi et des religions – la limite entre les 2 domaines dessinant un contour parfois assez flou pour les uns ou les autres.

Dans un article intitulé « Théories scientifiques – Dieu a-t-il encore un sens ?« , aux convaincus qu’une théorie du tout finirait définitivement par répondre à tout, une citation de Costat Vachas du Laboratoire de physique théorique de l’école normale supérieure vient équilibrer le propos dans un paragraphe intitulé « Qu’en est-il du pourquoi ? » :

Supposons que l’on soit capable d’écrire les équations de la théorie du tout. Pourra-t-on ensuite traduire mathématiquement, donc dans le langage du physicien théoricien, la question de savoir pourquoi ces lois sont ce qu’elles sont ?

Pour enfoncer le clou – et ce n’est pas sans nous rappeler certaines discussions animées récentes à propos de la Vérité 😉 – le choix se porte sur Michel Blay (Philosophe des sciences et directeur de recherche au CNRS décidément bien sollicité par le corps médiatique sur les sujets science et foi…) par cette intervention :

 La science est une tension vers la vérité. Mais elle ne dit jamais la vérité avec un grand V. Cette dernière restant à jamais un horizon de la pensée.

Le mot de la fin qui vise –  à ne pas s’en cacher – le consensus ou l’équilibre certainement réclamé par le sujet lui-même, est laissé au non moins charismatique Etienne Klein (Philosophe des sciences, directeur de recherche au CEA et ancien professeur à Centrale Paris dont certains cours fabuleux sont disponibles en ligne..) :

Il y a trois modes de relation entre science et religion :
l’indifférence
, selon laquelle chacun a la conviction que son domaine n’a pas de compte à rendre ni ne peut tirer profit de l’autre.
La goujaterie,
lorsque les scientifiques pensent pouvoir traiter de la question de l’origine de l’Univers et les religieux qu’ils ont déjà la réponse.
et la politesse de l’esprit, caractérisées par un intérêt mutuel.
Après tout, les limites de la science ne sont pas connues et Dieu reste un concept assez diffus.

Ce qui boucle parfaitement avec le résumé que l’auteur,  Mathieu Grousson, fait de son article :

Certes, la science a progressivement contredit le récit de la création de l’Univers fait dans les Saintes Ecritures. Mais en restant muette sur les origines du monde, elle laisse en réalité toute sa place à Dieu ou à tout principe transcendant.

Les autres articles sont menés dans le même état d’esprit, également quand il s’agit de traiter des aspects propres aux religions ou à la foi, la ligne éditoriale reste concentrée sur les faits, les constats et les statistiques s’appuyant sur des études scientifiques ou sociologiques sans à chercher à en faire des extrapolations partisanes ou dévalorisantes.

Quelques infimes imprécisions

Pour paraître un minimum critique, je signalerai des petites imprécisions, ici ou là mais c’est vraiment pour avoir quelque chose à (re)dire :

Concernant la répartition des différentes religions (étude très instructive) il y a malheureusement confusion entre évangélistes et évangéliques pour cette branche du protestantisme français. non pas qu’il n’y ait aucunes similitudes entre les mouvements français et américains, mais la confusion portant souvent à amalgamer les dérives de nos cousins outre-atlantiques dans leurs campagnes spectaculaires (créationnisme dur, télé-évangéliste peu scrupuleux, etc..) il convient de garder évangélique pour décrire la communauté française.

Dans la revue des biographies des principaux scientifiques ayant déclaré une croyance (Copernic, kepler, Galilée, Pascal, etc..) quand il est question de Darwin dont chacun sait comme il l’est rappelé, qu’il se destinait d’abord à devenir pasteur de l’église anglicane, il semble qu’il glissa plutôt dans l’agnosticisme que dans l’athéisme comme l’article le prétend. Voir par exemple, cet excellente étude de Denis Lamoureux sur ce site. Mais la question essentielle est traitée avec une grande honnêteté car elle note bien que la foi du savant « fut sans doute plus ébranlée par des considérations philosophiques et personnelles que par sa théorie de l’évolution » en décrivant en particulier ses questionnements sur la compatibilité de la souffrance dans la nature avec un Dieu Bon, et en particulier à la mort de 3 de ses enfants.

Bilan des Premières impressions

Du fait d’une lecture non exhaustive, je ne peux pas prétendre à une conclusion, mais oserais-je le souligner encore, le ton autant que la rigueur et l’honnêteté intellectuelle qui animent ces pages sont suffisamment affirmés pour vous conseiller sans risque cette lecture instructive.

Nous sommes bien entendu sur un format de vulgarisation qui décevra peut-être les érudits les plus exigeants, mais le tour d’horizon ravira tous les curieux qui s’interrogent ou s’intéressent aux rapports entre la science et la foi ou les religion.

Cette approche journalistique offrira l’avantage par rapport à notre site de n’avoir aucun parti-pris concernant la foi ou les religions… Et offrir donc un regard extérieur plus neutre qui pourra en satisfaire plusieurs. 🙂

 

😀 On y parle de Francis Collins ! 😀

Même si le magazine ne peut échapper au constat que le monde scientifique moderne semble indéniablement s’éloigner d’une foi active, nous allons rencontrer avec plaisir Francis Collins au détour d’un article « vers la fin du sentiment religieux ».

Mais je me réserve un petit zoom sur ce sujet pour un second article 😉

 

Pour lire ce magazine

Si donc cette présentation vous a mis en bouche, vous pouvez vous procurer cette édition trimestrielle en kiosque ou en ligne. (Activer l’onglet ‘Hors séries »)

A signaler l’existence d’une version Electronique disponible sur PC immédiatement !
La version tablette n’est pas encore disponible et les liens sur les chapitres semblent bugger (en tout cas sur ma version de navigateur) mais la liseuse est très agréable avec son zoom et sa recherche.

Sinon il y a ici pour tablette, PC et autres smatphones, mais je n’ai pas testé :
http://www.relay.com/science-et-vie-hors-serie/dieu-et-la-science-numero-265-decouverte-63398-6.html

Pour moins de 5€, de quoi alimenter quelques discussions intéressantes.

N’hésitez pas à faire un retour de vos lectures sur cette page !