Article 2 sur un total de 4 pour la série :

Le Mal Naturel ♥♥♥


 

Pour en savoir plus sur l’auteur de cet article, vous pouvez vous reporter à cette page.

Comme invité sur ce blog, les propos de Michel Salamolard  n’engagent pas Science & Foi. Nous avons précisé « ce que nous croyons » dans cette rubrique.

 


 

En réponse aux questions cruciales, difficiles posées par le mal qui nous vient de la nature, les humains ont conçu différentes explications. Voyons ce qu’il en est dans les cultures qui ne se réfèrent pas à la Bible.

 

Le plan

Impossible évidemment d’être exhaustif dans le cadre du présent article. On se contentera donc d’un coup de sonde en deux univers culturels :

(I) Celui de l’Antiquité, dans la mesure où il a exercé et exerce encore aujourd’hui une influence notable ;

(II) celui de notre modernité occidentale, dans la mesure où elle rejette les théories traditionnelles, judéo-chrétiennes ou non, pour tenter une approche inédite.

Dans chacun de ces cas, les réponses comportent deux volets :

(A) Une EXPLICATION de l’origine du « mal naturel » ;

(B) Un ART DE VIVRE pour se protéger de ce mal et échapper à son emprise.

 


 

I. L’ANTIQUITÉ

A. D’où vient le « mal naturel »

Je reproduis ci-dessous le résumé publié, pp. 32-33, dans mon ouvrage  Pour en finir avec le péché originel ? Je souligne (en capitales) quelques formules pour faciliter une première lecture rapide.

« L’idée d’un ÂGE D’OR PRIMORDIAL, SUIVI D’UN DÉSORDRE COSMIQUE sous forme de mal moral et de mal physique, à cause d’une révolte ou d’une désobéissance humaine se trouve aussi bien dans les mythologies grecque et romaine que dans l’Égypte ancienne ou dans la tradition thai du Laos. Ces mythes expliquent que LE MONDE OÙ NOUS VIVONS, AVEC LE MAL ET LA MORT, N’ÉTAIT PAS TEL À L’ORIGINE. Ils attribuent aussi À L’HOMME LA RESPONSABILITÉ DU DÉSORDRE ACTUEL.

Dans le poème babylonien (akkadien) de la création, Enuma elish, du 12ème siècle avant Jésus-Christ, l’homme, n’est pas, à sa naissance un être innocent et pur. Dans ses veines coule le sang d’un dieu coupable et condamné. C’est un sang vicié qui charrie le péché et la mort. L’homme, en définitive, assume le châtiment d’un crime qu’il n’a pas commis.  Une certaine analogie avec le « péché originel », dont nous hériterions sans faute de notre part, semble évidente.

Autre analogie, qu’il ne faut pas forcer, mais pas ignorer non plus : la CHUTE DES ÂMES DANS DES CORPS MORTELS, comme dans une prison. La théorie vient de Platon, mais imprègne aussi le néo-platonisme qui ne fut pas sans influencer saint Augustin.

Enfin, le MYTHE DU DÉLUGE est présent en bien des cultures, comme punition divine épargnant seulement une ou quelques personnes, germes d’une humanité renouvelée.

Ce qui est sous-jacent à l’ensemble de ces théories est le sentiment que nous vivons dans un MONDE IMPARFAIT, DÉCHU, différent de ce qu’il était à l’origine, et que nous serions responsables de cela, d’une manière ou d’une autre.

On trouve aussi dans l’Égypte ancienne la conviction que l’homme est responsable de ses actes, dont il devra rendre compte dans l’au-delà : jugement des morts, pesée des âmes. La même intuition de fond, celle d’une rétribution après la mort, se trouve aussi chez Platon. Dans la tradition asiatique (hindouisme et bouddhisme), c’est encore le même sentiment de responsabilité qui est véhiculé par la DOCTRINE DU KARMA ET CELLE DES RÉINCARNATIONS.

De ce point de vue, pratiquement toutes les cultures proposent une explication du fait que l’homme est imparfait, capable de faire le bien mais aussi le mal, et qu’il doit en assumer les conséquences. Toutes les législations, écrites ou coutumières, témoignent également de la nécessaire régulation des comportements humains, y compris par la répression et la punition des transgressions. Rappelons simplement, à titre d’exemple, le fameux « code d’Hammourabi » (18ème siècle avant J.-C.). »

 

S’il fallait dégager de tout cela quelques traits majeurs, que notre conscience moderne ne renierait sans doute pas, je propose de noter les éléments suivants.

1 QUELQUE CHOSE NE SEMBLE PAS NORMAL DANS NOS RAPPORTS AVEC L’UNIVERS. LE RÉEL, TEL QU’IL EXISTE, CONTREDIT EN PARTIE LE MONDE IDÉAL DONT NOUS RÊVONS. Dès lors, une question se pose. D’où vient que nous ayons cette intuition ou ce rêve d’un monde idéal ?

2 L’UNIVERS ÉTANT CRÉÉ EST FORCÉMENT CONTINGENT, IMPARFAIT. Pour Platon, il n’est qu’un pâle reflet du monde des Idées.

3 D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE, NOTRE RESPONSABILITÉ SEMBLE ENGAGÉE FACE AUX MALHEURS QUI NOUS VIENNENT DE LA NATURE. Serions-nous responsables de l’origine même du mal, coupables de quelque chose ? Serions-nous plutôt responsables de combattre un mal naturel qui ne dépend pas de nous, mais que nous avons le pouvoir (peut-être ?) de vaincre ?

 

B. Comment combattre le « mal naturel » et échapper à son emprise ?

Les principales réponses dans l’Antiquité sont les suivantes, non exclusives les unes des autres. Les unes concernent avant tout la conduite de notre vie avant la mort :

1 La CONNAISSANCE DE LA NATURE ET LE DÉVELOPPEMENT TECHNIQUE : astronomie, mathématiques, observation de la nature, médecine, agriculture, entraide, ingénierie en tous genres, etc.

2 Le FATALISME. Même les dieux, dans l’Antiquité sont censés obéir aux décisions d’un destin aussi puissant qu’impénétrable. A fortiori en va-t-il de même des humains. Les stoïciens en ont tiré leur principe : SUPPORTE ce que tu ne peux changer et ABSTIENS-TOI de désirer en vain quoi que ce soit.

3 Le RADICALISME BOUDDHISTE. Tout est souffrance. La racine de toute souffrance est notre attachement (aux biens, à la vie, à soi-même). Le salut consiste à nous libérer de tout attachement, de tout désir.

4 Le CULTE RELIGIEUX pour obtenir la protection de la divinité censée détenir de plus puissants pouvoirs que nous.

5 La CONNAISSANCE PHILOSOPHIQUE qui élève au-dessus des nécessités et des contingences naturelles. Platon, Socrate…

6 Une VIE MORALEMENT BONNE, qui procure un certain bonheur terrestre et un sort meilleur dans l’au-delà (voir point suivant). Si notre condition inférieure ou pénible en cette vie résulte de nos péchés, de notre mauvais karma, d’une chute de notre âme dans le tombeau de notre corps (Platon), assumer notre condition de façon vertueuse offre un chemin de rachat, de rédemption…

Toutes ces réponses se heurtent néanmoins durement au MAL NATUREL ULTIME, LA MORT. Une nouvelle question surgit alors. Une autre vie, la vraie vie peut-être ne nous attend-elle pas APRÈS LA MORT ? CETTE INVENTION OU DÉCOUVERTE OU INTUITION D’UN AU-DELÀ EST TOUT À FAIT STUPÉFIANTE.

En effet, l’attitude pragmatique, apparemment la plus raisonnable, celle qu’on pourrait attendre du bon sens, consiste au contraire à chercher notre bonheur en cette vie, à profiter au maximum de nos quelques années terrestres. Pratiquement d’ailleurs, c’est bien cette attitude-là que la plupart des humains ont adopté et adoptent encore. Le Ciel, l’Au-delà ne serait dans ce cas qu’une consolation de pacotille pour les plus misérables d’entre nous, un opium pour les « damnés de la terre ».

Or, les « GRANDS TÉMOINS DE L’AU-DELÀ », DANS L’ANTIQUITÉ, ne sont pas de condition modeste, bien au contraire :

  • Siddhartha Gautama, futur BOUDDHA, aurait été prince. Il abandonne tout pour prendre le chemin du détachement menant au nirvana.
  • Les PHARAONS comptaient bien accéder à une vie immortelle. L’embaumement de leur corps, les grandioses pyramides en témoignent, ainsi que le Livre des morts égyptien.
  • PLATON est un aristocrate, riche, doué, une célébrité de son temps. Après la mort, selon lui, les âmes bonnes quittent le tombeau de leur corps et s’en vont, après jugement, dans un monde meilleur. Les mauvaises descendent dans le Tartare expier leurs fautes. Platon imagine même une sorte de purgatoire pour les âmes ni bonnes ni mauvaises (cf. Gorgias, La République)…

 

II. LA MODERNITÉ OCCIDENTALE

Dans notre monde façonné par la science et par la technique, par la sécularisation, par l’influence affaiblie des religions, les explications traditionnelles, évoquées plus haut, n’ont pas perdu toute pertinence. Elles survivent ou revivent sous différentes formes, parfois étonnantes. Pensons à l’attrait de la réincarnation et de la théorie du karma, par exemple, que de nombreux Occidentaux adoptent comme une chance, une espérance, alors que la tradition bouddhiste originelle considère cela comme un malheur et aspire à échapper à la « roue » des réincarnations.

Quelles sont donc les TENDANCES DOMINANTES, EN OCCIDENT, FACE AU « MAL NATUREL » ?

 

A. D’où vient le « mal naturel »

Aujourd’hui, dans la culture dominante, LA QUESTION DE L’ORIGINE DU MAL NATUREL BRILLE PAR SON ABSENCE. Cette question, qui taraudait si fort nos prédécesseurs, n’en est plus une. Sans origine ni destinée transcendantes, notre univers désenchanté est réduit à lui-même. La connaissance scientifique de la nature absorbe toutes nos énergies. La métaphysique, la spiritualité, la question de Dieu et la question de l’âme sont laissées aux bons soins des tréfonds intimes de chaque individu. Telle est du moins la tendance « culturellement correcte ».

Comme la question ne se pose plus, aucune réponse évidemment n’émerge dans les soubresauts de nos débats d’idées, entièrement voués à la politique, à l’économie, à la technique, à la littérature romanesque.

IL NE RESTE FINALEMENT QUE LES CROYANTS, LES CHRÉTIENS SURTOUT, POUR S’INDIGNER OU SE RÉVOLTER DEVANT LA MORT D’UN ÊTRE CHER OU DEVANT LES RAVAGES CAUSÉS PAR UNE TORNADE.

COMMENT D’AUTRES POURRAIENT-ILS SE RÉVOLTER S’ILS N’ONT AUCUNE DIVINITÉ À QUI DEMANDER COMPTE DE NOS MALHEURS NATURELS ?

CELA NE SIGNIFIE PAS QUE CES AUTRES NE SOUFFRENT PAS CRUELLEMENT DU MAL NATUREL. MAIS LEUR INDIGNATION OU LEUR RÉVOLTE NE PEUT QUE SE TOURNER VERS DE POSSIBLES RESPONSABLES HUMAINS : « Que fait le gouvernement ? Qui est pénalement responsable ? Qui indemnisera les victimes ou les survivants ? »

Comment réagir autrement dès lors qu’on ne peut évidemment intenter un procès ni à la nature irresponsable ni à un dieu inexistant ?

Quant aux « bleus de l’âme », à nos blessures provenant du décès d’un être cher, de notre rejet de tout accès de ces derniers à un au-delà meilleur – ces bleus impossibles à nier –, beaucoup comptent sur leur psychiatre, leur psychanalyste ou les « cellules psychologiques » en cas de malheur pour les rendre supportables.

À moins que des « mages », des médiums et autres charlatans ne vendent leurs services.

 

B. Comment combattre le « mal naturel » et échapper à son emprise ?

En revanche, nous ne manquons pas de réponses à la seconde question posée par l’existence du « mal naturel ». Comment le prévenir et le combattre ? Comment domestiquer la nature ? Comment triompher des maladies, des catastrophes naturelles ? Comment en finir avec la mort ?

Toutes nos énergies semblent investies à ce niveau-là. Tout notre argent. Toutes nos ressources politiques, institutionnelles, intellectuelles et pratiques.

Cela est impressionnant et, en soi, fait honneur à notre civilisation, à notre esprit et même à notre solidarité.

Mais l’oubli d’une réflexion de fond, sur l’origine et le sens de l’univers, risque aussi de nous enfermer dans quelques illusions, qui seront signalées ci-après.

Examinons trois stratégies, qui prédominent ou émergent aujourd’hui face au « mal naturel ».

 

1 TOUT LE BONHEUR ICI ET MAINTENANT
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La première stratégie est la plus commune. Et aussi la plus compréhensible. Tout le bonheur possible, ici et maintenant ! En quoi consiste ce bonheur ? La réponse se trouve dans nos horoscopes : santé, richesse, gratifications amoureuses, succès social. Le plus possible de tout cela ! Tous recherchent ces éléments de bonheur. Rien de plus normal ni de plus stimulant.

CETTE COURSE AU BIEN-ÊTRE SE HEURTE POURTANT À TROIS LIMITES qui se renforcent :

1 Notre DÉSIR vise toujours plus. Il ne dit jamais : « Assez ». Dans n’importe quel domaine, à peine un objectif est-il atteint qu’un autre se profile. Nous voulons un bonheur en croissance. Et en croissance sans fin. L’insatisfaction est dès lors programmée. Jamais nous n’aurons tout et la mort nous privera de tout ce que nous aurons pu acquérir ou conquérir.

2 Dans cette course au bien-être, la RIVALITÉ est inévitable entre nous. Avec les tensions et les frustrations qu’elle engendre, voire les coups bas et les violences.

3 Dans notre système économique et financier, LA RÉPARTITION DES RICHESSES EST INÉGALITAIRE. La richesse, avec ce qu’elle permet d’obtenir, tend à se concentrer entre les mains d’une minorité. Les 10% les plus riches de notre planète possèdent, dit-on, plus de 80% de la richesse mondiale.

Devant ces limites, UNE AUTRE DIMENSION DU BONHEUR ÉMERGE DANS LA CONSCIENCE DE BEAUCOUP, FAITE DE GÉNÉROSITÉ, D’ENGAGEMENT POUR PLUS DE JUSTICE, DE PARTAGE.

PRATIQUER CES VALEURS-LÀ ET CES VERTUS PROCURE UN AUTHENTIQUE BONHEUR : une plus grande liberté intérieure, la paix du cœur, l’estime de soi, la joie de se sentir utile et de faire son métier d’homme.

Beaucoup le savent d’expérience, L’ALTRUISME ET LA GÉNÉROSITÉ CONSTITUENT SANS DOUTE LA PART LA PLUS CENTRALE DU BONHEUR ICI ET MAINENANT.

C’EST VRAI POUR TOUS.

LES CROYANTS anticipent de cette manière un bonheur dont ils croient qu’il sera un jour, au-delà de la mort, surabondant et indestructible.

CEUX QUI NE CROIENT PAS À UNE VIE APRÈS LA MORT prouvent, en poursuivant ce même bonheur ici-bas, que l’engagement désintéressé pour autrui est à lui-même sa propre et immédiate récompense. (Voir à ce propos, en annexe finale à cette série de quatre articles, la note sur la notion de « gène égoïste ».)

 

2 AUGMENTER L’HOMME
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« Cœur artificiel, implants cérébraux ou encore œil bionique… La fusion entre la technologie et le corps donne lieu à de nombreux questionnements. C’est la combinaison des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’informatique et des sciences cognitives (les NBIC) qui nous donne aujourd’hui la possibilité de « RÉPARER » LES CAPACITÉS HUMAINES, MAIS AUSSI DE LES AMÉLIORER. Le débat se trouve justement à la frontière de ces deux notions. Alors, où en est-on ? VERS OÙ VA-T-ON ? QUELLE EST LA LIMITE ? […]

La Chine développerait un programme de séquençage génétique permettant de SÉLECTIONNER, DÈS LE STADE EMBRYONNAIRE, LES ENFANTS AU POTENTIEL INTELLECTUEL LE PLUS PROMETTEUR. »

(Extraits d’un article publié sur le site Humanoïdes.fr : https://humanoides.fr/homme-augmente-fantasme-devient-realite/ Je souligne)

Le projet dit de l’Homme augmenté ou projet transhumaniste est-il un RÊVE MOBILISATEUR ET PHILANTHROPIQUE ou bien, au contraire, une FOLIE DESTRUCTRICE POUR L’HUMANITÉ ? Ou encore un mélange des deux ? Dans ce dernier cas, COMMENT DISCERNER ENTRE RÊVE ET FOLIE ?

La réponse à cette dernière question dépend entièrement de la réponse à une question préalable. QUE VEUT-ON « AUGMENTER » DANS L’ÊTRE HUMAIN ? « Réparer » et « améliorer » quelles « capacités humaines » ? Les réponses peuvent aller dans deux directions fondamentalement divergentes :

1 On augmentera au maximum LES SEULES CAPACITÉS PHYSIQUES ET INTELLECTUELLES, sans se préoccuper de viser une amélioration morale. Dans ce cas, on risque bien de produire des monstres dotés de compétences destructrices décuplées. À moins qu’on espère, évidemment sans garantie, que devenant plus intelligents, les humains augmentés se guériront forcément des erreurs et des vices qui les habitent aujourd’hui.

2 Ce sont avant tout LES COMPÉTENCES MORALES qu’il importe d’améliorer. Celles dont nous rêvons déjà maintenant : l’altruisme, le partage, la justice, le respect, la solidarité. Mais cela est-il possible ? Un tel projet ne se heurte-t-il pas à un obstacle infranchissable : la liberté de conscience, le libre-arbitre ? Ou alors, n’est-ce pas justement cela, cette liberté individuelle de décréter sans entrave ce qui est bien et ce qui est mal, qu’il importe de liquider ? L’établissement du « meilleur des mondes » n’exige-t-il pas la production et la sélection d’individus INCAPABLES DE MAL AGIR, parce que programmés en ce sens et, pour cela, privés de cette liberté dont nous ne connaissons que trop les dérives et les abus possibles ? Qui décidera de tout cela ? Qui produira ? Qui sélectionnera ? Qui pourra se payer les « augmentations » qu’il souhaite ? Que deviendront les autres ?

Remarquons, par anticipation, l’analogie (et la différence radicale), entre le projet HOMME AUGMENTÉ et la visée de la révélation chrétienne : HOMME DIVINISÉ. Ce sera pour le dernier article de cette série.

 

3 VAINCRE LA MORT
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« A plusieurs milliers de kilomètres, en Russie, un milliardaire excentrique a lancé le projet « 2045 ». Son objectif ? TRANSFÉRER SA CONSCIENCE DANS UN CORPS HOLOGRAPHIQUE D’ICI VINGT ANS, AFIN DE VIVRE ÉTERNELLEMENT ET S’AFFRANCHIR DE SES LIMITES PHYSIQUES. Partout à travers le monde se développent des projets prometteurs, inquiétants ou extravagants qui dessinent peut-être notre futur. »

(Autre extrait de l’article ci-dessus. Je souligne.)

Vieillir en bonne santé, empêcher carrément le vieillissement, vivre longtemps, très longtemps, pourquoi pas toujours, décider de mourir si je veux, quand je veux, comme je veux… Ces rêves ou ces projets ne font que traduire UN DES PLUS ÉTONNANTS DÉSIRS QUE LES HUMAINS ONT RESSENTIS DEPUIS TOUJOURS : VAINCRE LA MORT.

Étonnant, pourquoi ? Parce qu’il contredit l’expérience universelle, sans exception, de la mort d’autrui, et la certitude jamais démentie que je mourrai aussi. D’où est venue à l’être humain l’intuition d’une autre vie après la mort ? Comment s’est-elle maintenue, sans preuve aucune ?

L’HYPOTHÈSE D’UNE SIMPLE ILLUSION CONSOLATRICE NE TIENT PAS. La meilleure preuve en est que nombre de modernes agnostiques et athées la rejettent comme telle. MAIS ils la TRANSFORMENT DU MÊME COUP EN RÊVE D’UNE VIE TERRESTRE INDÉFINIMENT PROLONGÉE.

LE DÉSIR D’IMMORTALITÉ N’EST DE CE FAIT NULLEMENT ÉTOUFFÉ, MAIS RAMENÉ DE L’AU-DELÀ DANS L’ICI-BAS.

LA GRANDE NOUVEAUTÉ CONSISTE À CONFIER LA RÉALISATION DE CE RÊVE À LA SCIENCE ET À LA TECHNIQUE.

Avant d’énumérer les questions que ce nouveau rêve nous pose, on ne peut que SE RÉJOUIR DU COMMUN DÉSIR D’IMMORTALITÉ DE TOUS LES HUMAINS, quelle que soit la façon dont ils envisagent ce qu’est l’immortalité. Ce désir témoigne d’une espérance ou d’une volonté qu’aucun animal n’éprouve. C’est une de plus belles signatures de notre commune humanité.

Mais les QUESTIONS POSÉES PAR LE RÊVE MODERNE DE VICTOIRE SUR LA MORT ne peuvent être éludées.

  • Qui pourra bénéficier des traitements coûteux visant à prolonger la vie humaine ?
  • Que deviendront les autres ?
  • Comment les jeunes prendront-ils leur place dans un monde de plus en plus saturé, par hypothèse, de vieillards en bonne santé ?
  • Ces derniers, âgés mettons de deux-cents ou de mille ans, pourront-ils choisir ou non de mourir ?
  • Faudra-t-il les euthanasier à leur demande ou sans leur consentement ?
  • Ou encore, notre planète sera-t-elle remplie de « corps holographiques » dotés d’une conscience artificielle, pour reprendre l’exemple ci-dessus ?
  • Quelle autre planète que la Terre pourrait-elle servir de refuge aux éventuelles populations surnuméraires qu’une supposée « immortalité pour tous » ne manquerait pas d’engendrer dans le futur si le rêve, ou le cauchemar, devenait réalité ?
  • Et, last but not least, les sommes astronomiques exigées par les recherches pour « vaincre la mort » au bénéfice des plus riches ne seront-elles pas un vol pur et simple de ce qui est dû actuellement aux plus pauvres, surtout dans le tiers monde, pour simplement avoir accès à l’eau, à la nourriture, aux soins élémentaires de santé ? Une violation de plus des droits humains ?

Laissons ces questions à la méditation de chacune et de chacun.

 

 


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