Article 6 sur un total de 7 pour la série :

Discussion à propos de "De la génétique à Dieu" de Francis Collins ♥♥♥


 

Voilà un petit moment que nous avions refermé le livre de Francis Collins, cet éminent scientifique chrétien, Directeur du programme pour le décodage du génome humain et qui nous instruit sur les moyens de vivre la foi et la science en harmonie. Il est temps d’en reprendre la lecture…

 

 Résumé – 3b/4

PARTIE III : La foi en la science, la foi en Dieu

Après l’introduction résumée dans l’article précédent qui montre comment la lecture littérale des premiers chapitres de la Genèse nous écarte d’une vue compatible entre bible et science comme Galilée en fit jadis les désormais célèbres frais, l’auteur désire explorer les différentes voies qui s’offrent à nous dans le cadre de cette réflexion.

Qu’il s’agisse de foi ou de science, il appartient à chacun de trouver la position qu’il juge(ra) la meilleure concernant la question cruciale portant sur le sens de la vie.

Quatre options sont proposées au lecteur, dont voici les 3 premières :

 Option 1 : Athéisme et agnosticisme

(Lorsque la science fait mieux que la foi)

L’Atheisme s’avère parfois violent dans ses revendications comme le démontre par exemple l’anecdote du procès intenté à la NASA en 1968 par une athée militante, au prétexte que les astronautes en orbite autour de la terre exprimèrent leur subjugation en citant un verset de la Bible.

La lutte entre d’un côté, les extrémistes religieux et de l’autre des scientifiques athées engagés, ne fait qu’accroitre les tensions entre ces 2 mondes.

Pour ajouter au trouble, certaines conclusions fallacieuses sont proclamées avec vigueur par des chefs de file tels que Dawkins ou Dennett qui affirment à qui veut l’entendre « que l’acceptation de l’évolution en biologie exige l’acceptation de l’athéisme en théologie« .

Tout portant à montrer que la quête universelle de Dieu est impérieuse, comment expliquer que certains manifestent une telle confiance aux thèses athées ?
L’auteur propose alors un parcours historique pour tenter de répondre à la question qui démarre au XVIIIe siècle avec l’avènement des lumières et la montée du matérialisme.

Il souligne combien la théorie de l’évolution joua un rôle important pour prétexter un combat vindicatif contre la foi.

Alister Mc Graph, biologiste moléculaire et théologien consacrera d’ailleurs un ouvrage (Le DIeu de Dawkins, les gènes, les mèmes et le sens de la vie) pour montrer l’illogisme patent des démonstrations de Dawkins. L’auteur nous en partage alors la teneur (que je ne détaillerai pas dans ce résumé).

Nous constatons par ailleurs que la vision de Dawkins ne fait pas l’unanimité dans le milieu. Le célèbre Jay Gould, un des plus grands vulgarisateurs de la théorie de l’évolution invite ses collègues au sens de la mesure : « La science ne peut procéder qu’à partir d’explications naturalistes; elle ne peut ni confirmer, ni infirmer d’autres genres d’acteurs (tels que Dieu) se trouvant dans d’autre domaines (le domaine de la morale par exemple). »

 Et Collins de conclure : « Ainsi toute personne se réclamant de l’école athée doit-elle pour défendre cette position, trouver une autre assise. L’évolution elle ne le permet pas. »

 L’agnosticisme, pour sa part affirme que l’existence de Dieu ne saurait être accessible.
On peut distinguer l’agnosticisme fort qui proclame une impossibilité absolue pour l’homme d’accéder à la connaissance de l’existence de Dieu, du faible qui pense cette méconnaissance temporaire ou comme un état de réflexion personnelle qui ne trouve pas de conviction ou de réponse satisfaisante au « problème » de Dieu.

Cette position peut parfois s’apparenter à une échappatoire, car « pour pouvoir se réclamer de l’agnosticisme, on devrait préalablement procéder à un examen complet de tous les éléments de preuve, aussi bien favorables que défavorables, relatifs à l’existence de Dieu.[…] Admirerions-nous une personne affirmant que l’âge de l’univers n’est pas connaissable alors qu’elle n’aurait pas pris le temps  de considérer tous les éléments de preuves lui étant relatifs ? »

 Option 2 : Le créationnisme

(Lorsque la foi fait mieux que la science)

Le généticien croyant, regrette tout d’abord que ce mot renferme désormais une idéologie étriquée alors que tout théiste devrait s’y reconnaitre.

Il poursuit en évoquant le mouvement le plus strict du créationnisme dit « Créationnisme de la jeune terre » qui interprète les 6 jours de la création de la Genèse comme 6 jours de 24 heures et spécule que la terre aurait moins de 10 000 ans.

Si un principe de microévolution au sein des espèces reste acceptable, les partisans de ces thèses – dont une des grandes figures reste Henry Morris fondateur de l’institut de recherche sur la Création aux Etats-Unis – cristallisent leurs explications du monde fossile en particulier autour d’un seul évènement catastrophique : le déluge universel.

Cette manière de penser la création est très rependue dans le milieux évangéliques même si elle se heurte à de nombreuses aberrations scientifiques. L’auteur souligne alors certains subterfuges utilisés pour défendre ces thèses : (fausses informations sur les chaînons manquants,  erreur de compréhension de la deuxième loi  de la thermodynamique, remise en cause des principes de datation, cohabitation de l’homme avec les dinosaures, ignorance des preuves de l »évolution dans les traces de l’ADN non codant).

Ainsi le créationnisme rentre en conflit ouvert avec les découvertes de la science moderne et tend à vouloir imposer son point de vue théologique sur des questions scientifiques.

L’incompatibilité est telle que l’acceptation de ces déclarations « conduirait à un effondrement complet et irréversible de la physique, de la chimie, de la cosmologie, de la géologie et de la biologie ».

L’auteur reconnait « le sérieux de la foi » des croyants désireux de protéger la Bible,  pourtant « les interprétations ultralittérales de la Genèse ne sont pas nécessaires« .
Car de nombreuses lectures allégoriques de la Genèse ont été faites par l’église au cours des siècles précédents bien avant l’avènement de la théorie darwinienne.

Pour Saint Augustin par exemple « Les premiers chapitres de la Genèse ressemblaient davantage à un texte empli de moralité qu’à un récit de témoin oculaire portant sur les nouvelles du soir« .

Une question de responsabilité se pose avec l’approche créationniste conflictuelle : « Dieu est-il honoré ou déshonoré par ceux qui souhaiteraient que son peuple ignore les conclusions scientifiques rigoureuses relatives à Sa création ? La foi en un Dieu d’amour peut-elle être échafaudée sur un tissu de mensonges énoncés à propos de la nature ? »

Car il se pose un cas de conscience important pour qui ayant connaissance des faits scientifiques modernes s’entêterait à vouloir démontrer la réalité d’un univers récent.

Ainsi pour expliquer les étoiles situés à des années lumière et dont la lumière nous parvient déjà, il faut user d’explication telle qu’un Dieu ayant propulsé les photons jusqu’à la terre en un instant. dans le même état d’esprit, la désintégration radioactive aurait été truquée par Dieu pour mettre l’homme à l’épreuve de sa foi (choisir entre les apparences du visible et la vérité scientifique de la bible !) l’apparence d’un génome ayant évolué sur des millions d’années serait également créé ainsi par Dieu pour mettre à l’épreuve les humains !…

Cette description d’un Dieu falsificateur est-il à l’image du Dieu de la Bible ?

Ainsi le Créationnisme de la terre jeune, ne pose pas seulement des problèmes de compatibilité avec la science moderne mais également de sérieux problèmes théologiques.

Quels dégâts va causer un tel enseignement auprès des enfants enseignés de la sorte n’ayant pas d’autre de choix que de rejeter la science au profit de la foi ou la foi au profit de la science ?

Francis Collins en appelle alors à la raison :

Se réclamant des mêmes mouvements religieux (évangéliques) il plaide pour une remise en cause du fondement erroné sur lesquelles s’appuient néanmoins de vraies questions : comment défendre l’amour de Dieu pour le monde qu’il a créé lui-même ?

 Option 3 : l’Intelligent Design

(Lorsque la science requiert une assistance divine)

L’auteur commence par rappeler l’effervescence médiatique suscitée par le procès de Dover en 2005 aux Etats-Unis où les protagonistes de cette théorie tentèrent de l’imposer comme un enseignement scientifique scolaire au même rang que la théorie de l’évolution.

 Qu’est-ce que L’intelligent Design (ID) ?

Le dessein intelligent (en français) fut fondé par Phillip E Johnson, un chrétien Professeur de Droit à l’université de Californie.

Il s’agit d’expliquer la façon dont la vie serait apparue sur terre et le rôle que Dieu pourrait jouer à cet effet. Ses arguments furent complétés par certains scientifiques chrétiens pour s’articuler selon 3 propositions :

Proposition N°1 : « l’évolution promeut une vision du monde athée et doit être combattue par tout croyant »
Ceci implique un fondement non scientifique pour une théorie qui veut pourtant se montrer sous ces traits.

Proposition n°2 : « l’évolution est fondamentalement approximative et discutable car elle ne peut rendre compte de la complexité de la nature. »
La complexité de certains organismes tels que l’œil humain ne semblent guère être compatible avec une évolution progressive découlant de la sélection naturelle.

Proposition n°3 : « si l’évolution ne peut expliquer la complexité irréductible, c’est alors qu’un concepteur intelligent doit avoir été impliqué dans le processus d’une manière ou d’une autre, intervenant durant l’évolution pour produire les composants qui lui étaient nécessaires. »

La théorie qui se veut scientifique, n’évoquera cependant pas le nom de Dieu pour ledit concepteur.

Les objections à l’Intelligent Design.

En introduisant l’action de Dieu au sein du processus évolutif, bon nombre de chrétiens pourraient être tentés par les arguments de cette approche.

Il faut toutefois reconnaitre qu’il est impossible de qualifier l’ID de théorie scientifique :

« Une théorie scientifique viable se doit de faire des prédictions et de suggérer différentes approches permettant d’opérer de nouvelles vérifications expérimentales. »

L’idée que l’existence d’entités biologiques complexes requiert forcément l’intervention de forces surnaturelles mène à une impasse scientifique, comment en effet pourrions-nous vérifier cette théorie ?

De plus, les avancées de la recherche ces dernières années nous permettent d’expliquer de mieux en mieux l’évolution de composants qualifiés « d’irréductiblement complexes »  par l’ID, comme la coagulation sanguine de l’homme, le flagelle bactérien ou encore l’œil humain. Nous trouvons de plus en plus d’explications purement scientifiques là où l’Intelligent Design avait attribué un rôle à ces forces surnaturelles.

Théologiquement, l’approche de l’intelligent design s’inscrit dans la tradition des religions du « Dieu bouche-trou ». Diverses cultures ont en effet tenté d’attribuer à Dieu une variété de phénomènes naturels que la science de l’époque n’était pas en mesure de résoudre, comme les éclipses de soleil par exemple.

En outre on comprend mal la toute-puissance d’un Dieu créateur devant intervenir à intervalles réguliers afin de réparer les déficiences de son propre plan initial.

Comprenant la sincérité des croyants trouvant là un argument pour se dissocier de l’athéisme qui colle souvent à la théorie de Darwin, l’auteur averti de la fragilité de l’ID dont la croyance peut s’avérer dangereuse pour la foi car se reposant essentiellement sur les lacunes passagères de la connaissance scientifique.

Quelle issue alors sur le chemin de l’harmonie science et foi ?

C’est ce qui nous attend au prochain épisode….


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