Article 2 sur un total de 3 pour la série :

Adam et moi


Crédit image : slavkosereda

 

Nous le savons tous et c’est un fait : nous avons beaucoup en commun avec les animaux. Pour certain, cela sonne comme une insulte. Mais voyons le côté positif : les animaux ne sont-ils pas des créatures magnifiques, chacune ayant des facultés, des sens… des instincts de survie et une sensibilité assez incroyable ?

Genèse 2.7 dit :

L’Éternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol, il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant

ce qui signifie littéralement une « âme vivante » (hébreux, nephesch et en grec psychè). L’âme ou néphesch ou psychè c’est la « vitalité ou la force de vie »[1]. La Bible dit que les animaux ont reçu une âme[2]. Il ne faut pas confondre l’âme avec une substance éternelle sous l’influence de la philosophie platonicienne. La pensée hébreu n’est pas dualiste. Ge 2.7 ne dit pas que l’homme « a » une âme, mais « est » une âme vivante[3]. L’âme, la chair et l’esprit forment en l’homme une unité indissoluble et non divisible.

Dans la tradition de l’église, Irénée de Lyon a combattu le gnosticisme qui est la pensée selon laquelle la chair est mauvaise et la pensée doit être libérée par une connaissance ésotérique. Il a bien compris que l’âme et le corps ne font qu’un et sont inséparables[4]. Il n’y a pas de mauvaises parties dans l’humain. La chair n’est pas en soi mauvaise. Au contraire, elle est adaptée à la vie terrestre. Elle est nécessaire pour vivre et survivre sur la terre.

Ce qui différencie l’homme des animaux, c’est qu’Adam (l’humain) soit créé à l’image de Dieu. Cela veut essentiellement dire qu’il a non seulement les facultés de se relier à Dieu, et que Dieu l’a spécifiquement choisi pour être son représentant désigné et pour avoir avec lui une relation d’alliance.

Malheureusement, lorsque l’on conçoit l’âme comme une substance spirituelle opposée à la chair et au corps (un dualisme anthropologique), ou que l’on cultive envers le corps et la chair (y compris les animaux) un mépris et une vision négative, nous avons tendance à renier qui nous sommes au lieu d’aimer ce qui nous lie avec cette création matérielle et d’apprendre à la maîtriser.

Que faut-il comprendre de cela ? Le rédacteur du récit de la création d’Adam est très réaliste concernant la nature humaine. Il semble clair pour lui qu’Adam est premièrement un « être naturel » lié aux autres. Il est chair, et il a son origine dans le sol comme les animaux. Or il affirme aussi qu’à la différence des animaux, Adam est « choisi » pour représenter Dieu, il est placé dans un jardin pour le garder et le cultiver (voir article précédent). Il est nommé pour régner sur la création (animaux inclus) au nom du créateur lui-même.

Le narrateur montre donc la solidarité que l’humain partage avec les animaux, avec qui il est proche et en interaction continuelle. Il doit non seulement agir envers eux en bon intendant, mais aussi apprendre à les dompter et à se dompter lui-même.

Toutes les réactions instinctives de peur, de colère, de jalousie ne sont pas en soi mauvaises, si nous comprenons qu’elles sont essentielles à la vie sur terre, et si nous apprenons à les maîtriser par l’Esprit de Dieu. Ces sentiments seront toujours là du seul fait que nous sommes terrestres, issus du sol. Ces émotions vives et parfois douloureuses sont aussi ce qui nous maintient en vie en plusieurs circonstances.

Dommage que devant le serpent, Adam ait cédé à sa logique animale et ce faisant se soit soumis au malin. Dieu l’appelait à dompter ses peurs et ses désirs en se soumettant à Sa Parole. Encore aujourd’hui, chaque croyant est appelé à dompter en lui les instincts et les sentiments terrestres par l’Esprit de Dieu. Il ne doit pas les mépriser car ils sont nécessaires pour vivre et survivre. Il est toujours temps d’apprendre à se connaître, de s’apprivoiser et d’exposer ses désirs, ses envies et ses craintes naturelles au Seigneur afin qu’il nous aide à les maîtriser.

 

 

Notes


[1] Gordon Zerbe, Paul on the Human Being as a « psychic Body » : Neither Dualist nor Monist, Direction Journal

[2] Même terme pour l’homme et les animaux en Ge 1.20

[3] L’esprit sémitique a été exploré et mieux compris depuis les travaux de Josh Pedersen (1946-47) Israël, its Life and Culture, oxford et Copenhagen, Tome 1-2

[4] Daniel Haynes (2011) the Transgression of Adam…, St-Vladimir’s Theological Quarterly 55, 3 (2011), p. 299


3 Articles pour la série :

Adam et moi