Au mois de juin, le journal “Le christianisme aujourd’hui” Christianity Today a fait sa couverture sur le thème du débat théologique à propos de l’historicité d’Adam et Eve. Le titre sur cette couverture est le suivant : « Certains spécialistes de la Bible doutent de l’existence du premier homme et de la première femme à cause des découvertes de la génétique. D’autres spécialistes affirment que l’intégrité de la foi requiert l’existence d’Adam et Eve. » Cela fait maintenant plusieurs mois que nous avons mis en ligne sur ce blog des articles traitant de ce thème très sensible pour les milieux évangéliques, et pour les chrétiens en général. Nous nous sommes fait les relais de plusieurs points de vue parfois contradictoires. Ce sont ces points de vue exprimés sur le blog de la fondation Biologos dont il est principalement question dans cet article que vous pouvez lire en ligne en anglais ici. Cet article paru dans un des journaux les plus influents est révélateur de l’actualité de ce débat théologique. Tout comme la fondation Biologos, nous ne prenons pas de position définitive sur cette question mais encourageons la réflexion et le débat. Sur ce blog et dans la catégorie Adam et Eve, Denis Alexander a présenté les deux scénarios qui paraissent aujourd’hui les plus plausibles, compte tenu du fait que la génétique nous indique très clairement que l’humanité n’est pas issue d’un seul couple : Adam et Eve qui aurait vécu au Moyen Orient au Néolithique. Denis Alexander défend timidement le modèle de « l’Homo divinus » qui voit en Adam et Eve un vrai couple de fermiers ayant vécu environ en -8000 avant JC et représentant spirituellement l’humanité. D’autres spécialistes mentionnés dans l’article de Christianity Today sont favorables à une interprétation symbolique d’Adam et Eve. C’est par exemple le cas de Denis Lamoureux, Peter Enns et Alister Mc Grath.

 

Dans un article paru sur le blog Biologos, son président Darrel Falk s’exprime longuement sur cette question et précise sa position, sur un ton et un état d’esprit  qui recherche l’unité des chrétiens et qui correspond tout à fait au notre. En voici quelques extraits.

 

« Il n’y a plus guère de doute à propos du fait que Dieu a créé toutes les formes de vie, y compris les êtres humains au travers d’un processus évolutif. Dieu aurait pu le faire en un instant. Après tout, dans l’acte divin le plus grand de tous les temps, Il a bien ressuscité Jésus d’entre les morts, en un instant. Pourtant, il parait  aujourd’hui certain que ce n’est pas ainsi qu’il a créé le corps de l’homme. Le processus de Dieu a été graduel et pas instantané…

 

La couverture de « Christinanity Today » est importante parce qu’elle entraîne l’église dans l’une des questions les plus importantes : Adam et Eve sont-ils des personnages historiques ? …

 

Les données scientifiques sont silencieuses à propos du fait qu’Adam et Eve puissent être considérés comme représentant de l’humanité (allusion au modèle de l’Homo divinus)- deux individus uniques mis à part par Dieu pour entrer de manière unique en relation avec lui et pour porter son image. De même la science est silencieuse sur la véracité de l’autre alternative- celle que l’histoire d’Adam et Eve ne soit pas celle de deux individus uniques. Selon cette dernière vision des choses, l’histoire d’Adam et Eve véritablement celle de toute l’humanité- nous sommes tous pécheurs et nous avons tous besoin de rédemption…

 

Tout ceci sont des questions théologiques, et pas scientifiques…

 

Bien que le site Biologos ait soulevé le problème et encouragé la discussion, nous appelons aussi à la prudence. Le modèle « fédéral » dans lequel un véritable couple particulier a vraiment  existé n’a pas été assez approfondi par les théologiens, et ce modèle accepte les découvertes de la science…

 

Le but de Biologos (et de ce blog et du site science et foi, note du traducteur) est de montrer que la science et le christianisme évangélique peuvent être en harmonie…et nous demandons à l’église de réserver son jugement pour un temps. Gardons les deux possibilités à notre disposition. Espérons que les meilleurs théologiens se pencheront sur le modèle « fédéral ». Souhaitons aussi que les meilleurs spécialistes continueront d’approfondir  leur vue d’Adam et Eve non historique et se pencheront sur les problèmes que cela suscite pour la plupart des évangéliques. La communication est la clé. Il faut que la réflexion théologique s’exprime en des termes compréhensibles pour chacun d’entre nous. Concevons ensemble des façons responsables d’un point de vue pastoral de présenter ces questions à l’église, sans pour autant être timide par rapport aux défis qui sont devant nous…. »