La Bible aujourd’hui, création ou évolution, la position équilibrée d’une église évangélique québécoise, exposée par son pasteur: Stéphane Rhéaume

En « surfant » sur le site de l’église chrétienne évangélique St Eustache, j’ai découvert quelques articles décrivant la position de l’église de Bruno Synnott ( membre de notre équipe, pasteur de jeunesse à l’église St Eustache à Montréal (Canada)) concernant les thèmes qui nous préoccupent sur ce blog: la compatibilité entre la foi chrétienne et les découvertes de la science.

Dans une série de petits articles, le pasteur de cette église, Stéphane Rhéaume, nous fait part des convictions des responsables de cette église chrétienne évangélique dans plusieurs domaines. Je ne suis pas mandaté par Bruno pour partager l’enthousiasme ressenti quand j’ai parcouru quelques articles…mais je n’y résiste pas. Si l’ensemble des églises et des pasteurs tenaient les propos de Stéphane Rhéaume, nous aurions « gagné la bataille », tant sur le plan théologique que scientifique.

En plus de traiter de la façon pertinente de comprendre et d’interpréter la Bible aujourd’hui, en particulier les textes fondateurs de la Genèse, toute une série de thèmes sont aussi abordés comme l’Apocalypse, la direction de l’église, l’offrande, le dialogue interconfessionnel…et je m’y suis vraiment retrouvé.

Pour vous donner envie d’aller lire, je me permets de citer quelques extraits:

La Bible

Ni « libérale », ni « fondamentaliste », le pasteur Stéphane Rhéaume qualifie l’approche de la Bible pratiquée dans son église de « conservatrice ». On aime ou pas cet adjectif, ce qui compte, c’est qu’il y a derrière: un respect du contexte historique, littéraire, culturel dans lequel la Bible a écrite, un respect du caractère humain et du caractère divin des Ecritures:

« Il existe différentes manières de lire et d’interpréter les Écritures. Au sein du christianisme, il y a globalement trois écoles de pensée à l’égard de la Bible…libérale, fondamentaliste et conservatrice

 

Pour les théologiens de cette dernière école, la Bible est la Parole de Dieu dans des paroles humaines situées dans un contexte historique précis.

Cette école partage la conviction des « fondamentalistes » concernant l’autorité des Écritures, mais s’en distance au sujet de son interprétation parce qu’elle perçoit mieux le caractère historique de la révélation. Elle s’interdit de juger l’Écriture (comme le fait l’école libérale), mais elle ne se borne pas pour autant à la répéter (à l’image de l’école fondamentaliste). Elle cherche à l’interpréter dans son contexte et à la traduire pour aujourd’hui.

Cette perspective est celle de l’Église chrétienne évangélique de Saint-Eustache dans sa lecture, son interprétation et son application de la Bible. C’est notre conviction, en effet, que les textes des Écritures nous rapportent non seulement la foi et l’expérience d’un peuple ancien, mais aussi, au moyen d’un récipient culturel, la révélation de Dieu lui-même pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux. Nous croyons en la double paternité littéraire des Écritures : la Bible est à la fois parole humaine et parole divine. En tant que parole humaine, la Bible est écrite par des hommes vivant à différentes époques et dans différents milieux, et en tant que parole divine, la Bible est porteuse de révélation divine, nous faisant connaître qui est Dieu et quelle est sa volonté pour l’être humain…

 

Qu’est-ce que tout cela change dans notre lecture de la Bible ?

 

Ce caractère divin et humain de la Bible est important pour l’étude de la Bible. Il nous amène à faire la distinction entre le message théologique des Écritures et le récipient culturel dans lequel il a été transmis. Nous cherchons d’abord à comprendre le sens original d’un texte (c’est le but de l’exégèse) pour ensuite en dégager les principes ou les vérités théologiques qui sont transposables dans le monde actuel (c’est le but de l’interprétation). C’est ici que le principe de la « transposition culturelle » devient important. La transposition culturelle consiste à retraduire pour aujourd’hui et pour notre culture le sens premier des textes bibliques. Il n’est donc pas nécessaire d’appliquer littéralement et directement les Écritures, mais plutôt d’en dégager les principes qui s’appliquent aux croyants de tous les temps et de tous les lieux pour pouvoir les appliquer aux différentes sphères de la vie quotidienne : vie personnelle, familiale, ecclésiale, sociale, etc. (c’est le but de l’application). Nous croyons que le message de la Bible est transposable sous différentes formes dans le monde d’aujourd’hui et applicable dans différents domaines de la vie humaine. »

 

Les conséquences sur une lecture saine de la Genèse sont immédiate:

Création ou évolution: faut-il vraiment choisir?

« Tous les chrétiens s’entendent pour dire que le monde dans lequel nous vivons est le résultat d’un être personnel – que nous appelons Dieu – existant de toute éternité et désirant être en relation avec nous. C’est le message que nous livrent les trois premiers chapitres de la Genèse. On y voit Dieu créer le monde et tout ce qui s’y trouve, incluant l’être humain. Tout y est raconté de façon rythmée et ordonnée.

Cependant, les découvertes de la science semblent nous dire que tout ne se serait pas déroulé comme la Bible le décrit. Qu’en est-il exactement ? Que disent vraiment les textes bibliques ? Faut-il les opposer à la science ?

Nous croyons plutôt que la vraie question est celle-ci : le monde dans lequel nous vivons est-il le résultat du hasard ou d’une pensée intelligente ? Voilà la question la plus importante. À savoir comment Dieu a créé le monde (en six jours de 24 heures ou sur des millions d’années) est somme toute secondaire. La réponse à cette question n’affecte aucunement notre foi. Que Dieu ait créé le monde sur un laps de temps très court ou très long n’ajoute ou ne retranche rien à la foi chrétienne. Malheureusement, il est tentant de se préoccuper davantage de la mécanique des choses plutôt que du sens des choses…

La lecture littéraire gagne de plus en plus d’adeptes parmi nos dirigeants et adhérents..

La lecture littéraire : le récit de la création rapporterait bel et bien des faits historiques (difficilement repérables dans le temps, cependant), mais sous une forme imagée ou symbolique. Les événements de la Genèse se seraient réellement produits, mais pas nécessairement littéralement comme cela est écrit. La création du premier couple, la présence d’un tentateur, l’apparition d’une première désobéissance, la rupture entre Dieu et l’être humain, etc. seraient racontées à l’aide de symboles significatifs présents au Proche-Orient Ancien (l’image du serpent, de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, etc.). Les textes de la Genèse formeraient donc un récit littéraire savamment construit où la création divine est racontée de façon rythmée et ordonnée et s’opposeraient  aux autres récits cosmogoniques en circulation à l’époque. Cette lecture cherche surtout à faire ressortir les grandes vérités théologiques des textes. Si la lecture existentielle est une lecture théologique non-historique (le récit de la création n’aurait aucun  fondement historique), la lecture littéraire est une lecture théologique supra-historique (un lien quelconque à l’histoire est maintenu, mais sans nécessairement chercher à situer les événements de la Genèse dans l’espace-temps). »

Merci cher Stéphane pour cette explication brillante, courageuse et en avance sur son temps, en particulier en ce qui concerne le contexte évangélique québécois!