Un jeune étudiant chrétien de confession évangélique m’a demandé de décrire en 1000 mots ma position concernant la discussion « création versus évolution ». J’ai répondu avec plaisir à cette invitation. Cet article s’adresse donc tout particulièrement aux chrétiens qui se posent des questions concernant la compatibilité entre leur foi et les découvertes de la science !

« 1000 mots pour le dire »

 

Merci de m’avoir lancé le défi d’expliquer en quelques mots pourquoi il est possible et même nécessaire pour un chrétien d’avoir une vision harmonieuse de la science et de la foi. Une citation de Billy Graham résume bien mon propos

« Je ne crois pas qu’il y ait le moindre conflit entre la science d’aujourd’hui et les Écritures. Je pense que nous avons souvent mal interprété les Écritures et que nous avons essayé de leur faire dire ce pour quoi elles n’ont pas été écrites, et je pense que nous avons fait une erreur en pensant que la Bible était un livre de science. La Bible n’est pas un livre de science. La Bible est un livre de rédemption, et bien sûr, j’accepte l’histoire de la création. Je crois que Dieu a créé l’homme, et que cela ait été par un processus évolutif […] ou pas ne change pas le fait que Dieu a créé l’homme […] de quelque manière que Dieu s’y soit pris ne fait aucune différence dans ce que l’homme est et à sa relation avec Dieu. » Doutes et Certitudes

Tout d’abord, je suis fermement attaché à l’inspiration et à l’autorité des Ecritures. Je crois que Dieu est le Créateur de tout ce qui est, qu’il a conçu les lois physiques qui m’émerveillent et que j’enseigne au quotidien, qu’Il continue de soutenir sa Création à chaque instant et qu’il agit aujourd’hui encore par des interventions miraculeuses dans la vie des hommes.

Dieu se révèle de façon particulière dans sa Parole, nous montrant la personne centrale et l’œuvre de Jésus-Christ. Dieu se révèle aussi au travers de ses œuvres dans la nature. Le christianisme a historiquement donné des bases solides à l’investigation scientifique car pour le chrétien, le monde est intelligible et ordonné. Créés à l’image de Dieu, nous avons au moins en partie les facultés de découvrir cet ordre. Les conflits qui surgissent parfois ne sont pas des conflits entre la Bible et la science, mais entre nos interprétations de la Bible, et certaines extrapolations philosophiques illégitimes de la science. Richard Dawkins, partisan bien connu du nouvel athéisme a ainsi écrit dans l’Horloger Aveugle  (1986)

 

RichardDawkins« Je ne pourrais pas imaginer être athée avant 1859, lorsque Darwin a fait publier L’Origine des espèces…Darwin a rendu possible le fait d’être un athée intellectuellement comblé. »

Il nous faut combattre de tels propos en mettant en évidence leur caractère non scientifique et historiquement infondé, pas en combattant la science bien établie.

Il est tout à fait possible d’accepter l’évolution sans pour autant évincer Dieu en tant que Créateur. Darwin l’a écrit lui-même à plusieurs reprises, par exemple dans son Autobiographie

 

1-a-portrait-of-charles-darwin-is-displayed-as-part-of-an-exhibition-in-darwin-s-former-home-down-house-kent-southern-england_107« Une autre source de conviction dans l’existence de Dieu connectée à la raison et non aux sentiments, me donne l’impression d’avoir beaucoup plus de poids. Elle est due à l’extrême difficulté ou plutôt à l’impossibilité de concevoir cet univers immense et merveilleux, y compris l’homme et sa capacité à regarder en arrière et loin dans le futur, comme le résultat d’un hasard aveugle et de la nécessité. Quand je réfléchis ainsi, je me sens contraint de regarder à une Cause Première ayant une intelligence analogue, à un certain degré, à celle d’un homme ; et je mérite d’être appelé un théiste. »

La lecture complète des génomes de l’homme et d’autres espèces a confirmé ce que Darwin avait écrit, et ce que l’étude des fossiles, la répartition géographique des espèces, l’embryologie, l’anatomie comparée, les vestiges d’organes montraient déjà : les espèces n’ont pas été créées séparément, mais elles descendent biologiquement les unes des autres, l’homme y compris. Les scientifiques affinent leur compréhension des mécanismes, mais l’évolution elle-même ne fait plus guère de doute.

Les objections les plus fréquentes à l’acceptation de l’évolution chez les chrétiens concernent l’interprétation des premiers chapitres de la Genèse. La connaissance du contexte culturel dans lequel la Genèse a été écrite permet de lever cette incompréhension. Tout comme Jésus s’est incarné, le Saint Esprit s’est adapté au niveau de connaissance du monde des auteurs inspirés, c’est le principe d’ « accommodation ». Je manque de place pour expliquer cela ici, mais la littérature est aujourd’hui abondante sur le sujet surtout pour qui lit l’anglais

Beaucoup de chrétiens pensent aussi que l’évolution est guidée par le hasard, ce qui exclurait le contrôle de Dieu. C’est ce que certains athées voudraient associer à la théorie de l’évolution. La distinction entre le hasard métaphysique divinisé des athées et celui de la description humaine de certains événements naturels permet déjà d’y voir plus clair. Les chrétiens n’ont pas besoin qu’un prévisionniste météo « chrétien » leur rappelle sans cesse que Dieu contrôle le climat, phénomène hautement chaotique et aléatoire à notre échelle.

Certains croyants ont mis Dieu en concurrence avec une explication scientifique du monde. Ils pensent que Dieu est davantage glorifié s’Il agit en dehors des lois physiques qu’Il a lui-même instaurées. C’est une position très dangereuse. A chaque fois que la science progresse et trouve une explication rationnelle, Dieu a de moins en moins de place et se retrouve relégué dans ce que nous ne comprenons pas encore, au lieu d’être glorifié dans ce que nous comprenons déjà…

L’espace me manque pour aborder bien d’autres points délicats comme Adam et Eve, le péché originel, le déluge de Noé, les écrits de l’apôtre Paul, les paroles de Jésus, la notion de conception intelligente de la nature…Tous ces thèmes sont abordés en détail sur le site www.scienceetfoi.com. Certaines interrogations ont reçu des réponses satisfaisantes, d’autres font encore l’objet d’investigations.

En conclusion, je citerai John Stott, théologien évangélique mondialement connu

 

« Il est très regrettable que certains qui débattent ce problème (l’évolution) commencent par la supposition que les mots « création » et « évolution » sont mutuellement exclusifs. Si tout est venu à l’existence par l’évolution, disent-ils, alors la création biblique a été  prouvée fausse, alors que si Dieu a tout créé, alors l’évolution doit être fausse. C’est plutôt cette alternative naïve qui est fausse.  » Comprendre la Bible