Les médias ont récemment relayé une déclaration du Pape François, en affirmant que

«Le Big Bang, que nous pensons être à l’origine du monde, n’annule pas l’intervention d’un créateur divin. L’évolution dans la nature n’est pas contradictoire avec la notion de création car l’évolution nécessite la création d’êtres qui évoluent…Quand nous lisons le récit de la Création dans la Genèse, a-t-il relevé, nous risquons de prendre Dieu pour un magicien, brandissant sa baguette magique. Mais ce n’est pas ainsi».

Source: article du Figaro

Le Pape Jean Paul II et Benoît XVI avaient déjà fait des déclarations dans le même sens

« En 1996, Jean-Paul II affirme que l’évolution est « plus qu’une hypothèse ». Il précise toutefois :

« Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne. »

… même pour Benoît XVI !

Son successeur prend, lui aussi, soin de rejeter le créationnisme, impasse intellectuelle, ainsi que le paradigme qui se sert de l’évolution pour refuser la vision chrétienne de l’homme. Dès son élection, en 2005, Benoît XVI précise sa pensée lors de sa première homélie :

« Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est d’abord le fruit d’une pensée de Dieu. »

Pour lui, le monde provient bien d’un processus d’évolution, mais issu de Dieu. Ce qui est assez logique de la part de l’évêque de Rome. La même année, le chef astronome du Vatican, le Père George Coyne, dénonce le « dessein intelligent », concept né du créationnisme : « Il fait de Dieu un simple ingénieur. » »

Source: La vie

Les rationalistes voient dans cette reconnaissance du Big Bang et de l’évolution une menace pour la foi.

« On ne peut pas ignorer ou minimiser l’impact dévastateur que peut avoir sur les piliers fondamentaux des religions occidentales une telle reconnaissance de la supériorité des lois de la nature. Qu’adviendrait-il alors de la pratique religieuse de base : la prière ? Comme l’a dit Ambrose Bierce, avec humour, cela consisterait à “demander que les lois de l’univers soient annulées sur simple prière d’un individu ». »

Source: Nouvel Obs

Quelles que soient les sources, les évangéliques sont pointés du doigt comme ceux qui refusent en grande majorité de reconnaître les évidences, sur la base d’une lecture littérale de certains textes.

  • « Les Églises évangéliques étiquetées « congrégations anti-scientifiques » doivent donc être examinées à la lumière de ce principe doctrinal, source de leur idéologie du déni et leur inaptitude à relever d’importants défis académiques et scientifiques. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’elles se sont évertuées à fabriquer des discours et des institutions scientifiques parallèles : académies et musées créationnistes, voire même journaux scientifiques « peer-reviewed » évangéliques. » Source: Nouvel Obs
  • « Le débat entre créationnistes et évolutionnistes fait davantage rage chez les protestants que chez les catholiques. » Source: article du Figaro
  • « Le débat entre créationnisme, croyance issue de la lecture littérale de la Bible, et évolutionnisme se déplaça ensuite aux Etats-Unis, et devint un pilier identitaire des protestants évangéliques. Cela l’est encore aujourd’hui : près de 42 % des Américains adhèrent au créationnisme, dont les trois-quarts des pasteurs protestants. » Source: La vie

Et si les critiques dirigées contre la grande majorité des évangéliques en la matière étaient fondées?

Et si  l’historien évangélique Marc Noll auteur du livre qui a fait du « bruit »  « The scandal of the evangelical mind ». (« le scandale de l’intelligence évangélique ») avait vu clair?

 » La principale accusation que l’on peut faire au mouvement fondamentaliste, et en particulier au dispensationnalisme qui a fourni les interprétations les plus systématiques de la Bible aux fondamentalistes et aux évangéliques les plus récents, c’est sa stérilité intellectuelle. Lors de son processus d’accouchement, la communauté évangélique n’a pour ainsi dire fourni aucune explication sur le fonctionnement du monde naturel soumis à Dieu, à propos du fonctionnement des sociétés humaines, pourquoi les hommes agissent comme ils le font, ou bien ce qui constitue les bénédictions et les dangers de la culture.

Les fondamentalistes et leurs descendants ne manquaient certainement pas de convictions profondes sur ces sujets—des convictions d’ailleurs appuyées par des versets bibliques. Certaines de ces convictions étaient tout à fait justes. Pourtant ces croyances manquaient cruellement d’une connaissance profonde du monde créé dans lequel on les appliquait. Le résultat fut une théologie qui ne pouvait servir de guide pour une vie intellectuelle plus large. Il n’y a pour ainsi dire aucune philosophie fondamentaliste, aucune histoire des sciences fondamentaliste, aucune esthétique fondamentaliste, aucune critique littéraire fondamentaliste, et aucune sociologie fondamentaliste. Ou tout au moins, il n’y en pas eu qui ait accordé  suffisamment d’attention à la façon dont Dieu a créé le monde et a placé l’homme sur cette planète. Et parce que les évangéliques ont largement conservé la mentalité du fondamentalisme quand il s’agit d’observer le monde, bien qu’ils se soient souvent distanciés de certains traits caractéristiques du fondamentalisme, la moisson évangélique en terme de vie intellectuelle a aussi été très maigre… »

extrait d’un article déjà paru sur ce blog