Introduction (Benoit Hébert)

Rien n’est plus encourageant pour l’équipe Science & Foi que de recevoir des témoignages comme celui de Bartimée. Ce témoignage n’était bien entendu pas destiné à être rendu public, et nous remercions Bartimée d’avoir autorisé sa publication. Bartimée nous fait part de son cheminement en tant que croyant dans le « labyrinthe » des informations théologiques et scientifiques disponibles en ce qui concerne la Bible et la science des origines. Nous recevons régulièrement des témoignages de ce genre concernant nos publications, que ce soit les ouvrages de Roger Lefebvre, ici  » le faux problème de l’évolution », ou « Origines » de Loren et Deborah Haarsma.

Le monde évangélique est en pleine mutation et en pleine « évolution » sur ces questions. La situation est paradoxale. Beaucoup sentent plus ou moins confusément qu’il n’est pas normal qu’il y ait un conflit entre les découvertes de la science et une foi saine et authentique. Ils sont prêts à envisager des pistes de réflexion parfois inédites pour eux.

Dans le même temps, plusieurs entretiennent cette « paranoïa » par une rigidité théologique qui  a de quoi rebuter nombre de nos contemporains en recherche sincère de la vérité. On observe un durcissement de certaines positions « doctrinales », comme le montre ces récentes séries de podcasts publiés sur « toutpoursagloire » ou « leboncombat », rejetant les origines évolutives des espèces vivantes et de l’homme, et tenant pour crédible la défense d’une terre et d’un univers récents. (Attention les échanges sont « rugueux »).

L’idée n’est pas se lancer dans une « guerre des blogs » ou une surenchère numérique, mais il est normal que la diversité des opinions chrétiennes se retrouve exprimée également sur les nouveaux médias.

Le monde évangélique est entré dans sa « crise moderniste », comme c’était prévisible. Et cette crise n’est pas franco-française.

Nous ne prétendons pas avoir tout compris ni avoir réponse à tout. Nous sommes encore en chemin tant les ramifications pour la foi sont considérables quand on s’intéresse à ces questions. Que le Seigneur guide et protège chacun dans une démarche qui est bien souvent de plusieurs années.

Notre conviction est profonde depuis que nous avons commencé notre travail : le mouvement évangélique devra conjuguer vitalité spirituelle (ce qui est sa force) et rigueur intellectuelle (ce qui est parfois sa faiblesse en matière de science) pour pouvoir être pertinent et surtout rendre gloire à Dieu.

N’ayons pas peur de la vérité, ni de la recherche de la vérité, elle ne peuvent que glorifier notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

 


 

« Bonjour Roger,

Je tenais tout d’abord à vous remercier car la lecture attentive de vos livres a apporté des réponses à des questions qui ont été une réelle obsession pour moi à un moment donné. Elle a de plus ouvert des perspectives nouvelles sur des sujets qui me paraissaient difficilement conciliables avec la foi (ou plus exactement je dirais maintenant avec une certaine tradition de lecture des premiers chapitres de la Genèse). Pour comprendre, permettez-moi de vous partager quelque peu mon expérience à ce sujet.

 

Je dirais que la première fois que j’ai été confronté à un exposé sur la théorie de l’évolution remonte à ma 6ème secondaire. Etant né dans une famille chrétienne attachée à la parole de Dieu, j’ai été éduqué dans une lecture littérale du texte de la Genèse. Ne connaissant encore rien sur l’évolution, le récit de la création qu’on me présentait comme le mode opératoire divin suscitait pourtant en moi certaines questions mais je ne m’y attardais pas trop par respect pour la parole de Dieu (la remise en question étant souvent perçue comme de l’incrédulité dans nos milieux évangéliques, à tort parfois). Lors de cette première confrontation avec l’évolution, je rejetais le discours scientifique (du moins sur ce sujet) en bloc. L’idée de semblait ridicule et surtout elle animalisait l’être humain que Dieu avait créé à son image, pensée qui me paraissait alors inacceptable. Quant à l’âge prétendument jeune de la Terre, je ne savais que penser…

 

Je suis rentré à l’université avec l’idée que la théorie de l’évolution reposait sur une somme de fantaisies soufflées par l’athéisme ambiant et manquait clairement de rigueur scientifique. Cette vision des choses a quelque peu été secouée par mon cours de zoologie en première année de bachelier à Gembloux dont une part importante était consacrée à l’évolution. Plus le cours progressait et plus je me sentais mal, tant la théorie dont je me moquais quelques mois auparavant (ce que j’en avais appris en secondaire n’était en réalité qu’une caricature grossière de ce qu’est vraiment la théorie de l’évolution) me paraissait soudainement reposer sur une série de faits que ma logique acceptait naturellement.

 

Après avoir lu, relu et relu encore les premiers chapitres de la Genèse, je cherchais désespérément à concilier le texte avec le discours scientifique que j’avais de plus en plus de mal à rejeter. Eclairé par quelques lectures d’auteurs « concordistes », certaines pistes se dégageaient mais ne me satisfaisaient pas totalement vu la gymnastique qu’il fallait souvent faire jouer au texte biblique pour le faire coller aux découvertes scientifiques. Et dès qu’une nouvelle donnée venait bouleverser les paradigmes (car oui l’évolution est une science qui évolue sans mauvais jeu de mot), tout était à refaire. Je me suis également intéressé à l’Intelligent Design d’un côté et au créationnisme américain « pur et dur » de l’autre, mais ma déception fut tout aussi grande. Ces approches fragilisaient la foi en la ridiculisant plutôt que de la soutenir.

 

Je suis resté plusieurs années, quasiment jusqu’à la fin de mes études, avec des questions qui devenaient une véritable obsession pour moi, et pour lesquels je n’avais aucune réponse, ne trouvant même personne autour de moi pour m’aider. Glanant çà et là quelques idées, je commençais tout doucement à me faire ma propre lecture du texte (fort maladroite je dois bien le reconnaître) qui, pour être conséquent avec moi-même, m’obligeait à remettre en question l’interprétation d’autres passages bibliques. Sentant que je m’engageais dans des eaux trop profondes pour moi, j’abandonnai cette voie pour m’en remettre à Dieu. Je me rappelle d’avoir prié plusieurs fois pour qu’Il me révèle comment il avait créé l’Univers. Cela me semblait être d’une extrême importance pour grandir dans ma relation avec Lui (en y repensant aujourd’hui, j’en souris). J’ai alors senti que le Seigneur me demandait de laisser pour un temps ces questions de côté et de lui faire confiance car avant cela, il avait des choses d’une plus grande importance à m’apprendre pour ma vie de disciple de Christ. Restant malgré tout sans réponse par rapport à ces questions, c’est ce que je fis.

 

Tous ces questionnements restèrent alors en suspens temporairement. Et ce que le Seigneur m’a révélé de Lui, de son Evangile,… au travers de la lecture de la Bible, des cultes, des études bibliques, des rencontres entre chrétiens, des formations, des camps furent bien plus grands que tout ce que j’aurais pu demander à Dieu, même la révélation complète du comment de la création. Pendant ce temps de formation, j’apprenais à mieux connaître Dieu, la Bible et sans que le sache alors, le Seigneur me préparait à aborder plus sereinement et avec plus de maturité que je ne l’avais fait le rapport science et foi. Progressivement, le Seigneur apporta des réponses aux questions que je me posais sans que je ne les recherche nécessairement.

 

Aujourd’hui, je me dis qu’Il a regardé avec un œil favorable ma démarche de foi quelques années plus tôt. Et dans sa grâce, il consentait à répondre à certaines de mes questions. J’ai appris notamment à faire attention à la confusion des genres, aux pièges du langage, à la malhonnêteté intellectuelle, à démêler les implications philosophiques du discours scientifique,… La lecture de « Révélation des origines » de Henri Blocher m’a conforté dans l’idée qu’une lecture littérale du récit de la création n’est pas nécessairement un gage de fidélité si l’intention de l’auteur n’était décidément pas celle-là. La richesse de la lecture littéraire (ne remettant pas en question les implications théologiques de la Genèse mais s’accordant avec les dernières découvertes scientifiques en laissant la science travailler dans son domaine de compétence) me révéla un Créateur plus grand que je ne l’avais imaginé et ne pourrai jamais l’imaginer avec une lecture littérale. L’infinie sagesse de Dieu me semble en effet plus palpable quand je considère un Dieu concepteur de l’évolution qui a mis en place des lois mathématiques, physiques, chimiques et biologiques pour appeler à l’existence ce qu’il avait décidé qu’un Dieu moteur de l’évolution intervenant sans cesse dans son ouvrage imparfait (dessein intelligent) ou qu’un « Dieu magique claquant des doigts » (lecture littérale). La lecture littéraire et le concept de création évolutive se sont ainsi progressivement imposés à moi.

 

La lecture de votre livre m’a permis de remettre de l’ordre dans mes idées en confortant et reprécisant certaines notions, d’apporter des réponses et d’ouvrir de nouveaux horizons à certaines difficultés qui me restent (notamment à propos de l’évolution de l’homme et la question de l’historicité d’Adam). Rejeter ce qu’on nous a toujours enseigné reste difficile et il me faudra encore du temps pour être vraiment à l’aise avec cette nouvelle lecture et la partager Dieu voulant, à ceux qui butent toujours sur ce sujet. Je rends gloire à Dieu qui fait toute chose parfaitement mais en Son temps.

 

J’ai appris que votre livre a suscité « quelques remous » parmi votre ancienne association d’églises. Pour ma part, je n’ai discerné parmi vos lignes aucune idée remettant en question les 5 fondements du christianisme redécouverts à la réforme : le salut par grâce seule, par le moyen de la foi seule, en Christ seul, révélé dans l’Ecriture seule et pour la gloire de Dieu seul (les 5 « sola »).

 

Fraternellement,

 

Bartimée Galvan »

 


 

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