Article 2 sur un total de 3 pour la série :

La géographie cosmologique mésopotamienne dans la Bible


L’article d’aujourd’hui a été rédigé par Brian Godawa. Brian Godawa est le scénariste de « Pour finir toutes les guerres » et d’autres longs métrages. Il a écrit et dirigé différents documentaires sur les relations entre l’église et l’état, sur la recherche sur les cellules souches et sur la politique de l’éducation supérieure. Il est l’auteur des Conceptions Hollywoodiennes : Regarder des films avec sagesse et discernement (InterVarsity Press) et des Images de la Parole : Connaître Dieu par le récit et l’imagination (InterVarsity Press). Il parle aux E.U. aux églises, aux lycées et aux universités sur les films, les conceptions du monde et la foi. Son blog cinématographique se trouve à l’adresse www.hollywoodworldviews.com.

Article paru sur le blog de la fondation BioLogos ici.

« …Je pensais aussi que la meilleure interprétation de la Bible consistait en une lecture « évidente » du texte. C’est-à-dire toute interprétation vers un sens figuratif, symbolique, allégorique ou métaphorique non garanti était pour moi une interprétation fallacieuse. Je ne parle pas ici des figures de langage allégoriques ou figurées comme les paraboles  ou bien des expressions clairement poétiques comme les montagnes qui chantent et frappent des mains (Es 55 :12). Pour moi, lorsque la Bible parlait de l’ordre physique et des événements au ciel et sur la terre, la Bible voulait dire simplement ce qu’on y lisait parce que le Créateur du cosmos savait mieux qui quiconque ce qui s’y passait effectivement.

Mais mes présupposés ont commencé à être sérieusement mis en question. Premièrement, alors que j’étudiais la culture hébreu ancienne ainsi que celle de ces voisins au Proche Orient, j’ai commencé à réaliser comment une lecture « évidente » du texte pour moi était très différente d’une « lecture évidente » pour eux.5 L’esprit des hébreux anciens était marqué par des symboles, des idées et un langage différents des miens. Si je lis une phrase telle que «le soleil, la lune et les étoiles », ma compréhension culturelle occidentale, profondément influencée par la science matérialiste, post-Galilée, post-lumières me poussait à lire de telles références en terme de corps physiques de matière, de gaz, et de gravité s’exerçant sur des années lumières au sein de l’espace temps. Quand les Israélites utilisaient cette expression, ils avaient à l’esprit des images de marqueurs du temps et de signes (Gen 1 :14), et des objets plus personnels comme des dieux païens (Deut 4 :19), ou des êtres célestes (1 Rois 22 :19), des leaders symboliques importants (Gen 37 :9), ou la chute de puissances de gouvernement (Esaïe 13 :10) 6

Lorsqu’un Juif ancien entendait des mots comme léviathan ou mer, il pensait aussitôt à un monde chaotique sans la loi de Yahweh, et à la création de l’alliance de Yahweh à partir du chaos.7 Alors que pour moi, entendre ces mots me faisait penser à un poisson monstrueux nageant dans l’océan- ou peut-être Moby Dick- mais premièrement à l’existence physique et matérielle de ces objets. Il est maintenant facile de réaliser que ma « lecture évidente » du texte au travers de ma vision occidentale moderne pouvait complètement passer à coté de la véritable signification que l’Ecriture pouvait avoir pour un ancien Israélite. Ma soit disante « lecture évidente » était de façon ironique le fruit d’un regard nourri des préjugés de ma propre culture sur un texte vieux de milliers d’années, à des milliers de kilomètres, et à des milliers de motifs culturels. 8 Il nous faut chercher la “lecture évidente” de l’auteur ancien et de ses auditeurs, et de cette façon, nous pouvons être « comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité. » (2 Timothée 2:15)

Quelque chose d’autre avait toujours été comme un caillou dans la chaussure de mon esprit, et il s’agissait de l’affaire Galilée. Ce sera l’objet de mon prochain article.

 

Notes

4. Genesis and the Big Bang: The Discovery Of Harmony Between Modern Science And The Bible by Gerald Schroeder (Bantam, 1990)

5. John H. Walton, Ancient Near Eastern Thought and the Old Testament: Introducing the Conceptual World of the Hebrew Bible (Grand Rapids, MI: Baker, 2006).

6. K. van der Toorn, Bob Becking and Pieter Willem van der Horst, Dictionary of Deities and Demons in the Bible DDD, 2nd extensively rev. ed., 429 (Leiden; Boston; Grand Rapids, Mich.: Brill; Eerdmans, 1999), 429.

7. Brian Godawa, “Biblical Creation and Storytelling: Cosmogony, Combat and Covenant,” The BioLogos Foundation.

8. Othmar Keel: The Symbolism of the Biblical World (Eisenbrauns)

 


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