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Science & Foi à Grand Rapids 2015 ♥♥♥


 

La première plénière de la conférence ECF (Evolution & Christian Faith) a été apporté par Scot McKnight, professeur de Nouveau Testament au Northern Seminary à Lombard, Illinois. Il a beaucoup écrit sur la spiritualité chrétienne et sur le Jésus historique. Il a écrit une cinquantaine de livres, y compris le populaire The Jesus Creed, qui a remporté un prix de Christianity Today en 2004. Vous pouvez le suivre sur son blog Jésus Creed.

Son allocution a tourné autour de la compréhension de la figure d’Adam qu’avaient les Juifs du second temple. Il a voulu montré que s’il ne faisait aucun doute que les différents auteurs juifs de la période intertestamentaires croyaient en un Adam historique (ou « biographique » comme il disait), cet Adam prenait à chaque fois la couleur particulière qui reflétait les intentions théologiques poursuivies par le rédacteur.

L’intérêt de l’allocution de McKnight sur l’Adam historique résidait en ce qu’il complétait la présentation de John Walton, spécialiste de l’Ancien Testament. Il serait utile d’en glisser un mot au lecteur, puisque McKnight s’est référé au plus récent livre de John Walton, The Lost World d’Adam & Eve, afin de clarifier le sens parfois « collectif », parfois « individuel » du mot « Adam » dans l’AT. Walton dit :

« Ces chapitres n’ont pas seulement pour but de donner des informations biographiques sur un homme nommé Adam… Lorsque le générique est utilisé, le texte parle des êtres humains en tant qu’espèce. Lorsque l’article défini est utilisé, le référent est alors un individu servant comme un représentant humain. Cette représentation pourrait être soit comme un archétype (tous sont énoncés dans l’un et comptés comme ayant participé à des actes de celui-là) ou comme un représentant fédéral (dans laquelle Dieu élit un individu au nom du reste). Dans les deux cas, le rôle de représentant est plus important que l’individu. C’est seulement dans les cas où le mot est indéfini et utilisé dans le contexte comme un substitut pour un nom personnel qu’il serait lié à l’individu en tant que personne historique. »

Pour savoir si Adam – disons celui dans Romains 5: 12-21 – est un particulier ou un archétype, Walton propose que nous posions cette question :

 « Afin de déterminer si le traitement d’Adam dans le texte se concentre sur lui principalement comme un archétype ou comme un individu, nous pouvons poser une question simple: est-ce que le texte veut décrire quelque chose qui est uniquement vrai d’Adam, ou est-ce quelque chose qui est vrai de nous tous? ».

Pour revenir à l’allocution de McKnight, son propos consistait à apporter des éclaircissements concernant la notion d’Adam dans le contexte Juif du second temple, ce qui était bien sûr le contexte immédiat dans lequel l’apôtre Paul a écrit ses épîtres. Cette incursion dans la culture littéraire du temps de Paul est cruciale si nous voulons comprendre l’apôtre dans son contexte culturel à lui. Paul a parlé d’Adam d’une manière qui faisait sens pour ses contemporains juifs et romains. Il importe, dit McKnight, d’enseigner aux étudiants la sensibilité au contexte culturel; cela est essentiel à leur formation spirituelle, de sorte qu’on ne leur apprend pas quelque chose de contraire aux prétentions scientifiques et théologiques, ce qui pourrait éventuellement remettre leur foi en question.

Étonnamment dit McKnight, il semble que la figure d’Adam était assez ambiguë dans la littérature juive du temps de Paul. C’est pour cela que McKnight a intitulé sa conférence : « Est-ce que le vrai Adam pourrait bien se lever ? ». Pour lui, une esquisse rapide d’Adam dans les sources juives entre les deux testaments montre qu’Adam ressemblait étonnamment à une «figure de cire ». Autrement dit, pour les auteurs Juifs du temps de Paul, Adam pouvait entrer dans plusieurs catégories : historique, biographique, l’archétypal, ou littéraire.

McKnight a donné plusieurs exemples tirés des livres apocryphes inter-testamentaires : la Sagesse de Salomon, le livre de Jubilée, 4 Esdras. Dans la Sagesse de Salomon, dit McKnight, Adam est dépeint comme immortel. En fait, seule son âme est immortelle; son corps lui est mortel. Cet Adam est tout pétri de la littérature de sagesse; suivre les prescriptions de la Torah l’aurait préservé de la mort. Dans le livre de Jubilée, l’auteur est principalement préoccupé par l’observance de la Torah. Il impose sa propre théologie au récit de Genèse 2-3. Dans 4 Esdras, Adam est dépeint comme le prototype de la liberté de choix. La mort entre dans le monde par lui et atteint tous ses descendants, puisque tout le monde se trouve impliqué dans son choix.

Chaque auteur a ainsi utilisé « Adam » selon leurs propres objectifs, chacun poursuivant un agenda théologique plus ou moins différents. Sans nier l’aspect biographique ou historique de Romain 5, implicite chez tous les auteurs Juifs de son temps, McKnight pense que Paul s’intéresse davantage au côté littéraire et archétypal de la figure d’Adam.

Bruno Synnott


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