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Les récits traditionnels de déluge chez de nombreux peuples


L’un des arguments favoris des « créationnistes » (au sens le plus fréquent de ce terme, c’est à partisans d’une terre jeune de 6000 environ) en ce qui concerne l’universalité du déluge de Noé est l’existence de récits de déluge dans la mythologie de nombreux peuples. C’est un fait, on retrouve les traces de tels récits sur la planète entière, avec parfois des points communs troublants, mais aussi de grandes différences d’un récit à l’autre.  Est-ce un argument suffisant pour prouver qu’un déluge planétaire a bien eu lieu ? Ce n’est pas l’avis de nombreux spécialistes, des chrétiens convaincus eux aussi !

 

Voici par exemple ce qu’en dit Denis Lamoureux, dans Evolutionary Creation

 

« La découverte de plus de 300 histoires de déluge réparties sur toute la planète nous permet d’éclaircir l’origine ultime du récit biblique du déluge. Il est important de remarquer que beaucoup apparaissent sur les berges de fleuves ou de rivières importantes qui sortent régulièrement de leur lit (Tigre, Euphrate, Mississippi), dans des régions soumises à des inondations très rapides (les côtes ouest montagneuses de l’Amérique du Sud et du Nord), et dans des endroits souvent dévastés par des tsunamis (Asie du sud est et les îles du Pacifique). Dans la compréhension d’une perspective ancienne, il n’est donc pas étonnant que de tels épisodes traumatisant aient produit des récits de déluges destructeurs dans ces endroits. De la même façon que beaucoup de cultures anciennes croyaient que les dieux/Dieu leur envoyaient des boules de feu pendant les orages, les inondations catastrophiques étaient aussi associées à la colère divine… »

 

« On sait aujourd’hui que vers 14 000 avant J.C., par suite de glaciation de larges zones de la terre, le niveau de la mer était plus bas qu’aujourd’hui d’environ 110 mdans la région du Golfe Persique et que ce dernier était en grande partie à sec jusqu’au nord-est de Doubaï. Mais le niveau remonta avec la fonte des glaciers et peu après 4000 avant J.C., le niveau actuel était atteint. Là-dessus, le 4ème millénaire fut très pluvieux et le niveau de la mer dépassa temporairement de quelques mètres le niveau actuel. La montée de l’eau et d’abondantes pluies durent alors entraîner de sévères inondations qui restèrent dans la mémoire des hommes et dont le souvenir se cristallisa en une seule et terrible catastrophe. Et puisqu’on était là pour s’en souvenir, c’est que certains y avaient échappé. De là à décrire en grand ce qui s’était passé en s’inspirant de la façon dont on avait peut-être échappé soit même à quelque inondation locale, il n’y avait qu’un pas. » ( Source : La création et le déluge, éditions du Cerf)

 

« Vu de cette façon, l’impact psychologique des débordements de l’Euphrate et du Tigre, détruisant les villes et les villages avoisinant est très certainement la source derrière les récits mésopotamiens de déluge. Les archéologues ont mis à jour plusieurs dépôts importants de limon, entrecoupant des couches montrant l’occupation humaine, indiquant la disparition complète de communautés à différents moments de l’histoire. Pour n’en mentionner que quelques unes, des couches sédimentaires ont été retrouvées à Ur (12 piedsd’épaisseur), à Ninive (6), à Uruk (5), à Shurrupak ( 2), Kish (1) et Lagash (1). La date de ces dépôts s’étale entre 3500 et 2600 avant J.C. Ce n’est donc pas une coïncidence si les histoires mésopotamiennes de déluge se situent à l’extrémité sud du Tigre et de l’Euphrate, parce que ces régions sont très exposées aux inondations. Le héros de l’épopée sumérienne d’Atrahasis, et les récits de Gilgamesh viennent de Shurrupak, une ville entre les deux rivières. Il y a probablement eu un ou plusieurs individu(s) qui a/ont sauvé leur famille et des animaux sur un bateau ou une barge, et au travers du temps, son/leur histoire ont été inclut dans la vision mésopotamienne de l’histoire…à suivre » (Denis Lamoureux)

 

 

 

 

 

 


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