Article 6 sur un total de 14 pour la série :

Lettre à un ami athée


Cher Ami,

 

 La fois passée, j’avais terminé mes réflexions sur une interrogation : « En quoi la morale chrétienne se distingue-t-elle de la morale athée, puisque leur contenu est globalement semblable ? » Et de fait, quand on lit les six derniers commandements des deux tables de la loi données à Moïse, ils définissent une morale que l’on pourrait qualifier d’universelle… et universellement admise !

 

 Comme je l’ai dit, cette morale Jésus l’a résumée en un principe : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Mais il faut savoir qu’il l’a déclaré semblable à un premier principe : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée ! »… Qu’est-ce que Dieu vient faire là-dedans ? pourrait-on se demander. Et de fait, nous quittons ici le domaine strictement moral pour pénétrer dans une dimension spirituelle : ce qu’aucun athée n’aura le mauvais goût de reprocher à un croyant, puisque rien ne l’oblige à le suivre !

 

 Mais qu’il me soit tout de même permis d’insister sur le fait que – par définition – c’est en cela que la morale chrétienne va se distinguer de la morale athée. Dans la logique de la foi chrétienne, en effet, on ne peut aimer Dieu sans se réconcilier avec lui. Or, se réconcilier avec Dieu, c’est se réconcilier avec soi-même : c’est donc s’aimer soi-même. Et enfin : s’aimer soi-même, c’est devenir capable d’aimer les autres…

 

 N’importe quel psychologue athée sera d’accord avec le dernier point. Ce qui fait la spécificité de la foi chrétienne, ce sont donc les deux premiers, qui apparaissent dès lors comme la clef donnant accès à la mise en œuvre de la morale universelle définie plus haut… Mais attention ! Ne me fais pas dire ce que je ne veux pas dire : à savoir que les croyants seraient les seuls à être capables de vivre « moralement »… Ou encore, comme certains chrétiens le disent – ou le pensent – : que la morale chrétienne confronterait l’homme à des valeurs supérieures à celles de la morale athée… Non ! Ce que je crois, par contre, c’est que le chrétien peut puiser dans sa relation avec Dieu les forces et les vertus qui lui font défaut pour se conformer à la morale qu’il a adoptée, alors que l’athée est – en quelque sorte – « condamné » à trouver ces forces et ces vertus en lui-même.

 

 Il est vrai que c’est, pour beaucoup, un sujet de gloire que de n’avoir point à recourir à Dieu pour cela ! Qu’il me soit pourtant permis de rappeler l’aphorisme populaire – et quelque peu trivial – qui affirme que « La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a ! » C’est donc sans fausse pudeur et sans état d’âme – sinon l’humilité et la reconnaissance – que le chrétien lucide recourt à Dieu pour combler ses nombreuses lacunes en ce domaine.

 

 En d’autres mots : c’est dans la qualité de sa relation avec Dieu que le croyant va trouver les moyens d’améliorer la qualité de sa relation avec les autres… Il le devrait, en tout cas ! Mais c’est loin d’être toujours le cas, et donc, d’être évident pour les non croyants qui le regardent vivre. C’est – entre autres – pour cela que les chrétiens doivent des excuses aux athées et aux agnostiques. Je ne manquerai pas de le faire dans mon prochain courrier !

 

A bientôt !

R.L.


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