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La Bible est-elle "exacte" en matière d'histoire?


Après avoir réalisé que la Bible avait été écrite avec une compréhension ancienne du cosmos que Dieu n’avait pas cherchée à modifier dans le processus d’inspiration, j’ai réalisé qu’il en était de même pour l’histoire contenue dans les récits bibliques. Dans un langage théologique, j’ai renoncé au présupposé du concordisme scientifique et historique.

C’est une démarche difficile pour quiconque a été éduqué dans une culture théologique qui ne se pose aucune question (ou très peu) à propos du rapport des textes bibliques à l’histoire. Pour l’immense majorité des évangéliques, Dieu pourrait presque être accusé de nous « mentir » si on réalisait qu’il nous parle au travers d’un texte qui ne décrit pas de façon « fidèle » ce qui s’est vraiment passé.La Bible perdrait sa fiabilité. Le croyant désemparé serait amené à faire lui-même le tri entre ce qui est « vrai » et ce qui ne l’est pas.

Cette façon de penser ne fait aucune nuance entre les différents modes de rédaction des livres bibliques, entre l’A.T. et le N.T. Les historiens, les archéologues et les exégètes n’ont rien à nous apporter pour éclairer le caractère historique des textes. Ceux qui tiennent compte des travaux de la « critique biblique » sont accusés de se placer au dessus des Ecritures et de la Révélation divine, de placer la raison et la science en arbitre, voire en juge des textes inspirés. Bref, de savoir les choses mieux que Dieu lui-même.

Cette façon d’aborder les textes est devenue intenable, et il est temps que le monde évangélique le réalise, s’il veut garder le contact avec la réalité et une pertinence spirituelle et intellectuelle pour notre génération.

Le défi qui se présente à notre communauté est clairement celui de savoir si nous serons capables d’effectuer une mutation vers un équilibre délicat mais indispensable à trouver. D’un côté ne pas tomber dans le libéralisme théologique et la rationalisation excessive des textes, et d’un autre une réelle ouverture en ce qui concerne les progrès des sciences bibliques et autres. Accepter qu’il demeure des questions ouvertes, des débats par exemple sur la façon dont le Pentateuque a été rédigé…

Nous sommes si fiers de notre culture théologique évangélique et nous pensons que nous avons tant à apporter aux autres branches du christianisme que nous méprisons parfois. Aurons-nous l’humilité de réaliser que d’autres, ailleurs, ont davantage et mieux réfléchi à ces questions que nous ?

C’est mon souhait. Le monde évangélique se caractérise par un dynamisme spirituel incontestable mais parfois aussi par une pauvreté dans la réflexion. Nous devons apprendre à marcher sur nos deux jambes !

Un ami évangélique m’a dit un jour en plaisantant, « les réformés, c’est un organisme avec une grosse tête et un tout petit corps. ». J’ai parfois envie de retourner la boutade…

Je reprends les propos de J.L. Ska en ce qui concerne les défis des rapports entre histoire et Bible, quelque soit d’ailleurs la branche du christianisme à laquelle ont appartient :

« Traditionnellement, la Bible se présente comme un livre d’histoire ou d’histoires avec un début, un long développement et une fin. Le début de l’histoire coïncide avec la création du monde et la fin avec la prédication de l’évangile dans l’Empire romain du 1er siècle après J.C. On pourrait même aller jusqu’à dire que, dans les derniers chapitres de l’Apocalypse,la Bible décrit de manière anticipée la fin ultime de toute histoire : la fin du monde. En clair,la Bible contient l’histoire du monde du début à la fin. L’histoire est partielle et fragmentaire, elle ne prétend en aucun cas être exhaustive ; elle cherche plutôt à dire l’essentiel sur notre monde ; elle affirme savoir comment il s’est constitué, pourquoi il existe, quelle est la vocation de l’humanité dans l’univers et comment prendra fin cet univers que nous connaissons. L’histoire racontée dans la Bible, c’est l’histoire de notre monde, et c’est notre histoire. Tout particulièrement la Bible raconte comment l’humanité a longuement cherché le salut qui lui a finalement été offert en Jésus-Christ.

Pendant des siècles, ces affirmations n’ont créé aucune difficulté, spécialement au sein du Christianisme. Aujourd’hui, par contre, depuis l’apparition de l’esprit critique, les choses sont bien différentes, et il est devenu nécessaire de se demander quel est le lien entre l’ »histoire racontée par la Bible » et l’ »histoire réelle ». Il s’agit donc d’établir avec plus de précision si l’ »histoire » racontée par la Bible est fiable ou non. »

Les énigmes du passé

A suivre…


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