AMEGATSEVI Kokou Sename, Université Catholique de Lyon

Laboratoire de Biologie, Equipe d’Epistémologie et d’Ethique des sciences et technologies,
25 rue du Plat, 69288 LYON CEDEX02, France

 


 

Introduction dna inside capsule 3d illustration

L’explosion des connaissances scientifiques et de leurs applications, notamment en ce qui concerne les biotechnologies, suscite beaucoup d’intérêts et d’espoirs. Issues d’un mariage entre les sciences du vivant et les nouvelles technologies d’autres disciplines, les biotechnologies se sont imposées comme un instrument incontournable au cours de ces dernières années en recherche, en médecine, en agriculture, en alimentation et en protection de l’environnement. Elles concernent entre autre la

  • génomique
  • la transcriptomique
  • les nanobiotechnologies
  • les médicaments recombinants
  • la thérapie génique
  • les médecines légale et de procréation
  • les vaccins et anticorps
  • les denrées alimentaires
  • la biosynthèse
  • les biocatalyses
  • les bio-indicateurs.

L’optimisme suscité par les biotechnologies reposait sur cette certitude qu’elles représentent un grand atout pour l’homme; des technologies susceptibles de mettre au point de nouveaux vaccins et médicaments. Elles sont aussi reconnues comme des technologies efficaces pour améliorer les productions agricoles, pour lutter contre la famine, pour reproduire et préserver certaines espèces en voie de disparition puis participer à la protection de l’environnement. Par ailleurs, les biotechnologies ne cessent de susciter des espoirs pour lutter contre les pathologies dégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson. L’homme peut ainsi espérer une amélioration sensible de la qualité de vie. Le succès de cette technologie est aussi considérable dans la métagénomique ayant pour objectif d’étudier le contenu génétique d’un échantillon issu d’un milieu complexe comme l’intestin à des fins thérapeutiques, préventives et nutritionnelles.

Fort de ces différents succès, certains pays comme la Grande-Bretagne, ayant reconnu leur retard par rapport aux États-Unis, espéraient être au centre de la recherche et du développement biotechnologique en autorisant le clonage thérapeutique et en augmentant les subventions accordées à la génétique. Cependant, les espoirs suscités par les biotechnologies ont été très vite entaché de doute, de peurs au sein de la communauté scientifique hier [1] et aujourd’hui, au sein de l’opinion à cause de l’absence d’un débat rationnel entre les scientifiques et l’opinion publique, à cause d’une crise de la culture due à l’ignorance [2] et des considérations éthico-philosophiques. Quelles sont les autres raisons qui suscitent une telle méfiance au sein de l’opinion vis-à-vis des biotechnologies ? Après un bref exposé des succès sans précédent des biotechnologies dans plusieurs domaines, nous montrerons pourquoi certaines ambitions suscitées par les biotechnologies tournent aujourd’hui à la désillusion à cause parfois de la désinformation menée par les média et certaines idéologies scientifiques de la démesure venant essentiellement de l’Amérique du nord qui espèrent détourner les applications des biotechnologies à des fins politiques et utopiques. Alors, que ce soit bien clair, dans notre propos il ne s’agit nullement de rejoindre une de ces cohortes antisciences que retrace Gerald Holton dans Science and Anti-science [3]. Il est question au contraire de défendre l’esprit authentique de la science contre les fausses représentations des idéologies et utopies scientifiques et de co-construire avec les scientifiques. Comment surmonter une tendance technophobe au sein de la société et rétablir la confiance plus profonde et constructive entre le scientifique et l’opinion?

 

Aux fondements des biotechnologiesbiotechnology research

Considérée comme l’application des principes scientifiques et de l’ingénierie destinée à la transformation de matériaux par des agents biologiques pour produire des biens et services, les biotechnologies sont le résultat du mélange des sciences du vivant et de certaines nouvelles techniques issues de

  • l’agronomie
  • la médecine
  • l’informatique
  • l’environnement
  • la biologie moléculaire.

Les biotechnologies dépassent désormais la frontière des sciences de la nature et formelles pour s’étendre à une diversité croissante d’industrie. Elles relèvent d’un domaine essentiellement interdisciplinaire qui rend compte de son polymorphisme. John E. Smith, l’éminent scientifique présente mieux que personne les définitions polymorphiques de la biotechnologie [4]. Il a su montrer comment le génie génétique développé par Paul Berg, Werner Arber, César Milstein a été une phase importante et révolutionnaire de la biotechnologie moderne. L’assemblée générale de la fédération européenne de biotechnologie a adopté en 1989 de belles pages pour montrer les apports précieux de l’ADN recombinant à la biotechnologie traditionnelle utilisée durant les siècles dans la fabrication du vin, de la bière, la biorémédiation. La biotechnologie est

«l’intégration des sciences de la nature et des organismes, cellules, parties de cellules et analogues moléculaires dans les produits et services» [5],

en d’autres termes, une définition appropriée aussi bien à la biotechnologie traditionnelle que moderne développée à partir de l’ingénierie génétique. En dressant l’état des lieux de larges perspectives ouvertes par cette ingénierie génétique à la médecine et à l’agronomie, Jean-Claude Pelissolo rapporte que

« La biotechnologie consiste en l’exploitation industrielle des potentialités des micro-organismes, des cellules animales et végétales et des fractions subcellulaires qui en dérivent» [6].

De tout ce qui précède, la biotechnologie a une définition aussi dense que polymorphe qu’il serait difficile de comprimer celle-ci dans une phrase. Cependant, pour bien comprendre les différents domaines de la biotechnologie, nous devons saisir ses origines d’ordres scientifique, programmatique, idéologique, politique voire philosophique. Le terme biotechnologie est rentré tardivement dans le vocabulaire français pour évaluer la place des applications de la biotechnologie dans la société. Utilisée pour la première fois aux États-Unis en 1917 par un brasseur allemand John Siebel et l’agronome hongrois Karl Ereky [7], la biotechnologie est beaucoup plus récente en France qu’on aurait tendance à le croire et fut introduite en 1978 par une équipe de rapporteurs dirigée par François Jacob, François Gros et Pierre Royer pour recenser les applications des biotechnologies les plus utiles pour le progrès de la société [8]. Pourrions-nous conclure que ce retard terminologique est la conséquence de l’insensibilité ou du manque d’intérêt de la France pour les biotechnologies ? Nous ne saurons répondre ici à cette question qui relève de la sociologie des sciences et des techniques. À l’origine, la terminologie des biotechnologies désigne les techniques ancestrales de la fermentation, c’est-à-dire, le métabolisme des micro-organismes ou la zymotechnia utilisée pour la première fois par le chimiste Georg Stahl [9]. Mais avec les nouveaux développements, la zymotechnie devient une discipline enseignée à l’école d’ingénieurs de Prague et à l’Institut de Berlin consacrée à l’industrie des fermentations. Jusque-là, la zymotechnologie est toujours utilisée pour désigner la technique des fermentations de la bière enseignée à l’Institut de Berlin qui fut par la suite déplacé à Chicago. Mais en 1917, l’influence du puritanisme, notamment le mouvement pour la tempérance, fut sans précédent aux États-Unis. Pour élever le niveau de la moralité et améliorer la vie des citoyens, ce mouvement se mit à haranguer la société sur les dangers de l’alcool et les mesures relatives à la prohibition de l’alcool furent promues. La zymotechnologie consacrée à l’industrie des fermentations de la bière est alors mal vue. La biotechnologie fut alors créée par Emil Siebel pour se substituer à la zymotechnologie. La marque de fabrique de la biotechnologie fut reprise diversement. Elle fut introduite en Italie dans l’industrie de la tannerie en 1921 [10]. Elle fut reprise aussi par l’agronome Karl Ereky pour désigner la science des transformations par la « machine animale et végétale ».

La biotechnologie doit être un orviétan à la disette à l’image du porc et d’autres animaux et végétaux considérés comme des « machines biotechnologiques » [11], écrit-il. La nutrition aussi s’empare de la biotechnologie pour pallier les besoins de l’humanité en protéines. La chimie de Chaim Weizmann a réédité la biotechnologie sous une autre forme dans la perspective de la production biologique de substances chimiques. La médecine n’est pas en reste. La biotechnologie est reprise mutandis mutatis par la médecine, par l’eugénisme pour construire un monde pacifié ainsi que par de nombreux esprits comme Julian Huxley, John B. Haldane pour discuter des perspectives ouvertes par l’ingénierie biologique [12]. Après la première guerre mondiale, beaucoup ont commencé par redouter les technologies classiques de la transformation de la matière et de l’énergie. Une nouvelle technologie soucieuse du développement économique devient de plus en plus une nécessité. La biotechnologie est aux yeux de plusieurs la technologie appropriée et plus importante que l’ingénierie chimique et mécanique. À l’instar de Thomas Hogben, la biotechnologie est pour beaucoup une solution verte, une réponse conforme à l’idéologie socialiste pour surmonter les problèmes posés par la rationalité technico-économique comme la pollution, la surpopulation. Le développement social, la lutte contre la famine, la sous-alimentation doivent passer nécessairement par la biotechnologie.

Par ailleurs, après la grande crise de 1929, nombreux sont les scientifiques et les politiques qui ont commencé par remettre en cause l’organisation industrielle et technoscientifique en cours. Au-delà des plans de sauvetage économique mis en avant pour juguler la grande dépression, certains scientifiques américains ont estimé que les innovations technologiques ont leur place dans la politique de la relance économique. Cependant des réserves sont émises car l’imaginaire technoscientifique en cours est l’une des causes de la crise écologique et est incapable d’établir un lien durable entre l’homme et son environnement. Il nécessite donc de penser une nouvelle technologie qui assurerait l’équilibre entre l’homme et la nature sans remettre en cause le développement économique. Des ingénieurs, des scientifiques estiment qu’une nouvelle ère technique s’impose après les âges éotechnique, paléotechnique et néo-technique. Par opposition à la néo-technique, Mumford considère l’âge biotechnique comme un modèle organique de technologie où les systèmes biologiques se dirigent vers « la richesse qualitative, l’amplitude, l’espace, et l’absence de pressions quantitatives ou de surpeuplement. L’auto-régulation, l’auto-correction, et l’auto-propulsion sont autant de propriétés intégrantes des organismes que la nutrition, la reproduction, la croissance et la réparation » [13].

L’âge biotechnique modèle la vie tout en cherchant l’équilibre entre l’homme et le milieu et en s’accordant aux besoins fondamentaux de l’homme. C’est pourquoi, après la deuxième guerre mondiale, il fallait trouver une nouvelle technologie pour répondre aux besoins démographiques criants et au sous-développement en réaction aux technologies classiques de l’âge atomique essentiellement destructrices. Dans cette perspective, par opposition à une technologie de destruction de masse, la biotechnologie est une technologie verte conçue pour éviter les problèmes écologiques à long terme et pour répondre aux besoins d’alimentation, de santé etc… Cette vision humaniste de la technologie verte est saluée par certains industriels et certaines compagnies pétrolières pour synthétiser les protéines à partir du pétrole. Les résultats de cette révolution verte biotechnologique sont sans précédents avec les rendements spectaculaires du blé et du maïs grâce à la création des variétés nouvelles. Les espoirs suscités par les biotechnologies sont sans précédents et auront des échos favorables avec la découverte de l’ADN.

 

Les espoirs et les promesses des technologies du vivantHuman gene research and genetic analysis concept with DNA spiral

Vers le génie génétique

En 1910, Thomas H. Morgan et son équipe établiront les règles de la nouvelle génétique avec la découverte de la théorie chromosomique [16] bien après la visualisation des chromosomes faite par Walther Flemming en 1875. En 1927, le disciple de Morgan, Hermann J. Muller découvre la théorie de la mutation de modèles « patterns » héréditaires à partir de rayons X, mais ignore la nature du matériau responsable de cette mutation [17]. Dans les années 1940, Oswald T. Avery de l’Institut Rockefeller découvre en ADN, le vecteur chimique des gènes [18]. Il était parvenu à la conclusion selon laquelle l’ADN (acide désoxyribonucléique) à l’intérieur des chromosomes avait certainement une relation avec l’hérédité mais sans arriver à donner de précision sur son mode de fonctionnement. Dans les années 1950, le britannique Francis Crick et l’américain James D. Watson, tous deux biologistes à l’Université de Cambridge construisirent un modèle géant d’une molécule d’ADN. C’était la pièce maîtresse de la vie. Crick et Watson baptisèrent leur modèle « la double hélice » composée des substances chimiques qui forment le code génétique [19]. Pour Jean Rostand, les caractéristiques d’un individu dépendent de la manière dont ces quatre bases se combinent et s’ordonnent dans les molécules des bases [20].

D’elles provient toute la diversité génétique de l’espèce, exactement de la même manière que toute notre littérature est écrite avec vingt-six lettres et toute la musique avec sept notes. C’est alors que débutèrent les prodigieuses techniques de manipulation génétique en vue d’effacer ou remplacer purement et simplement les gènes défectueux.

  •  Cette découverte de la structure de l’ADN ne sonne pas la fin des paradigmes de l’hérédité. Après ces deux phases importantes dans l’histoire de la génétique moléculaire, un autre biologiste du nom de Marshall Nirenberg a levé le voile sur le code génétique [21]. Il a voulu répondre à la question restante : comment passe-t-on de la structure de l’ADN à la structure des protéines ? Il parvint ainsi à associer les diverses composantes de l’ADN et à montrer la manière dont les briques se combinent en fonction des besoins. C’est ainsi que le premier gène complet fut produit par synthèse en 1970 par une équipe du Massachusetts Institute of Technology dirigée par Har Gobing Khorana [22]. Si jusque-là, la découverte de Nirenberg signe la fin de la biologie moléculaire, elle inaugure le début de la biochimie pour comprendre les réactions chimiques au sein du vivant, notamment au sein de la cellule. Certains biologistes ont préféré aller au-delà de la compréhension du fonctionnement et des réactions chimiques ayant lieu au sein de la cellule pour localiser les gènes car la localisation des gènes est une phase très importante si on doit changer ou réparer un gène défaillant par hérédité. Le projet de la localisation a été mis en place par une équipe de généticiens, de biochimistes et de biologistes cellulaires de l’Université Yale dirigée par Frank Ruddle. Mais c’est en 1971 que l’équipe de Henry Harris à Oxford a émerveillé les milieux scientifiques en faisant disparaître une tare génétique dans une cellule de souris [23]. Cette tare consistait à l’impossibilité de fabriquer une enzyme déterminée. On retrouve la même tare chez les hommes dans le syndrome de Lesch-Nyhan. L’hybridation cellulaire ou la fusion cellulaire est la formation in vitro d’une cellule hybride par l’union de deux cellules de types différents et signe le début de la thérapie génique à partir du moment où on la transplante dans l’organisme [24] (transduction). À partir de la localisation des gènes, l’hybridation cellulaire sera mise en place pour modifier les cellules humaines présentant des défauts génétiques[25]. Par exemple, les cellules des diabétiques sont défectueuses parce qu’elles ne contiennent pas la forme correcte du gène qui fabrique l’insuline. Il est possible que la transduction puisse être un remède et par conséquent guérisse le diabète [26]. La modification directe du génome et le contrôle du fonctionnement génétique pour produire de meilleurs organismes ont permis «l’amélioration de tous les organismes vivants par des processus que nous devrions appeler ingénierie biologique» [27], des techniques qui ont conduit à de nouvelles formes de la biotechnologie [28] considérées comme une panacée quasi universelle pour éradiquer les maladies génétiques, un outil idéal pour lutter contre la famine dans le monde.

 

  • Nous sommes aujourd’hui par le biais des technologies du vivant en mesure d’agir non seulement sur notre environnement, mais aussi sur le socle de notre identité en modifiant notre génome. Cependant cette idée de modifier le génome remonte à l’histoire de la biologie et de la génétique avec les différentes théories de l’hérédité. Sans reprendre toutes les théories de l’hérédité analysées par Ernst Mayr [14], nous allons faire ici le tour de quelques-unes de ces théories. L’hérédité est une notion polymorphe, une notion juridique aussi vieille que la notion de propriété, en d’autres termes, un concept qui existait avant les théories biologiques. Mais ce concept prend une autre dimension, c’est-à-dire biologique au cours du XIXe siècle avec le développement des théories de transformation des espèces du lamarckisme et de darwinisme. En 1865, les expériences de Gregor Mendel sont exposées devant une société de naturalistes [15]. Le moine de Brno en Moravie formula les lois universelles de l’hérédité même. Il est arrivé à cette conclusion que les caractères ancestraux devaient être transmis, de génération en génération par quelque substance qu’il ignorait.

 

Les espoirs des biotechnologies

La manipulation génétique, une des principales avancées scientifiques du vingtième siècle, entretient l’espoir de mieux connaître certaines pathologies héréditaires afin d’y remédier. Les possibilités d’application qu’elle offre dans la recherche biomédicale sont immenses et ne cessent d’émerveiller.

 

  •  Les thérapies génique

La thérapie génique inaugure une nouvelle approche thérapeutique. Fondée sur l’apport d’un gène grâce à un vecteur viral, son remplacement, sa suppression ou sa mise en silence, cette thérapie n’en est plus à ses balbutiements. Cette méthode thérapeutique concerne essentiellement la thérapie somatique. La thérapie germinale, qui supposerait une intervention sur les gènes des gamètes donc une transmission possible aux descendants, pose des problèmes éthiques particulièrement difficiles. Elle peut se pratiquer ex vivo en réinjectant des cellules transformées par les modifications génétiques (lymphocytes) ou in vivo par l’injection directe des gènes au niveau de l’organe lui-même [29]. La thérapie génique ne peut être utilisée que pour l’une des 4000 maladies monogéniques connues [30]. En effet, un grand nombre de maladies génétiques sont multigéniques et multifactorielles et ne se prêtent pas à un tel traitement. Pour ce qui est des maladies monogéniques, encore faut-il que le gène muté en cause soit clairement identifié. Or, souvent un gène a de nombreuses mutations responsables de pathologies graves, mortelles, ou totalement asymptomatiques. La thérapie génique ne peut donc s’adresser qu’à des maladies aux mécanismes pathologiques bien identifiés : déficit en OCT (ornithyl carbamyl transférase), hémophilie, déficit immunitaire lié au chromosome X. Parmi les premiers essais réussis, le traitement du déficit immunitaire (DICS) d’Alain Fischer a retenu l’attention [31]. Nous pouvons distinguer deux types de thérapie génique [32]. La thérapie génique somatique ne suscite guère d’opposition de principe. Elle consiste en effet à corriger les effets d’un gène déficient par l’apport au niveau des tissus concernés de séquences actives, via un vecteur le plus souvent viral [33]. Par contre, la thérapie génique germinale est une technique qui n’est pas encore maîtrisée et qui réveille les vieux démons du nazisme et pose des problèmes éthiques, notamment parce qu’elle touche au patrimoine héréditaire de l’homme [34] .

 

  •  Les transgénèses

D’autres techniques de manipulation génétique comme la transgénèse animale d’une part et d’autre part la transgénèse végétale sont mises au jour. La transgénèse consiste essentiellement à introduire des gènes dans les espèces animales ou végétales à des fins thérapeutiques ou agronomiques. Les souris « Knock-in » ou « Knock-out » ont été conçues dans les laboratoires. Le patrimoine génétique de ces souris a été modifié avec le remplacement d’un gène déficient par un gène actif (souris Knock-in) ou en changeant un gène actif en un même gène modifié ou inactivé (souris Knock-out) [35]. Ces transgénèses animales constituent un formidable moyen pour étudier et guérir les maladies génétiques humaines. Les transgénèses végétales ne sont pas en reste. En guise d’exemple, les scientifiques ont réussi à produire l’hémoglobine humaine avec des plants de tabac génétiquement modifiés pour favoriser la transfusion sanguine même si une telle technologie n’est pas encore en usage [36]. Les animaux transgéniques ou « pharmacies sur pattes » [37] sont conçus pour produire certaines protéines thérapeutiques ou d’intérêt agronomique comme le lait plus digeste. C’est le cas de ce laboratoire de biotechnologie américain Genzyme Transgenic qui a conçu une chèvre pour produire un anticoagulant (l’antithrombine III) ou de l’albumine humaine dans son lait.

 

  • La thérapie cellulaire

Outre lesdites techniques de manipulation génétique, les thérapies cellulaires suscitent aussi un intérêt particulier. La thérapie cellulaire consiste à remplacer les cellules d’un tissu altéré par de nouvelles cellules du même patient atteint. « La thérapie cellulaire est née d’une idée simple » [38], écrit Jean-François Mattei.

« Lorsque des cellules sont vieilles ou malades, pourquoi ne pas les remplacer par des cellules jeunes ou normales ? » [39].

On transplante au patient alors une greffe de sa propre moelle osseuse rouge, responsable de l’hématopoïèse. Les résultats sont évidents en hématologie dans le traitement du cancer du sang, contre la maladie de « Crohn », une maladie auto-immune chronique et inflammatoire des intestins. La thérapie cellulaire permet de traiter les patients atteints d’insuffisance cardiaque [40] et est aussi une alternative à la greffe de foie. Que dirions-nous donc des médicaments recombinants?

 

  • Les médicaments recombinants

Les manipulations génétiques correspondent à de « nouvelles technologies qui portent la promesse de nouvelles approches dans la conception de médicaments »,[41] comme les médicaments recombinants qui sont pour l’essentiel des protéines recombinantes et sont produits par des cellules dont l’ADN a été modifié par recombinaison génétique. Après avoir isolé le gène codant pour une protéine bien précise, la recombinaison génétique vise à introduire ce gène dans un organisme hétérologue (bactérie, levure, cellule de mammifère etc.) pour synthétiser la protéine recherchée, c’est-à-dire le médicament recombinant. Aujourd’hui,

« l’ADN recombinant est la clé de voûte de l’attaque menée contre le VIH, d’abord pour analyser le virus et pour combattre son cycle de vie, et maintenant pour créer des vaccins et élaborer des médicaments pour bloquer son action dans la cellule » [42].

Nous pouvons citer aussi par exemple, l’insuline humaine devenue le premier médicament recombinant commercialisé en 1982, qui était à l’époque obtenue à partir du pancréas de porcs ou de bœufs [43]. Que dirions-nous du surprenant potentiel des cellules souches embryonnaires totipotentes grâces auxquelles on serait capable non seulement de fabriquer des cellules pancréatiques, des muscles, des neurones et bien d’autres tissus mais aussi d’espérer guérir les maladies incurables comme les myopathies, la maladie de Parkinson, le diabète insulino-dépendant? Mais les prix politiques et religieux sont trop lourds à payer car prélever des cellules souches à partir des embryons revient à sacrifier une personne potentielle [44]. Cependant les travaux de Shinya Yamanaka sur les cellules souches pluripotentes induites (IPS) ont réussi à contourner ces barrières éthico-religieuses car avec cette découverte, on pouvait se passer des embryons pour prélever les précieuses cellules souches, cellules très prometteuses dans le traitement du cancer [45].

 

 

L’herméneutique de la peur des biotechnologiesDNA Falle 2                                               

Dans les dix dernières années, plusieurs recherches ont été menées pour cerner les raisons qui animent et alimentent les résistances et le regard critique du public vis-à-vis des biotechnologies[46]. L’inquiétude voire une certaine phobie des biotechnologies ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte dès leur début à l’interférence avec la vie, d’abord au sein même de la communauté scientifique puis, de manière souvent excessive, auprès du public. Par exemple, la première phase des recherches biotechnologiques est caractérisée par des précautions minutieuses et de fortes craintes, une inquiétude consacrée par le moratoire de la conférence d’Asilomar en 1975 qui propose une autorégulation en cercle fermé. Mais les peurs liées aux biotechnologies, nourries hier par les scientifiques, laissent aujourd’hui la place à une méfiance accrue dans l’opinion. Pourquoi une telle méfiance? Comment expliquer cette peur voire cette tendance technophobe sans cesse croissante? Est-ce parce que les biotechnologies tiennent le haut de l’affiche tant médiatique que scientifique? Est-ce à cause de la démesure de certaines idéologies et utopies scientifiques? Pourquoi autant de résistances de la part du public à l’égard des biotechnologies? Autant de questions qui se posent à nous dans ce colloque.

L’apaideusia ou l’inculture

La première explication à la défiance du public vis-à-vis des biotechnologies est due à une crise de la connaissance ou à une culture de l’ignorance[47], à un manque de connaissance scientifique de la part de ce public et à des erreurs de communication de la part des scientifiques et des médias. Il est fort déplorable que la confiance entre la communauté scientifique et l’opinion soit rompue à cause d’une opacité qu’on ne saurait nommer. La science est aux yeux du citoyen moyen une bête noire réservée aux initiés. Remédier à cette résistance vis-à-vis des biotechnologies afin d’améliorer les relations entre les biotechnologies et le public revient à informer celui-ci des risques objectifs et des bénéfices attendus, une condition sine qua non pour surmonter cette tendance à la biotechnophobie. Outre cette nouvelle forme d’ignorance nous pouvons dresser la liste des autres raisons qui animent et alimentent cette difficile acceptation des biotechnologies dans la société. Nous pourrons parler entre autres de certains facteurs structurels et culturels.

Les résistances éthico-philosophiques

Les contestations actuelles des biotechnologies sont aussi entretenues par des approches éthico-philosophiques. Ces résistances sont nourries mutatis mutandis par les arguments écologiques qui contestent le droit de l’homme à intervenir sur le vivant. Pour certains, « l’homme devait s’interdire de toucher à la machinerie intime de la cellule vivante»[48]. Ils craignent que la biotechnologie sous toutes ses formes « transforme l’être humain en un objet lui-même »[49]. Ceux-ci mettent en avant une conception fixiste de la biologie pour interdire le droit de manipuler le vivant, de violer les frontières entre les espèces. «Doit-on laisser les chercheurs mettre au point les dernières manipulations qui nous séparent encore de la fabrication humaine»[50], se demandent-ils? Mais l’hubris ou la démesure des idéologies transhumanistes reste la principale raison de la peur des biotechnologies.

 

La démesure et la promesse d’inachèvement

Contrairement à la tradition du fixisme de la nature, les libéralismes scientifique et culturel estiment qu’«une histoire sociale se surimpose à l’évolution biologique»[51]. L’homme, par sa liberté peut se libérer des codes déterminants de la nature et de l’histoire car il est un être en situation. C’est le même son de cloche chez Peter Sloterdijk qui croit que le processus d’hominisation est par essence inachevé. La biotechnologie est une forme de culture qui s’offre à l’homme pour transformer son humanité indéterminée[52]. Pic de la Mirandole n’invite-t-il pas l’homme à «sculpter sa propre statue»[53][]. Que dirons-nous du biologiste Julian Huxley qui croit en la possibilité d’un surhomme nietzschéen qui resterait un homme, mais se transcenderait lui-même en manifestant au grand jour les nouvelles possibilités de sa nature humaine[54] ayant pour credo

« un nouvel homme devenu œuvre de lui-même, l’outil et l’agent de sa propre transformation ».

Tugdual Derville parlant des transhumanistes affirme « [qu’] ils entendent donc fabriquer un humanoïde incassable, éternel et omniscient. Terrible rupture ontologique, reléguant l’humain basique à l’animalité »[55]. Ce rêve de synthétiser la vie n’est pas un phénomène nouveau. Goethe dépeint un pareil projet  pour « améliorer l’œuvre du créateur» et créer «grâce à l’alchimie un petit homme artificiel, Homonculus »[56] où l’homme est « dressé jusqu’à la moelle à la conformité»[57].

La fragilité de la vie, la vulnérabilité, le risque de franchir les limites anthropologiques sont des peurs que suscite l’hubris des biotechnologies. Par exemple, Hans Jonas, dans un texte dédié aux biotechnologies, anticipe dès les années soixante les risques de dérapage vers un eugénisme amélioratif, notamment à propos du clonage appliqué à l’homme[58]. La recombinaison génétique est en effet un moyen pour l’homme d’éliminer le hasard et de prendre le contrôle sur lui-même, en un nouveau rêve de liberté où, pour la première fois, l’homme pourrait se façonner selon ses propres critères. Quelles sont les raisons qui amènent Jonas à s’inquiéter de ces nouvelles possibilités? Il redoute en effet l’ambivalence des effets, une rupture générationnelle et phylogénétique. Loin de conquérir sa liberté par ce moyen, l’homme pourrait y ployer sous un nouveau joug, sous une nécessité d’une nouvelle nature. En croyant se libérer des chaînes de la nature, il semble alors que l’homme ne fasse qu’accomplir un destin comme « en aveugle », celui d’une technique qui ayant commencé par objectiver la nature finit par objectiver l’homme. Et cela pour en faire un produit vendable sur le marché des biens, modifiables et reconfigurable à souhait, et donc aussi éventuellement obsolète. En effet, il ressort que la faible acceptation des biotechnologies dans la société n’est pas liée à la nature de ces dernières mais plutôt à leurs finalités et orientations utopiques. Que faire devant ces peurs suscitées par une présentation et orientation douteuses des biotechnologies ? Comment sortir de ces contradictions ?

 

Conclusion : Pour une éthique des sciencesCubic orange freshness     

Certaines utopies comme le transhumanisme sont en train de mener une protestation ontologique à l’ère des biotechnologies. Ces utopies se proposent de déifier l’homme : eritis sicut deus. Devant l’avenir, l’image et l’orientation que les utopies et les idéologies transhumanistes nous présentent des biotechnologies, que voyons-nous? Des peurs, beaucoup de peurs. Des peurs ou du manque de discernement? Devant ces peurs, que faire? Tout arrêter ou continuer cette noble aventure humaine pour rendre service à l’humanité? Une éducation ou une culture scientifique s’impose donc à l’ère des technologies du vivant[59] pour former les scientifiques et les ingénieurs humanistes[60], car l’une des raisons de la défiance du public vis-à-vis des biotechnologies est due à l’ignorance du citoyen moyen, nous voulons dire à un manque de connaissance scientifique de la part de l’opinion et à des erreurs de communication de la part des scientifiques et des médias. Cette formation transversale aura des thématiques ancrées historiquement et visera in fine à créer les conditions d’une véritable interrogation critique sur la science et ses enjeux contemporains. Les différentes et les mauvaises perceptions des biotechnologies dans la société peuvent changer à condition qu’un pacte de confiance soit établi entre les scientifiques et l’opinion et que le public soit régulièrement informé des risques objectifs et des bénéfices attendus des biotechnologies. L’acceptation publique en sera nécessairement améliorée. La grande inquiétude aujourd’hui ne relève plus du vieil adage d’une « science sans conscience » de Rabelais suivie d’une « ruine de l’âme »[61] mais d’une technoscience réservée aux initiés et fermée au public. L’éthique des sciences est loin de mettre en avant ce positivisme simpliste[62], mais elle est une invitation contre l’inculture. Il est question d’aller contre le paradigme de la fascination qui met l’homme dans une léthargie qui le laisse passif devant une technique active, suivi « d’une irruption d’un vide législatif, un trou dont certains se satisfont néanmoins pleinement »[63]. Cette inculture pourrait enchaîner le public et faire des scientifiques des experts statisticiens des ombres du nombre[64].

En somme, les contradictions que suscitent les biotechnologies sont les résultats de la dissociation de la civilisation contemporaine en deux cultures, la culture traditionnelle particulièrement littéraire et la culture scientifique et technique. Il s’agit de deux formes de vie, de deux façons de se rapporter à la condition humaine et d’être-dans-le monde. Le remède à cette mauvaise représentation de la biotechnologie doit passer par la promotion d’une culture technoscientifique qui consiste en une éducation en éthique des sciences afin que les biotechnologies répondent avant tout à une logique du développement durable, humaniste et d’émancipation[65]. Et c’est ici le rôle des philosophes et des éthiciens qui consiste à mettre en place des comités d’éthique qui, avant de proposer des avis, commenceront par écouter les scientifiques et les industriels qui font face à certains problèmes sans oublier que les scientifiques cherchent souvent à répondre avant tout à une vocation humaniste, de bienfaisance. Enfin, sortir de cet éternel débat d’opposition des biotechnologies appelle une médiation entre la science et la société qui demande un dispositif d’implication citoyen, de consultation, d’information, des conférences citoyennes d’orientation de la recherche et du développement technologique.

 


 

Notes

[1]Il s’agit de la conférence d’Asilomar organisée par Paul Berg et ses collègues en 1975 pour une autorégulation scientifique en cercle fermé des manipulations génétiques. Tout cela a été mieux dit que nous ne saurions le faire par Anne Fagot-Largeault dans Leçon inaugurale, 1er mars 2001, Paris, Collège de France, p.7 et Claude Debru, Le possible et les biotechnologies, Paris, Puf, 2003, p.199.

[2] Bernadette Bensaude-Vincent, L’opinion publique et la science, Paris, La Découverte, 2013.

[3] Gerald Holton, Science and Anti-science, Havard University Press, 145-189

[4] John E. Smith, Biotechnology, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.

[5] Assemblée Générale de la Fédération Européenne de la Biotechnologie, 1989.

[6]Jean Cranney, INRA. Cinquante ans d’un organisme de recherche, Paris, INRA, 1996, p.362, Voir aussi Jean-Claude Pelissolo, La Biotechnologie, demain, Paris, La Documentation Française, 1980.

[7]Robert Bud, The Uses of Life. A History of Biotechnology, Cambridge University Press, 1993. Voir aussi Claude Debru, « Les biotechnologies», in Les Nouvelles thérapies, Paris, Odile Jacob, 2004, p.182.

[8]François Gros, François Jacob, Pierre Royer, Sciences de la vie et société. Rapport présenté à M. le président de la République, Paris, La Documentation Française, 1979, p.4

[9]Georg E. Stahl, Zymotechnia Fundamentalis Oder allgemeine Grund-Erkänntniß der Gährungs-Kunst, Montag, 1734.

[10] Robert Bud, The Uses of Life. A History of Biotechnology, Cambridge University Press, 1993, p.32

[11] Idem, p.35

[12] Ibid., p.69.

[13]Lewis Mumford, Technique et Civilisation, Paris, Le Seuil, 1976.

[14]Ernst Mayr, Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, Paris, Fayard 1989.

[15]Gregor J. Mendel, « Versuche über Pflanzen-Hybriden», Verhandlungen des natur-forschenden Vereines in Brünn, Vol. IV, 1865.

[16]Thomas H. Morgan, «Sex Limited Inheritance in Drosophilia », Science, Vol. 32, p.120-122

[17]Hermann Müller, « Artificial Transmutation of Gene», Science, vol.66, 1927, p.84-87

[18]Oswald T. Avery, C.M. MacLeod, M. Mccarty, «Studies on the Chemical Nature of the Substance Inducing Transformation of Pneumococcal Types. Induction of Transformation by Desoxyribonucleic Acid Fraction Isolated by Pneumococcus Type III», J. Exp. Med., Vol.79, 1944, p.137-158.

[19]James D. Watson, Francis H. Crick, « Genetical Implications of the Structure of Desoxyribonucleic Acid», Nature, Vol.171, 1953, p.964-967.

[20]Jean Rostand, L’Hérédité humaine, Paris, P.U.F., «Que sais-je ?», 1952.

[21]Marshall W. Nirenberg and J. Heinrich Matthaei, « The dependence of cell- free protein synthesis in E. coli upon naturally occurring or synthetic polyribonucleotides», National Institutes of Health, Maryland, 3rd August 1961.

[22] Har Gobing Khorana, Chemical Biology: Selected papers of Har Gobing Khorana, World Scientific Publishing, June 2000.

[23] Henry Harris, Cell fusion, Oxford, Clarendon Press, 1970.

[24] Harold M. Schemeck Jr., « The Promise of Gene Therapy», New York Times, 10 Nov. 1985.

[25]A.G. Schwartz, P.R. Cook, Henry Harris, «Correction of a Genetic Defect in a Mammalian Cell», in Nature new biology, N° 230, March 1971.

[26]James J. Nagle, «Genetic engineering», Bulletin of the atomic scientists, December 1971, p.43-44.

[27] Edward L. Tatum, « A Case history in biological research», Science, N°129, 1959, p.1714

[28]Thierry Magnin, Les nouvelles biotechnologies en questions, Paris, Salvator, 2013

[29]Pierre Lehm, «Vecteurs rétroviraux pour le transfert de gènes dans le tissu hématopoïétique in vivo», Médecine/Science, Paris, 1990, Vol.6, N°8, p.797.

[30]Alain Fischer, Salima Hacein-Bey, Marina Cavazzana-Calvo, «Gene therapy of severe combined immunodeficiencies», Nature Review Immunology, 2002, p.615-621.

[31]M. Cavazzana-Calvo, S. Hacein-Bey, G. de Saint-Basile, F.Gross, E. Yvon, P. Nusbaum, F. Selz, C. Hue, S. Certain, J.L. Casanova, P.Bousso, F.L. Deist, A. Fischer, « Gene therapy of human severe combined immunodeficiency (SCID)-X1 disease», Science, N°288, 669-672, 2000.

[32]Catherine Bachelard-Jobard, L’eugénisme, la science et le droit, Paris, PUF, 2001.

[33]Jean-François Mattei, Questions d’éthiques biomédicales, Paris, Flammarion, 2008, p.348.

[34]Idem, p.348.

[35]Ibid., p.349.

[36]Wilfrid Dieryck, Josée Pagnier, Claude Poyart, Michael C. Marden, Véronique Gruber, Philippe Bournat, Sylvie Baudino, Bertrand Mérot, « Human haemoglobin from transgenic tobacco», Nature, N°386, March 1997.

[37] Joël de Rosnay, 2020, les scénarios du futur, comprendre le monde qui vient, Paris, Fayard, 2008.

[38]Jean-François Mattei, Questions d’éthiques biomédicales, Paris, Flammarion, 2008 p.349.

[39]Idem, p.378.

[40]Mariell Jessup, Barry Greenberg, Donna Mancini, Thomas Cappola, Daniel F. Pauly, Brian Jaski, Alex Yaroshinsky, Krisztina M. Zsebo, Howard Dittrich, Roger J. Hajjar, « Calcium Upregulation by Percutaneous Administration of Gene Therapy in Cardiac Disease (CUPID). A Phase 2 Trial of Intracoronary Gene Therapy of Sarcoplasmic Reticulum Ca2+-ATPase in Patients With Advanced Heart Failure», in Circulation, 27th June 2011.

[41]James Watson, et al. ADN Recombinant, Bruxelles, De Boeck Université, 1994, p.468.

[42]James Watson, et al. ADN Recombinant, Bruxelles, De Boeck Université, 1994, p.505.

[43]Janice Yuwiler, Insulin, Farmington Hills, Lucent Book, 2005.

[44]Anne Fagot-Largeault et Geneviève Delaisi de Parseval, « Qu’est-ce qu’un embryon? Panorama des positions philosophiques actuelles », in Esprit, juin 1989, n°6. Voir aussi Médecine et philosophie Paris, PUF, 2010

[45] K. Takahashi, S. Yamanaka, «Induction of pluripotent stem cells from mouse embryonic and adult fibroblast cultures by defined factors», in Cell, Vol. 126, 25th August 2006, p. 663-676.

[46]Claude Durand, Regard sur les biotechnologies, Paris, L’Harmattan, 2003

[47]Thomas De Koninck, Philosophie de l’éducation pour l’avenir, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2010, p.117.

[48]Anne Fagot-Largeault, « Normativité biologique et normativité sociale», in J.-P. Changeux, Fondements naturels de l’éthique, Paris, Odile Jacob, 1993, p.191.

[49] Jacques Attali, Les Juifs, l’argent, le monde et l’argent, Paris, Fayard, 2002.

[50] François-Noël Gilly, Éthique et génétique, Paris, Ellipses, 2001.

[51] Lucien Sève, Préface à Axel Khan, Et l’homme dans tout ça, Paris, Nil, 2000.

[52]Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain, Trad. Mannoni, Paris, Mille et une nuits, 1999, p.56.

[53]Pic de la Mirandole, Discours sur la dignité de l’homme, cité par Jean Carpentier, Histoire de l’Europe, Paris, Seuil, 1990, p.225.

[54]Julian Huxley, In New Bottles for New Wine, London, 1957, pp. 13-17.

[55]Tugdual Derville, « Transhumanisme : qu’allons-nous faire de nous », in La Croix, 06 Janvier 2012.

[56]Hans Jonas, « Technique, Morale et génie génétique », Trad. de Rémi Brague, in Communio, n°IX, nov.-déc.1984, p.60.

[57]Hans Jonas, Le Principe responsabilité, Trad. Jean Greisch, Paris Cerf, 1990, p.293.

[58]Hans Jonas, Essais philosophiques, Du credo ancien à l’homme technologique, Paris, Vrin, 2013, p.193

[59]Thierry Magnin, Les nouvelles biotechnologies en questions, Paris, Salvator, 2013, p.89

[60]Gaston Berger, «Humanisme et technique», L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF, 1962.

[61]François Rabelais, Pantagruel, VIII, Paris, V.L.Saulnier, p.47

[62] Charles P. Snow, Les deux cultures, Paris, J.-J. Pauvert, 1968

[63] Pascal Robert, L’impensé informatique, Paris, Éditions des Archives Contemporaines, 2012, p.80.

[64]Platon, La République, Livre VII, Trad. É. Chambry, Paris, Les belles Lettres, 2002.

[65] Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958.