La foi chrétienne donne un certains nombres de réponses à nos questions les plus profondes. « Kant  disait qu’il y a trois grandes questions qui déterminent notre existence : Pourquoi suis-je sur cette Terre ? Que dois-je faire ? Que puis-je espérer ? ». Merci à David Vincent pour cette citation, allez lire sa série d’articles). Pourtant, les chrétiens reconnaissent que certains mystères de la foi résistent à une analyse purement rationnelle, et que la Bible nous appelle parfois à accepter des réalités qui nous paraissent contradictoires, ou au moins incompréhensibles. Les exemples les plus fréquents sont: l’origine du mal, l’omniscience de Dieu et le libre arbitre de l’homme, la trinité…

Alister McGrath en parle très bien

Il y a toujours un danger quand nous disons : »Je ne peux pas comprendre ceci, donc c’est faux. », en pensant que cela démontre l’irrationalité de l’idée alors qu’en fait, cela ne fait que souligner les limites de notre raison. L’imagination humaine est si importante, parce qu’elle compense les limites de la raison; elle nous avertit contre le fait de supposer que la réalité est seulement ce que nous voyons ou comprenons. Parler de Dieu comme d’un « mystère », c’est reconnaître que nous avons été attiré par quelque chose ou quelqu’un de plus grand que nous, nous incitant à étendre, plutôt qu’à limiter l’horizon de notre conscience. (Faith and the creeds p. 55)

La réaction de certains septiques face à cet apparent « aveu de faiblesse » des chrétiens à propos des mystères de la foi est précisément  d’y voir  la démonstration de son irrationalité. Les chrétiens reconnaissent humblement qu’ils n’ont pas réponse à tout, mais que leur foi a répondu aux grandes questions de la vie, et qu’ils considèrent que c’est un appel divin que de chercher à comprendre toujours mieux Dieu et le monde qui nous entoure.

La pensée positiviste remise au goût du jour par le « nouvel athéisme »,  ou plutôt servie comme un plat réchauffé laissé au congélateur depuis le 19ème siècle, oppose souvent la démarche scientifique à la démarche de la foi. La première nous conduisant sur le terrain objectif de la « réalité », la deuxième étant le parfait exemple de la plus pure subjectivité.

Cette opinion simpliste résiste-t-elle à une analyse plus fine, en particulier au comportement de la matière tel que décrit par la mécanique quantique?

Si vous ignorez tout de cette discipline fascinante née au début du 20ème siècle, il existe sur internet quelques vidéos qui vous permettront sans pratiquement aucune équation de vous faire une idée de ce monde étrange qui est le notre quand on l’observe à l’échelle des atomes et des particules élémentaires.

Allez par exemple regarder cette conférence grand public de Serge Haroche, prix Nobel français (2012) de Physique dans le domaine (les 35 premières minutes vous donneront déjà quelques idées!)

Le bon sens commun est complètement mis à mal quand il faut traiter une particule quantique A LA FOIS comme une onde et comme une particule.

Un autre chercheur français très connu, Alain Aspect explique ici comment la mécanique quantique nous permet mathématiquement de décrire le phénomène, mais reconnaît lui même qu’il existe un mystère fondamental à ce comportement qu’il n’arrive pas à « expliquer rationnellement » .

C’est aussi ce que reconnaissait  Richard Feynman (  l’un des physicien américain des plus brillants, prix Nobel lui aussi) dans son cours de physique mondialement connu

« Quelqu’un demandera encore: » Comment cela fonctionne-t-il? Quelle est la machinerie derrière cette loi physique? » Personne n’a trouvé la machinerie derrière la loi. Personne ne peut l' »expliquer ». Personne ne vous donnera une compréhension plus profonde de la situation. Nous n’avons aucune idée d’un quelconque mécanisme duquel on pourrait déduire ces résultats.

Si donc la science  reconnaît qu’elle tient pour « vraie » une théorie réconciliant des aspects complètement contradictoires dont elle ignore tout du mécanisme, n’est-il pas ironique que certains s’appuient sur la démarche scientifique pour dénoncer le caractère transcendant des mystères de la foi ?

P.S.: merci à « Yogi » pour son inspiration dans la rédaction de cette petite réflexion.

 

 

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