Après les articles de Paul Gosselin publiés par Blogdei en faveur du créationnisme de la jeune terre, Paul Ohlott, du site actu-Chrétienne.net partage ses réflexions à propos du caractère scientifique du créationnisme.

 

Je réagis parce que ces deux sites, fréquentés par la communauté évangélique et au-delà, façonnent une certaine image de notre communauté sur le net.

 

Cet article est une association d’amalgames et de raccourcis, et il donne tristement le sentiment que les croyants comme les non croyants n’auraient que deux choix possibles : une interprétation littérale des textes bibliques ou bien les découvertes de la science.

 

Tout d’abord, que signifie le mot « créationnisme »? Ce n’est pas simplement croire que l’univers a été créé par Dieu. Pour Paul Ohlott, créationniste = fixiste, c’est-à-dire opposé à l’évolution des espèces et aux origines biologiques évolutives de l’homme.

 

Il faut toutefois souligner que l’on peut tout à la fois croire dans l’activité divine de la création et croire que l’évolution est le moyen choisi par Dieu pour créer. L’évolution n’est donc pas une alternative logique à la notion de création.

 

En citant différents auteurs, Paul Ohlott souligne à juste titre que le christianisme a joué un rôle important dans le développement et l’histoire des sciences.

 

« Ce qu’on oublie, c’est que le terreau de sciences fut la conception biblique d’une création et que celles-ci n’ont été florissantes que là oùla Réformeprit racine en Europe. Les présuppositions qui furent à la base de l’approche scientifique du monde  – à savoir que l’univers créé est réel, compréhensible, qu’il forme un tout et qu’il peut être soumis à l’investigation – vinrent dela Bible. »

 

Il dénonce aussi avec raison le « scientisme », ou matérialisme philosophique prétendant s’appuyer sur la science

 

«Science et Dieu sont-ils mutuellement exclusifs ? Combien de personnes le pensent aujourd’hui ! Et les athées encouragent ce point de vue en affirmant que leur manière de penser est ‘’scientifique’’. Mais dire cela, c’est tout simplement redéfinir la science pour se passer de Dieu. »

 

Il cite aussi Thomas Lepeltier :

 

« En sa qualité d’historien et de philosophe des sciences, Thomas Lepeltier rappelle que si cette thèse était vraie, tous les grands savants du 17ème, du 18ème et du 19ème siècle «ne pourraient pas être considérés comme des scientifiques, parce qu’ils étaient créationnistes». Que faut-il donc penser, par exemple, de John Ray, de Carl Linné, de Georges Cuvier et de Louis Agassiz ? Ces créationnistes ne sont-ils pas des scientifiques ? »

 

Bien entendu, Linné, Cuvier et Agassiz étaient des hommes de leur temps et puisqu’ils ont développé leur théorie avant Darwin, et avant que les découvertes de la génétique, de la biogéographie, de l’embryologie, de la paléontologie ne viennent toutes confirmer les écrits de Darwin à propos de la macroévolution, il est ridicule de faire comme si ces hommes de science avaient pu juger de la pertinence de la théorie de l’évolution.

 

Nous ne sommes pas aujourd’hui dans la même situation que ces hommes, et nous disposons de suffisamment de preuves pour affirmer que l’évolution a bel et bien eu lieu, sauf à croire que Dieu nous a joué une farce en faisant raconter à la nature une histoire qui n’a jamais eu lieu !

 

Paul Ohlott souligne à juste titre que le fixisme et le créationnisme anti-évolution ne sont pas nés avec la théorie de Darwin

 

« Le rapport du Conseil de l’Europe (1), mentionné dans le prologue, affirme que le créationnisme «est né de la négation de l’évolution des espèces par la sélection naturelle». Autrement dit, les différentes formes du créationnisme seraient apparues en réaction à la publication, le 29 novembre 1859, de «L’origine des espèces» de Charles Darwin. Or, si les mouvements créationnistes se sont indubitablement et considérablement développés dans l’ère post-darwinienne, le créationnisme n’a pas attendu la publication du naturaliste anglais pour exister »

 

Ce n’est pourtant pas l’origine historique du fixisme qui doit être le critère selon lequel les chrétiens devraient rejeter ou non l’évolution ! Les vraies questions à se poser sont celles de la validité des preuves qui soutiennent l’évolution, et la compatibilité de ce mode de création avec les enseignements bibliques. La conviction d’un nombre croissant de théologiens et de scientifiques authentiquement chrétiens est que l’évolution est un fait et qu’elle n’est pas contradictoire avecla Bible.

 

Malheureusement, beaucoup d’internautes bien intentionnés croient aujourd’hui rendre service à la communauté évangélique en s’exprimant à propos de sujets qu’ils ne maîtrisent pas. C’est regrettable et nuisible à la propagation de l’évangile.